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Gestion d'hier, crise d'aujourd'hui
Publié dans El Watan le 19 - 12 - 2018

L'Algérie se trouve, avec le choc subi par cette crise énergétique au second semestre 2014, face à de fortes pressions sur ses équilibres macro-économiques, engendrant aujourd'hui le recours au financement non conventionnel (l'usage de la planche à billets), pour soutenir à moyen terme (5 ans) les besoins financiers du Trésor public.
Elle fait craindre une aggravation de la situation budgétaire du fait que l'Etat est devenu emprunteur sans pour autant prêteur en matière économique, dans un contexte énergétique mondial, porteur d'incertitudes et aggravé d'un modèle économique, fortement étatisé et rentier que par la bonne performance des entreprises.
Ajoutés à cela l'épuisement de l'épargne publique accumulée au niveau du Fonds de régulation des recettes (FRR) et une sérieuse crise de devises qui se sont contractées en passant de 177 milliards de dollars en 2014 à 88,61 milliards de dollars à fin juin 2018, ce qui donnerait avec la même tendance une prévision de clôture 2018 un solde d'environ 80 milliards de dollars face à une croissance dépendante excessivement du commerce d'importation,dont le pays en dépend à près de 75% de ses besoins qui impactent gravement la balance de paiements.
Cette situation accentuant la grande inquiétude, notamment qui continue de gonfler et risque de basculer un moment ou un autre conduire le gouvernement, à recourir au rééchelonnement de l'endettement extérieur avec le FMI, qui sera appuyé d'un plan d'ajustement structurel.
Car cinq ans après la baisse drastique des prix du baril de pétrole sur les marchés mondiaux, l'Etat a promulgué cinq projets de loi de finances sans pour autant prévoir des réformes structurelles pour sortir de la logique du tout pétrole. Il faut revenir à l'évidence que c'est le secteur industriel, dont la sidérurgie et la pétrochimie, considérées comme les deux piliers d'indépendance économique, mais l'enjeu est également démocratique, qui sauveront l'Algérie du naufrage économique et social et conduire le pays vers une nouvelle étape celle de l'après-pétrole. Voilà donc une question bien d'actualité d'une dimension réellement inquiétante. Comme nous le verrons dans les lignes qui suivent.
Dans un tel contexte difficile quant à l'inefficience structurelle de l'économie nationale, il est nécessaire et important de souligner tout d'abord dans cette modeste contribution, la nécessaire réorganisation de l'Etat pour améliorer la responsabilisation afin d'assumer un plus grand rôle économique dans la gestion des ressources du pays notamment de développer la croissance économique territoriale.
Il faudrait aujourd'hui, un prix du baril de pétrole à plus de 90 dollars pour équilibrer les comptes publics et une monnaie fortement dévaluée et subventionnée qui n'est pas près de servir de monnaie d'échange commercial et qui pèse fortement dans la détérioration du pouvoir d'achat des ménages si ce n'était la politique des subventions et transferts sociaux qui ont représenté, sur la période 2000-2018, une part de plus en plus élevée avoisinant 25% du PIB en moyenne.
Ajouté à cela, entre 2 et 3 cotisants pour 1 retraité alors qu'il faut 5 à 8 cotisants pour assurer l'équilibre financier, quant aux salaires, ils sont trop bas socialement et trop élevés économiquement. Cela dénote que les salaires et les rappels distribués n'avaient aucun rapport avec la productivité ou le travail fourni.
Par ailleurs, l'expansion d'un marché informel, qui contrôle selon les estimations 50% du marché de la consommation nationale, dont l'impact sur la fiscalité, la bancarisation et l'investissement productif s'avère douloureux et compliqué conjuguée à une sérieuse crise énergétique mondiale qui n'en finit pas de souffler le chaud et le froid, qui, d'ailleurs, n'a épargné aucun secteur, voire le recul des performances pétrolières et gazières en Algérie.
Cela requiert d'aller vers la création d'un ministère de l'Economie couplé à celui des finances afin de se mettre à un niveau mondial et un nouveau rôle du Trésor public, qui constituent l'instrument moderne de gouvernance publique. Il s'agit de parvenir à mettre en place une conception selon laquelle le budget de l'Etat est désormais une technique quantitative de gestion économique active tranchant avec l'amalgame entretenu entre l'économie de marché et l'économie administrée (socialisme et étatisme).
