Contre toute attente, et malgré une contre-offensive qui avait permis aux forces loyalistes de gagner du terrain et de reprendre beaucoup de villes qui étaient aux mains des insurgés, un communiqué officiel a annoncé, hier, que «les forces armées libyennes vont arrêter leurs opérations militaires contres les rebelles dès dimanche, afin de leur permettre de déposer les armes et de bénéficier d'une amnistie générale». Depuis hier matin, l'offensive des troupes pro-El Gueddafi sur le front et de la rébellion fait craindre le pire pour l'avenir du printemps libyen. Très tôt jeudi, Mouammar El Gueddafi annonçait déjà la couleur de cette journée, promettant «une bataille décisive à Misrata», troisième ville du pays, située à 120 km à l'est de la capitale Tripoli. Vers midi, la télévision libyenne annonçait la conquête de la ville par les troupes loyalistes. Cette offensive aurait déjà coûté la vie à au moins 18 personnes dont 3 civils, selon un porte-parole des insurgés, qui déclare également que «la ville reste toujours aux mains des rebelles». Benghazi, seconde ville du pays et fief du printemps libyen, a vu l'armée loyaliste arriver à ses portes dans la journée d'hier également. C'est dans l'après-midi que le cessez-le-feu unilatéral des forces loyalistes a été décrété pour la journée de dimanche. Le communiqué annonce que «les opérations militaires contre les rebelles cesseront dimanche, afin de leur donner une chance de se rendre». Le même communiqué exhorte les populations de Benghazi et de Misrata à quitter ces villes et «les zones où se trouvent des caches d'armes». Cette annonce arrive au lendemain de la découverte de tracts dans les rues de Benghazi enjoignant d'abandonner la lutte contre El Gueddafi. La communauté internationale tarde à réagir Les déclarations sont nombreuses à propos de la situation en Libye, mais peu d'actions sont menées. Un diplomate a annoncé à New York que «le projet de résolution portée par la France, l'Angleterre et le Liban prévoit toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils sauf celle d'une force d'occupation». Cette fin de semaine a été surtout marquée par la radicalisation du discours américain à propos de la Libye. La secrétaire d'Etat américaine, Hilary Clinton, espère l'adoption d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU rapidement. Un autre haut responsable de l'Administration américaine a affirmé que «les Etats-Unis veulent rapidement une décision de poids émanant du Conseil de sécurité». Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a affirmé que «plus tôt l'ONU arrivera à un accord, mieux cela vaudra». Il a qualifié «d'inacceptable» une supposée victoire de Mouammar El Gueddafi. A l'heure où nous mettons sous presse, le Conseil de sécurité de l'ONU est réuni pour débattre de la question. Demain, se déroulera également à Nouakchott, capitale de la Mauritanie, une réunion du comité ad hoc de haut niveau de l'Union africaine pour discuter également de la crise libyenne.