Il ne fait pas bon vivre à la cité des 900 Logements du Khroub. Ce dédale architectural, modèle standard des assemblages d'immeubles sociaux généralisés dans les années 1980, n'a jamais pu sentir autre chose que la déprime d'une cité dortoir. Désavantagée sans doute par son isolement par rapport à l'extension de la ville, la cité située à l'entrée nord du Khroub est demeurée le parent pauvre en dépit de son ancienneté par rapport à d'autres quartiers. Se balader dans la cité des 900 Logements est quasiment impossible, tant elle est repoussante, surtout par ce temps hivernal. La gadoue est le spectacle dominant sur les trottoirs qui n'existent pas réellement, comme pour les routes défoncées depuis toujours. Les habitants de la cité ne se souviennent pas, en effet, de la dernière fois où ces routes étaient bitumées et propres, sans nids-de-poule ni tranchées mal refermées. L'absence d'initiative de la part des autorités locales est conjuguée au manque de civisme de certains locataires, dont quelques-uns font même de l'élevage au bas de leur immeuble. La dégradation, qui s'est emparée même de la cité CNEP et du lotissement voisin des 238 Villas, a sérieusement affecté le cadre de vie et conditionné le comportement des habitants privés de toute animation. Le marché construit, il y a plusieurs années, est demeuré non fonctionnel à cause de litiges sur les titres de propriété entre la commune et les acquéreurs. Quant à l'aire de détente aménagée à côté, elle ne remplit même pas le rôle de placette. Il n'existe donc pas d'espace public à la cité des 900 Logements et l'on est obligé de se déplacer vers le vieux centre du Khroub, sinon au boulevard des 1600 Logements beaucoup plus animé et mieux servi en matière d'infrastructures. Faute de quoi, les jeunes restent cloîtrés dans leur cité à se tourner les pouces dans les cafés et à discuter des prouesses de leurs clubs de football préférés. Quand une telle situation est portée à son paroxysme, comme à la cité des 900 Logements, la délinquance juvénile s'empare du quotidien de la population et impose la violence comme unique forme d'expression. Le taux d'agressions et de vols enregistrés dans cette cité est sans doute l'un des plus élevé au Khroub d'autant que la cité est assez lointaine des services de police. En matière d'infrastructures, le tableau est tout aussi désolant. Hormis une salle de soins installée dans un vide sanitaire, tout ce secteur qui compte pourtant une population importante reste privé de l'essentiel des services. Quant au transport, le nouveau plan de la ligne de desserte entre Constantine et El Khroub n'a rien réglé puisque les habitants sont toujours forcés de parcourir une longue distance, sinon de prendre un taxi pour arriver à la station et pouvoir par la suite rejoindre Constantine en quête de quelque chose de plus ou de mieux.