« La France n'a de leçon à donner à personne, mais a des responsabilités de par sa puissance économique et son histoire… Faisons du XXIe siècle le siècle du pragmatisme et de la bonne volonté des peuples. » C'est le message de Nicolas Sarkozy aux ambassadeurs de France réunis mercredi après-midi au palais de l'Elysée pour leur traditionnelle conférence annuelle. Paris De notre bureau C'est un rôle de premier plan qu'ambitionne de faire jouer Nicolas Sarkozy à la diplomatie française dans le règlement des problèmes internationaux. Un « rôle moteur » dans la réforme de la gouvernance mondiale et au sein de l'Europe. « Il n'y a pas à attendre, il y a urgence », a martelé le chef de l'Etat français en citant les questions qui appellent une solution rapide, comme le conflit israélo-palestinien, le dialogue avec l'Iran sur la question nucléaire, la réforme des institutions internationales. Sarkozy affichait un ton qui se voulait ferme et déterminé, en tapant de temps en temps du poing sur son pupitre devant un parterre de diplomates et un gouvernement quasiment au complet. « Le temps n'est pas notre allié, il est notre juge et nous sommes déjà en sursis », a-t-il lancé à propos des dossiers d'actualité, comme la conférence de Copenhague sur le changement climatique prévue en décembre prochain. « Le conflit du Proche-Orient n'est pas un conflit régional mais mondial. Que faut-il attendre ? Qu'il y ait plus de morts ? Plus de souffrances ? » Le président français s'est déclaré prêt à convoquer, en accord avec l'Egypte et l'Union européenne, un deuxième sommet de l'Union pour la Méditerranée (UPM) si Israël s'engage sur un « gel précis et complet de la colonisation et une relance de la négociation ». « C'est une erreur de penser que l'on peut continuer un processus de colonisation et espérer obtenir la paix », reconnaissait Nicolas Sarkozy, confirmant au passage qu'il recevrait la semaine prochaine, à Paris, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Gel des colonies un préalable pour Sarkozy Sur un autre dossier chaud, le locataire de l'Elysée a appelé l'Iran à « négocier sérieusement » sur son programme nucléaire. Et de le menacer d'un « renforcement très substantiel des sanctions », si aucune réponse favorable n'était apportée aux propositions des Occidentaux « d'engager un dialogue sur la question nucléaire ». Concernant les relations avec l'Afrique, un sommet France-Afrique se tiendra début 2010 en Egypte à l'occasion du cinquantième anniversaire de 14 anciennes colonies françaises. Par ailleurs, les chefs d'Etat concernés seront conviés aux festivités du 14 juillet et des contingents de ces pays défileront sur les Champs-Elysées en signe de reconnaissance de leur participation à la libération de la France lors des deux Guerres mondiales. Le chef de l'Etat français a signalé qu'à la fin de cette année, les accords de défense qui lient son pays à huit Etats africains seront négociés « dans une perspective radicalement nouvelle : désormais la France conçoit son rôle d'abord comme un appui à la création de forces africaines capables d'assurer collectivement la sécurité de leur continent, dans le cadre de l'initiative de défense de l'Union africaine ». Le président français a également surfé sur le thème de l'énergie en appelant à un dialogue entre producteurs et exportateurs. Il a par ailleurs estimé que répondre au défi énergétique mondial, suppose aussi l'accès au nucléaire civil « en plaidant » pour « un juste partage ». Une soixantaine de nouveaux pays dans le monde ont marqué leur intérêt pour des programmes électronucléaires, a indiqué Nicolas Sarkozy qui a annoncé l'organisation par la France, dans les prochains mois, d'une conférence sur le sujet en liaison avec l'AIEA.