Jeudi matin, devant l'entrée de l'Assemblée populaire communale de Sidi M'hamed. Une cinquantaine de personne, dont les trois quarts âgées de plus de 50 ans, attendent. Sous une chaleur insupportable, assis par terre ou adossés au mur, les « bénéficiaires » du couffin du Ramadhan font la queue, pour certains depuis 7h, pour récupérer les 5000 DA octroyés par leur commune afin de s'approvisionner pour le mois sacré. « Le jour où j'ai récupéré le bon, on m'a demandé de revenir jeudi matin pour récupérer l'argent. Je suis debout depuis 8h, en vain. Aux dernières nouvelles, nous sommes contraints d'attendre jusqu'à 14h, car il n'y a pas suffisamment d'argent dans la caisse », déplore une vieille dame accompagnée de sa petite fille, sans logement ni revenu. En effet, la commune de Sidi M'hamed a engagé une enveloppe de 1 milliard 200 millions de dinars au profit des familles nécessiteuses (smicards, sans revenus, handicapés à 100%, femmes divorcées et veuves sans revenu, etc…) pour leur distribuer une enveloppe de 5000 DA. « On ne percevra cette modique somme qu'au prix de notre dignité et notre santé. Je suis diabétique et hypertendu, ce qui m'est pénible de pointer des heures sous un soleil de plomb », s'indigne Mohamed, 53 ans, père de deux enfants, sans revenu avant d'ajouter : « Nous nous affichons depuis ce matin au vu et au su de tout le monde, dans notre quartier. Même si nous n'arrivons pas à subvenir à nos besoins, nous avons quand même de dignité. Je trouve humiliant qu'un père de famille soit rabaissé de la sorte pour toucher une aide pourtant médiocre. » A ce propos, Mohamed ironise : « Les 5000 DA sont loin d'être suffisants pour un père de famille. Je crois dur comme fer que ça ne tiendra que pour quelques jours. Je m'estime heureux, car je n'ai que deux enfants. L'Etat algérien devrait penser aux familles dans le besoin tout au long de l'année, car nous ne pouvons continuer à être à la merci des œuvres caritatives. » Dans la file des femmes, un brouhaha nous parvient. L'agent de l'APC essaie tant bien que mal de gérer l'impatience des pauvres dames venant récupérer l'aide. Malika, 42 ans, handicapée et souffrant d'un cancer, qui s'appuie sur canne, peine à parler : « Je suis malade, Dieu sait combien je souffre en subissant ces heures d'attente. Je suis venue récupérer cette maudite somme, mais à bien y réfléchir, on ne peut pas faire la fine bouche. »