La grève qui, a priori, n'a pas produit l'effet escompté sur la direction de l'unité, a poussé les protestataires à augmenter d'un cran la contestation. Ils ont carrément interdit au directeur et aux autres employés l'accès à leurs bureaux. Lorsque nous les avons rencontrés à l'entame de la grève, les contestataires demandaient, en premier lieu, le départ du PDG de l'entreprise. Un membre du conseil syndical, Djazzar Farouk, dira à cet effet: «Nous voulons son départ à cause de sa mauvaise gestion administrative et financière, et son recours au bricolage et au rafistolage. Nous lui reprochons l'absence d'une stratégie de développement de l'entreprise, son injustice flagrante envers les travailleurs et le blocage prémédité des activités syndicales.» Le syndicat qui, a-t-il rappelé, soutient cette grève, en était l'initiateur, n'étaient les manœuvres de blocage fomentées par l'administration. Et d'ajouter: «Les travailleurs revendiquent l'amélioration des salaires et l'application du décret présidentiel relatif à l'augmentation du SNMG à 15 000DA. L'échelle des salaires (allant de 7 à 16), qui est la même pour tous les travailleurs toutes catégories confondues, doit être révisée.» Comment se fait-il que le salaire d'un ingénieur soit le même que celui d'une femme de ménage, et pourquoi un travailleur qui comptabilise 20 ans d'ancienneté, toucherait-il le même salaire que celui qui vient à peine de signer son premier contrat ? s'interroge-t-il. Des travailleurs qui ont plus de six ans à leur actif, travaillent toujours, selon Farid, ingénieur à MEGA Batna, avec des contrats renouvelables chaque mois. Messaoud, un des plus anciens de la boîte se plaint, pour sa part, de garder le même statut en dépit de 20 ans d'ancienneté: «Moi j'ai plus de 20 ans ici et je suis toujours à la même catégorie; c'est le calcul du SNMG qui me fait défaut, ils y ont intégré ma prime d'ancienneté.» Le PDG, Bachir Khalefa, tout en rejetant la démarche entreprise par les grévistes, a estimé, lors d'un entretien téléphonique, que cette grève n'est pas réglementaire. Concernant son éventuel départ, il relève, selon lui, exclusivement des prérogatives du groupe propriétaire de l'entreprise et du conseil d'administration.