Autrement dit, le lien entre l'impôt et la dépense publique est mal perçu dans la nouvelle économie qui vise la viabilité budgétaire. Les revenus issus de l'or noir représentent respectivement 45% du PIB, 98% des exportations, 60% des recettes budgétaires et la monnaie nationale restant dépendante à près de 90%. La structure de l'économie nationale restant principalement constituée de 91% de personnes physiques dans les activités des services et commerces et seulement 9% en tant que personnes morales (entreprises).
Là, est posée deux questions :
– L'après-pétrole, y pense-t-on sérieusement ?
– Peut-on parler aujourd'hui d'un 1er Novembre économique dans le sillon de la guerre de Libération nationale ?
Nous avons là un défi urgent à relever dès lors que plus de 29 ans d'ouverture de l'économie à la faveur de la Constitution de 1989, notre pays peine toujours, face à une panne de gouvernance et de management efficaces et modernes, pour devenir un pays émergent. Nous sommes encore très loin de nous passer de l'argent du pétrole qui n'est pas en fait ni une création de richesse, ni encore l'économie du pays.
Un sujet d'une urgence et d'un besoin stratégique est à l'heure actuelle plus justifiée que par le passé, car il y a peu de raisons qui empêchent les prix du baril de pétrole de baisser davantage, parce que la mondialisation de l'économie se fait et se développe aujourd'hui avec l'action et les stratégies des marchés, notamment l'offre et la demande ceci d'une part, et d'autre part avec l'avènement de la mondialisation imposant une gouvernance globalisée et l'émergence des nations européennes sur le devant de la scène politique, économique et financière.
Ceci dit, l'Algérie n'est nullement à l'abri de cette libéralité mondiale, d'autant qu'elle subit les contrecoups de l'échec de la rente pétrogazière où particulièrement le pays est aujourd'hui face aux grands défis qui sont ceux : de la démocratie et le libéralisme économique .
En effet, l'activité économique est demeurée relativement soutenue et tirée par la croissance de la dépendance publique que par la bonne performance des entreprises, qu'on cherche à substituer par une économie de marché atteinte du syndrome hollandais qu'il fallait réformer.
Le quinquennat 2019-2023, de notre point de vue, s'annonce pour notre pays au plan économique et social difficile, car la nouvelle approche budgétaire, c'est la croissance potentielle sans inflation et sans déficit budgétaire ou à la limite 3% du PIB.
Ce quinquennat rend encore la situation plus difficile car il y a peu de raisons qui empêchent aujourd'hui les prix du baril de baisser davantage, même si les prix ont augmenté ces derniers mois. Pourquoi ? Parce que le temps de «l'influence de l'OPEP» qui contrôle 30% sur les marchés pétroliers est en train de s'affaiblir dans une optique de mondialisation-globalisation des marchés qui se développent aujourd'hui dans les espaces géopolitique et géostratégique, ceci, d'une part, et d'autre part, les stratégies des marchés basées sur l'offre et la demande, voire dans la perspective d'une reprise progressive de la production libyenne et irakienne.
Par contre, nous sommes très heureux de la conjoncture favorable du prix de pétrole, car notre pays en dépend presque totalement, ça nous fait gagner une masse d'argent en devise forte supplémentaire. Il y a lieu aussi de s'inquiéter aujourd'hui de nos capacités managériales, industrielles et touristiques qui ne cessent de se dégrader pour compenser cette sévère crise énergétique mondiale. L'Etat ne profite que peu de ses entreprises et l'économie algérienne connaissait une poussée sans précédent de la dépense publique sans pour autant privilégier l'économie de marché.
Conséquence : notre pays aura besoin de pas moins de 2 millions d'entreprises de taille PME/PMI et une croissance à deux chiffres afin de compenser les effets de cette crise énergétique et répondre aux besoins en emploi durable estimés à près de 600 000 emplois nouveaux par an pour maintenir le taux de chômage actuel estimé à près de 12%. En effet, plus de 29 ans d'ouverture de l'économie à la faveur de la Constitution de 1989, on reste sur une croissance dépendante excessivement de la dépense publique et du commerce d'importation qui continuent d'augmenter pour atteindre 45 milliards de dollars par an, soit 75% des besoins du pays, et nos exportations hors hydrocarbures n'arrivent toujours pas à dépasser le seuil des 2 milliards de dollars, soit 2%.
