Cette action a été passée sous silence par les chaine I et III. Certains directeurs de chaînes radio, comme se seraient postés devant les portes pour dissuader les reporters de rejoindre le mouvement de contestation. Les protestataires organisent depuis hier des réunions à l'intérieur de chaque stations (Chaîne I, Chaîne III, Radio internationale, radios locales) pour coordonner les actions et élaborer une plate-forme complète de revendications à soumettre à la direction générale. Ils tentent de recueillir le maximum de signature dans une pétition appelant à une assemblée générale des journalistes de la radio. « Nous avons été intimidés par des agents de l'administration et du syndicat. Ils veulent faire échouer notre action. Ils disent au personnel technique que nous agissons dans l'illégalité alors que c'est complètement faux », nous ont déclaré des journalistes obligés de requérir l'anonymat de peur de représailles.
« Nous allons poursuivre notre mouvement de contestation car il est légitime », ont-ils assuré. « Nous n'avons aucunement l'intention d'exclure qui que ce soit de nos revendication, le malaise et les condition socioprofessionnelles indignes concernent tout le personnel de la radio » ont-ils tenu à préciser. « Nous allons appeler à une assemblée générale des journalistes de la radio et voulons la présence du directeur générale pour discuter tous les problèmes », nous a-t-on dit.
Outre les revendications salariales (une hausse de 40 ou 50 % au lieu de 25 %), les contestataires, qui ont décidé de passer outre la section syndicale, envisagent d'exiger une révision des échelons, un statut, des cartes de presse « dignes de ce nom », une augmentation des frais de mission, le recrutement de tous les cachetiers et du respect de la part de l'administration. Des voix s'élèvent au boulevard pour réclamer également une liberté de ton à la radio publique.
Une radio réduite depuis plus de dix ans en un simple amplificateur des messages officiels. Les journalistes reprochent à Tewfik Kheladi, directeur général de l'ENRS, de vouloir minimiser l'ampleur de leur action. Dans une interview accordée cette semaine au quotidien Waqt El Djazaïr, le DG de l'ENRS a affirmé qu'il n'est pas tenu « d'ouvrir un dialogue » avec les journalistes contestataires. « Car, habituellement, les discussions sont engagées avec le syndicat », a-t-il dit. Il a annoncé que 300 cachetiers seront réintégrés en avril 2011.
« La situation des autres seront réglée avant la fin de l'année », a-t-il promis. Des promesses remises en cause par les journalistes protestataires. « Le DG aurait pu bien régler ce problème depuis son arrivée à ce poste. Il était au courant. Il n'a rien fait », a-t-on déclaré. Tewfik Kheladi a affirmé, dans la même interview, que tous les courants politiques peuvent s'exprimer à la radio. « Or, tout le monde sait au Boulevard des Martyrs que des hommes politiques, des militants des droits de l'homme, des syndicalistes et des journalistes sont mis sur liste noire et sont interdits d'antenne », a-t-on révélé.
« Nous parlons, écoutez nous ! »
Par ailleurs, une centaine de professionnels des médias, promoteur de L'Initiative nationale pour la dignité de journaliste, se sont regroupés mardi matin à la Maison de la presse Tahar Djaout à Alger. Après discussion, une plate-forme d'une dizaine de revendications a été adoptée.
Il s'agit, entre autres, de la promulgation du statut particulier du journaliste, l'ouverture d'un débat officiel avec la presse Algérienne « sans distinction pour discuter de la profession dans les plus brefs délais », la réactivation du Conseil supérieur de l'information (CSI) avec « une représentation équitable des journalistes », l'élaboration d'une carte de presse nationale unifiée, la réactivation du conseil national d'éthique et de déontologie et la dépénalisation du délit de presse.
Les journalistes protestataires ont réclamé également l'élaboration de conventions de branches spécifiques aux journalistes avec leur mise en œuvre obligatoire, la facilitation de l'accès à l'information, une grille salariale nationale « digne de la profession » et création d'un fond des œuvres sociales avec la mise la mise en place d'un cadre juridique approprié.
Pour faire aboutir ces revendications, les présents se sont entendus sur le principe d'une grève nationale de toute la presse nationale le mardi 3 mai 2011, d'un sit in au niveau de la place de La liberté de la presse à Alger, d'une campagne de sensibilisation et de mobilisation pacifique au sein de la corporation et de la coordination permanente des journalistes à travers des rencontres régulières. Selon les initiateurs de l'action, la plate-forme de revendications sera remises aux autorités concernées les prochains jours.
Ils ont déclaré leur soutien total au mouvement de protestation des journalistes de la radio, de la télévision et des autres organes de presse. Et, ils ont adopté deux slogans : « Vous avez parlé, nous vous avons écouté. Nous parlons, écoutez nous ! » et « Journaux, agence, radio, télévision, journalistes solidaires ».