Il n'est pas exclu que de nouvelles sanctions soient prises, notamment le gel des avoirs des sociétés productrices et exportatrices de pétrole et de gaz», a déclaré M. Martonyi dans une interview à la radio nationale Kossuth MR1. Les sanctions adoptées par les Européens depuis le début de l'insurrection contre le dirigeant Mouammar El Gueddafi ont épargné jusque-là ce secteur clé de l'économie libyenne. Le ministre hongrois s'exprimait avant une réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l'UE. «Le message de l'Union européenne est clair : El Gueddafi doit partir, et il faut créer les conditions pour une transition démocratique», a-t-il ajouté. Pour sa part, le Premier ministre britannique, David Cameron, a appelé aussi l'UE et la communauté internationale à examiner les mêmes sanctions pétrolières contre la Libye, à l'issue d'un sommet des dirigeants européens sur la Libye. «Ce régime (libyen) continue de percevoir d'énormes sommes d'argent, y compris l'argent du pétrole et nous avons besoin d'examiner cette question», a déclaré M. Cameron devant la presse. «Nous devons regarder ça», a-t-il ajouté en soulignant que «c'est une question compliquée mais la communauté internationale doit examiner cela». Il est à noter que 85% des exportations énergétiques libyennes sont destinées à l'Europe : en premier lieu à l'Italie qui en absorbe 37%, suivie par l'Allemagne, la France et la Chine. L'Italie est au premier rang aussi des importations libyennes, suivie par la Chine, la Turquie et l'Allemagne. Pour rappel, le site Le Post avait repris un article dans lequel il était question de ceux qui fuyaient la Libye en raison de la guerre civile. Il s'agit surtout des techniciens et opérateurs des grandes compagnies pétrolières. Pas seulement l'Eni (Ente nazionali idrocarburi, société nationale des hydrocarbures, Ndlr), qui réalise en Libye environ 15% de son chiffre d'affaires, mais aussi d'autres multinationales surtout européennes : BP, Royal Dutch Shell, Total, Basf, Statoil, Rapsol. Sont obligés aussi de quitter la Libye des centaines de Russes de Gazprom et plus de 30 mille Chinois de compagnies pétrolières et du bâtiment. 12 000 dollars/habitant Il faut dire que grâce aux réserves de pétrole et de gaz naturel, la Libye a une balance commerciale en actif de 27 milliards de dollars annuels et un revenu moyen- haut par habitant de 12 mille dollars, six fois plus élevé que l'Egyptien. Le niveau de vie moyen de la population libyenne (à peine 6,5 millions d'habitants par rapport aux 85 millions en Egypte) est ainsi plus haut que celui de l'Egypte et des autres pays nord-africains. D'ailleurs, environ un million et demi d'immigrés en majorité nord-africains travaillent dans ce pays. Les réactions internationales sont emblématiques. La Chine s'est dite extrêmement préoccupée par les développements en Libye et a «souhaité un rapide retour à la stabilité et à la normalité», car elle craint pour le commerce sino-libyen qui est en forte croissance (d'environ 30% rien qu'en 2010), mais à présent ce pays asiatique voit mise en jeu toute l'assise de ses rapports économiques avec la Libye, de qui elle importe des quantités croissantes de pétrole. Idem pour la Russie. Par contre, celle de Washington condamne sans moyens termes le gouvernement libyen et annonce avoir à sa disposition «une gamme complète d'options que nous avons pour répondre à cette crise», y compris «les actions que nous pouvons entreprendre et celles que nous coordonnerons avec nos alliés à travers des institutions multilatérales.»