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Nos ancêtres les bagnards de la Nouvelle-Calédonie
Publié dans El Watan le 31 - 05 - 2011

Que savons-nous exactement d'eux ? Quelle est leur histoire ? Etaient-ils tous des déportés «politiques» ? Ont-ils tous pris part à la fameuse révolte d'El Mokrani et de cheikh El Haddad de 1871 ? Que sont devenus aujourd'hui leurs descendants et comment s'inscrivent-ils dans cette dépendance française de 250 000 âmes qu'est la Nouvelle-Calédonie, et qui s'apprête à négocier sa souveraineté en se projetant dans un nouveau destin ? C'est à toutes ces questions que s'est évertué à répondre, avec beaucoup de maîtrise et de virtuosité, le philosophe et anthropologue Hamid Mokaddem, qui était l'invité du Centre culturel français, dimanche, pour une conférence intitulée : «Les devenirs des déportés et transportés algériens dans la Nouvelle-Calédonie du XXIe siècle». Hamid Mokaddem, faut-il le préciser, n'est pas un descendant de déporté, comme on pourrait le croire. Né en France, il s'est installé à Nouméa en 1989, où il enseigne la philosophie à l'Ecole de formation des maîtres.
De prime abord, le conférencier a tenu à apporter une précision méthodologique de taille en opérant une distinction entre «déportés» et «transportés». Il est vrai que l'usage dominant tend à confondre les deux catégories de forçats. Alors que la «déportation» concerne en particulier les personnes condamnées pour «crimes politiques», la «transportation» relève, quant à elle, des «crimes de droit commun».
Hamid Mokaddem rappellera, en l'occurrence, que la condamnation aux bagnes de Cayenne et de Nouvelle-Calédonie a été instituée vers la moitié du XIXe siècle par un dispositif de lois, elles-mêmes s'adossant à ce qu'il appelle à la suite de Michel Foucault une «technologie d'Etat». L'orateur explique ainsi que la déportation politique sera décrétée par la loi du 8 juin 1850.
Un vieux pour transmettre l'arabe algérien et le kabyle
Selon les chiffres avancés par le conférencier, il a été enregistré 126 déportés politiques algériens et 1822 transportés entre 1874 et 1897. La première vague de déportés a essentiellement touché les meneurs de l'insurrection d'El Mokrani et de cheikh El Haddad, le chef de file de la Tariqa Rahmania en Kabylie. Parmi les déportés «de marque» figurent le bachagha Boumezrag El Mokrani, frère du cheikh El Mokrani, ainsi que le cheikh Abdelaziz, fils du cheikh El Haddad. «Le bachagha Boumezrag passera 30 ans en Nouvelle-Calédonie. Il ne sera amnistié qu'en 1904. Il est aussitôt rentré en Algérie pour mourir peu après, en 1905» rapporte le professeur Mokaddem. Et d'ajouter : «Les déportés politiques sont tous rentrés après leur bagne, ou bien sont morts en purgeant leur peine. Ils n'ont laissé aucune descendance en Nouvelle-Calédonie.» Cet «arrachage» des élites traditionnelles par la déportation a provoqué un «processus d'acculturation», souligne le conférencier. Une acculturation qui se traduira d'une façon on ne peut plus patente «par la francisation des prénoms. Les Algériens étaient contraints de prendre des prénoms chrétiens», indique l'anthropologue. A ce propos, Daho Djerbal, qui s'est rendu en Nouvelle-Calédonie pour une conférence sur la révolte d'El Mokrani justement, témoigne : « J'ai été frappé, en visitant la ville de Bourail, de voir reconduites des structures traditionnelles comme Thajemaïth.
Et là, il y avait un vieux dont la fonction était d'assurer la transmission des langues originelles, que ce soit l'arabe dialectal algérien ou le kabyle, ceci afin de pallier l'absence des femmes dans ce processus de transmission.» La première génération d'Algériens va changer progressivement de statut, poursuit le conférencier. «Les bagnards vont bénéficier de concessions pénales et vont ainsi se transformer en agriculteurs. Selon l'expression heureuse de Mehdi Lalloui, «les forçats deviennent des paysans». Pour ma part, j'ajouterais que les forçats deviennent des colons malgré eux», dira H. Mokaddem. Le chercheur observera une multiplication des signaux de rapprochement avec le pays d'origine depuis quelque temps. L'on apprend ainsi que Jean-Pierre Tayeb Aïfa, une haute figure politique de la communauté arabe et maire de la ville de Bourail, a fait un «pèlerinage» à El Eulma, sa région d'origine, sur les traces de ses aïeux algériens, accompagné de toute une délégation de Néo-Calédoniens d'Algérie à la recherche de leurs racines.
Un représentant de la communauté, Kader Bouffenèche, a créé, pour sa part, une association baptisée Association des Algériens de Nouvelle-Calédonie, rapporte le conférencier. «Il a même demandé un passeport algérien», assure-t-il. Dans la perspective du référendum sur le transfert de souveraineté prévu à partir de 2014 par les Accords de Nouméa, les Algériens cherchent ardemment leur place dans la «Nouvelle Caledoune» qui se dessine. Ils se cherchent un destin commun avec leurs concitoyens kanaks tout en revendiquant fièrement leurs ancêtres insoumis. Pendant ce temps, l'Algérie, l'Etat algérien précisément, regarde sa mémoire diasporique se perdre dans une indifférence coupable alors que l'Arabie Saoudite accourt pour financer un centre islamique par-ci et une mosquée par-là…


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