Alors que nos députés et gouvernants misent encore et toujours sur le prix du baril de pétrole qui nous garantissait le fonctionnement du pays et par conséquent, l'économie nationale est demeurée fortement subventionnée, étatiste et structurellement importatrice qui impacte gravement nos réserves de change. Cette situation témoigne de la vulnérabilité de l'Etat, de la société et de l'économie algérienne en général qui trouve son origine première dans la trop faible diversification de notre économie.
Les balances commerciale et de paiement sont structurellement dépendantes des recettes des hydrocarbures dont les prix dépendent des marchés internationaux. Ils imposeront que seule une économie en plein développement et parfaitement intégrée sera en mesure d'affronter les besoins d'une population de 45 millions d'habitants en 2020.
L'industrie est certainement l'outil qui marquera le plus le visage économique de l'Algérie, il s'agira principalement de s'interroger sur quels choix des investissements productifs ou de transformation nous soutenons cette relance d'une économie diversifiée pour un développement harmonieux ? On tend désormais à parler de bonne gouvernance financière, on applique alors les principes de la bonne gouvernance publique et économique au secteur des finances publiques. La discipline budgétaire doit permettre de réduire le déficit public, voire de constituer des excédents, qui seront mobilisables ultérieurement pour les exercices budgétaires.
Dans le grand hémicycle du boulevard Zighout Youssef où siège l'assemblée populaire nationale (APN), les députés continuent débattre et à adopter les budgets comme instrument exclusif de la relance de la demande publique et d'exécution de la dépense dans un cycle d'expansion monétaire accru «la dépense est facile, la recette est difficile». Pour ce qui du principe d'équilibre budgétaire, il compte parmi les tâches-clés des parlementaires, devenu principe d'équilibre économique pour permettre aux pouvoirs publics de dépenser l'argent public de façon judicieuse et de faire donc un bon usage des finances publiques.
Cela doit permettre de réduire le déficit public, voire de constituer des excédents, qui seront mobilisables ultérieurement pour l'épargne ou les investissements. Par ailleurs, les collectivités locales n'éprouvent aucune panique devant la conjoncture actuelle révélée au grand jour devant la crise financière qui n'a épargné aucun secteur avec la chute brutale du prix du baril de pétrole observée depuis le second semestre 2014.
Pourquoi ? Parce qu'elles ne sentent presque pas concernées, ce qui est vrai au regard du faible degré d'insertion des collectivités locales dans l'économie locale. Selon l'ex-ministre des Finances Abderrahmane Benkhalfa, 99% des recettes fiscales de l'Etat proviennent de 12 wilayas seulement. Dans leurs interventions, ils se font à chaque fois l'écho des préoccupations des citoyens et des difficultés auxquelles ils sont quotidiennement confrontés.
C'est bien, mais chercher à connaître les raisons d'ordre économique qui surgissent et bloquent la croissance économique, la création de la richesse et de l'emploi, c'est encore mieux et aussi vital que le pain. Nous sommes encore loin de nous passer de la rente du pétrole qui n'est pas en fait une création de richesses ou encore l'économie du pays.
Aujourd'hui, le patriotisme économique n'est certainement pas le protectionnisme, c'est la mobilisation efficace de toutes les potentialités de la société pour la faire progresser, c'est la gestion rigoureuse et efficace de toutes les opportunités qui s'offrent au pays. Tout comme aussi les élites et experts, les médias s'en trouvent déconsidérés et les analyses de conjonctures et les raisonnements scientifiques deviennent ambigus pendant que les pays dits aujourd'hui émergents ont misé sur les technologies et le développement de l'homme.
En disant à force de se concentrer sur le quantitatif et le monétaire, on a oublié l'essentiel, à savoir le capital humain, la classe moyenne et l'émergence des élites, les vrais concepteurs et créateurs de richesses. En résumé, cela consiste à dire : «Faites-moi de bonnes politiques, je vous ferai de bonnes finances, ou encore, il faut financer et bien financer.» Pour rappel, notre pays a occupé une place très particulière durant les années 1970, l'âge d'or de l'Algérie dans la scène économique et politique internationale, notamment d'une Algérie, autrefois influente et écoutée, en sera le leader et le pivot, où elle apportera sa contribution active à l'avant-garde du tiers-monde.
La politique budgétaire suivie dans les années 1970, l'épargne publique utilisée pour l'équipement collectif et les investissements productifs et la fiscalité ordinaire couvraient la totalité des dépenses de fonctionnement avec notamment la contribution de la fiscalité des agents économiques (entreprises nationales, entreprises locales ‘‘EPL'' et les ménages). Notre pays s'est développé avec une industrie plus importante avec près de 70 zones industrielles à travers le pays, dont notamment l'industrie mécanique ; l'électronique ; la chimie et pétrochimique ; la sidérurgie ; l'agro-industriel ; la métallurgie ; la pharmaceutique ; le tourisme; mines ; bureaux d'études à travers tout le pays ; l'informatique ; les centres de recherches scientifiques dans les domaines spatial et nucléaire, la construction navale, la route de l'unité africaine pour conquérir le marché africain…
Une industrie nationale aussi diversifiée qu'étendue, entre autres : la création de plusieurs complexes industriels pétrochimiques et de transformation dont ceux d'Arzew, Skikda, El Hadjar, etc., Sonatrach, véritable Etat dans l'Etat et d'un nombre impressionnant d'entreprises industrielles nationales et locales, commerciales, bancaires ont vu le jour, s'agrandissant jusqu'à se compter par milliers avec notamment la multiplication de leurs usines, d'entreprises locales (EPL), de leurs agences ou unités, leurs réseaux de distribution et de leurs bureaux d'études à travers tout le pays. La part de la production industrielle évoluait autour de 18 à 25% du PIB avec un taux d'intégration de près de 40% en moyenne.
La part générée en croissance annuelle était de 10% en moyenne et l'Algérie avait acquis une réelle expérience dans l'industrie, l'agriculture et le tourisme, ce qui a permis à l'Algérien de consommer made in Bladi dans tous les secteurs d'activités ; presque tout était fabriqué chez nous, fruit d'une politique industrielle des années 1967-1970. L'Algérie était classée après l'Espagne et l'un des premiers pays industriels du continent africain. Un processus heurté et inachevé au début des années 1980, ce qui a exclu toute perspective de hisser l'Algérie au rang d'un pays développé.
Justement, qu'est-ce que la politique budgétaire ?
Sommairement, la politique budgétaire, peut se définir simplement renforcer ses stratégies à moyen et long terme par un système budgétaire qui est un sujet macro-économique qui revêt une importance capitale et si important. C'est un ensemble de relations socio-économique dont il y a d'un côté, tous les citoyens concernés par trois domaines-clés : l'emploi, le pouvoir d'achat et le développement social. De l'autre, les agents économiques concernés essentiellement par la fiscalité ordinaire : investisseurs, ménages, commerces, services, une source fondamentale en matière de ressources fiscales.
Le budget d'un Etat est un paramètre par excellence de l'évolution annuelle d'un pays doit reposer ainsi sur la planification économique stratégique et recomposé dans la nouvelle économie qui vise la viabilité budgétaire et le bon emploi des fonds publics, concernant tous les domaines de l'action publique en cohérence entre la macro-économique et la micro-économique sur ses clés qui sont : l'équilibre budgétaire, les crédits d'exportation, les prix, l'épargne, l'investissement, le marché obligataire, le marché boursier qui constituent sans doute l'enjeu et le support fondamental de la politique budgétaire qui visent à organiser et à œuvrer au développement d'un modèle de croissance potentielle intégré et fondé sur trois facteurs structurant capital, travail, production.
C'est ainsi qu'il faut jeter les nouvelles bases de l'amélioration des mécanismes de l'économie de marché afin d'impulser des réseaux, des activités de l'économie, du commerce et des services. C'est en définitive, assurer au mieux la viabilité économique pour l'appréciation de la monnaie nationale et le développement durable, selon une vision d'une économie de marché fait générateur du budget de l'Etat en termes de revenus d'impôts et taxes.
La politique budgétaire prônée par l'Algérie est considérée comme une politique volontariste et expansionniste, où le rôle de l'Etat s'est accru d'année en année dans les subventions directes et indirectes et le financement de l'économie nationale qui consiste à soutenir la stabilité socio-économique du pays dans le but de compenser la faiblesse des dépenses des agents économiques privés par un accroissement des dépenses publiques.
L'Algérie, selon nos experts, injecte dans ses plans de relance économique (entre 25 et 30% du PIB par an pour obtenir que 3 et 4% de croissance du PIB), or, dans une économie performante quand on injecte 1% du PIB, ce dernier s'accroît de 2 à 3%. Car laissant croire que l'Etat doit tout gérer, tout acheter, tout construire, tout vendre et tout contrôler, alors qu'on est dans une économie de marché. La relation entre l'Etat, le contribuable et l'économie est demeurée de type rentier, à l'heure où l'Algérie n'a pas encore atteint son indépendance économique en dehors des hydrocarbures et réussi sa transition à l'économie de marché.
Mais toutefois, il faut reconnaître que notre pays a réalisé d'importants progrès dans les infrastructures de base et les équipements collectifs, dont entre autres : l'eau, le gaz, l'électricité, le logement, l'éducation, la santé, la culture, la jeunesse et des sports, le transport (le rail, métro, tramway), les routes, l'autoroute, les ports, aéroports… Il est regrettable de ne pas avoir profité de cette aisance financière pétro-gazière profitable pour l'Algérie durant les deux dernières décennies pour réindustrialiser le pays.
On voit bien ici que l'Etat certes fait des efforts salutaires, mais sans pour autant permettre à nos entreprises leur intégration réelle dans la diversification économique et sont bien loin également d'être performantes et concurrentielles.
Pourtant, l'économie macro-financière donne au gouvernement et aux élus les moyens de leurs politiques économique, budgétaire, monétaire et fiscale pour diminuer la dépense publique et augmenter la ressource publique par le jeu du marché des capitaux, notamment il serait judicieux de constituer un montage financier dans lequel participent les bailleurs de fonds, les banques, les sociétés dans la réalisation des investissements publics ayant le caractère commercial comme : le métro, le tramway, l'autoroute, les ports… faits jusqu'ici en totalité sur la dépense publique . Quelques contraintes fondamentales en matière de consolidation et de perspectives budgétaires peuvent être résumées ci-après.
La fiscalité ordinaire du pays,soit autour de 21% du PIB, qui s'avère très peu rentable pour le budget de la nation et elle est subie surtout par les salariés et les retraités. La fiscalité ordinaire (le paiement des impôts et des taxes) constitue une obligation juridique inévitable, car c'est l'un des plus importants instruments de la politique budgétaire de l'Etat et un des vecteurs de pérennité de son budget. Il permet d'alimenter les caisses de l'Etat pour que ce dernier finance et équilibre le budget de la nation et augmente le niveau des dépenses publiques et la croissance économique.
C'est l'autre enjeu après le pétrole, auquel il faudrait s'armer en bon pouvoir économique pour plus de cohérence entre le système institutionnel de l'Etat (le gouvernement) et le législatif (les élus), pour justement de développer la croissance économique territoriale tendant à construire un système budgétaire décentralisé en centres de coût et de responsabilité pour gérer un redressement économique et financier qui s'annonce douloureux et compliqué compte tenu des mutations profondes qui marquent la vie sociale, économique et politique du pays et en même temps pour lutter contre l'irresponsabilité et toute forme de gaspillage de nos ressources au niveau territorial.
Sur le plan budgétaire et la loi de finances 2019, adoptées à l'APN et au conseil de la nation
Comme annoncé auparavant, la loi de finances 2019 ne comprend pas d'augmentations d'impôts et de taxes et vise à maintenir la politique de soutien social, en réservant 21% de la totalité du budget de l'Etat de l'année. L'élaboration du budget 2019 prévoit un taux de croissance de 2,6%, un taux d'inflation de 4,5% et un déficit public près de 13% du PIB, soit 2200 milliards de dinars, ce qui laisse prévoir le recours à sa monétisation (l'usage de la planche à billets) si le prix du baril de pétrole se maintiendrait à moins de 90 dollars le baril .
Tout déficit budgétaire, s'il n'est pas financé par les ressources propres de l'Etat, est nécessairement financé par le recours à «l'endettement», soit auprès du marché financier international, et n'y a aucun problème à s'endetter à hauteur de 40% du PIB et préserver nos réserves de change pour les Investisseurs directs étrangers (IDE) et vis-à-vis des institutions ou organismes financiers internationaux, soit auprès du marché intérieur par le biais d'émission des bons du Trésor…
Cela confirme la poursuite de l'engagement de l'Etat de maintenir le même rythme de ses efforts pour le confortement de sa politique sociale. Pourtant, l'impôt est l'un des plus importants instruments de la politique budgétaire, car il permet d'alimenter les caisses de l'Etat pour que ce dernier finance et équilibre le budget et augmente le niveau des dépenses publiques.
Parmi les mesures contenues dans la loi de finances, figure aussi l'encouragement de la fabrication locale d'intrants dans l'industrie des énergies renouvelables afin d'encourager l'intégration nationale. La mesure en question révise les taux des droits de douane et de la TVA pour juguler l'importation des composants intermédiaires (le module photovoltaïque) et le produit fini (le générateur photovoltaïque).
D'autre part, on n'évoque pas apparemment une quelconque place de l'économie du sport en matière de fiscalité, dont les clubs de football professionnel sont assujettis de par leur statut juridique de Société sportive par actions (SSPA).
La loi de finances 2019 prévoit des recettes de 6508 milliards de dinars, en légère hausse par rapport à celles de 2018, dont 2714 milliards de dinars de fiscalité pétrolière. Quant aux dépenses budgétaires, elles s'élèveront à 8557 milliards de dinars en légère baisse par rapport à celles de 2018.
Concernant le budget de fonctionnement, il est estimé à 4954 milliards de dinars avec une légère hausse découlant de la situation sécuritaire aux frontières ainsi que du relèvement des transferts sociaux. C'est ainsi qu'une enveloppe budgétaire de 1763 milliards de dinars sera allouée aux transferts sociaux durant l'exercice 2019 (contre 1760 milliards de dinars en 2018), soit près de 21% de la totalité du budget de l'Etat de l'année 2019.
Les crédits budgétisés pour les transferts sociaux couvriront notamment plus de 445 milliards de dinars destinés au soutien aux familles, tandis que près de 290 milliards de dinars seront attribués aux retraités, et auxquelles s'ajoutera une dotation d'appui de 500 milliards de dinars à la Caisse nationale des retraites (CNR). Ces transferts sociaux comportent également près de 336 milliards de dinars pour la politique publique de santé et plus de 350 milliards de dinars pour la politique publique de l'habitat, auxquels s'ajouteront près de 300 milliards de dinars mobilisés pour ce secteur par le Fonds national d'investissement (FNI).
Quant au budget d'équipement, il est ventilé entre 3602 milliards de dinars de crédits de paiements et 2600 milliards de dinars d'autorisations de programme destinées à de nouveaux projets ou à des réévaluations. La consistance du budget d'équipement pour 2019 confirme la poursuite de l'engagement de l'Etat en faveur du développement économique et social.
Dans cette optique, le secteur public en Algérie se retrouve aujourd'hui devant l'urgence et un besoin stratégique de la réforme budgétaire et la réforme de la comptabilité publique plaidant un nouveau système de gouvernance budgétaire et de procédure budgétaire, notamment les ressources financières qui ne seront plus comme par le passé octroyées selon une comptabilité budgétaire de caisse. Mais plutôt d'apprécier ce que sont ses actifs (ses richesses) et ses passifs (ses dettes et ses engagements).
C'est un volet important de la stratégie de la politique budgétaire qui concerne le maintien de l'équilibre entre dépenses et ressources pour améliorer l'accroissement du contrôle parlementaire sur les finances publiques, la responsabilisation et la gestion des ressources du pays adaptée à la pratique comptable des entreprises aux normes comptables internationales.
En appliquant pour cela, un nouveau référentiel comptable international, les normes IPSAS (International public sector accounting standards), qui vise une meilleure visibilité des finances publiques et de disposer de chiffres fiables et reconstruire les vraies données du Produit intérieur brut (PIB) et de la valeur ajoutée.
Les années à venir seront davantage et indéniablement dominées par des revendications de transparence, de lisibilité des chiffres financiers et comptables, devant permettre d'appréhender aisément les performances réelles des différentes politiques menées par l'ensemble des secteurs public et privé. Comme vu plus haut, l'Algérie au-dessus des hommes !

Par M'hamed Abaci , Financier-auteur


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