En annonçant qu'il quitte Oasis, le guitariste Noël Gallagher pourrait sonner la fin d'un des groupes phares de la pop britannique miné depuis toujours par ses incessantes querelles avec son frère Liam. A l'issue d'une énième altercation, vendredi, les deux frères ont annulé le concert prévu dans le cadre du festival rock en Seine, près de Paris. Noël a ensuite annoncé, sur le site internet d'Oasis, qu'il quittait le groupe, ne pouvant plus travailler « un jour de plus avec Liam ». Leur tournée mondiale, débutée après la sortie en 2008 de leur dernier album Dig out your soul, est également annulée. Depuis la formation du groupe, en 1991 à Manchester, dans le nord-est de l'Angleterre, les chamailleries entre les deux frères ont fait le délice de la presse populaire britannique. Liam, 36 ans, le chanteur, et Noël, 42 ans, le compositeur et principal guitariste, sont déjà passés quatre fois au bord de la rupture. Mais ils ont toujours fini par se réconcilier, pour perpétuer un groupe qui a vendu près de 50 millions d'albums dans le monde, selon les médias britanniques. Ce dernier coup d'éclat fait cependant douter de leur capacité à retisser des liens. Cette fois, ce n'est pas l'impulsif Liam qui annonce avec fracas qu'il abandonne tout, mais bien le calme et réfléchi Noël. Hamish McBain, du magazine musical New Musical Express (NME), estime que Noël pourrait bien avoir tiré un trait définitif sur Oasis. « La relation entre Noël et Liam a été glaciale pendant cette dernière tournée, mais elle l'avait également été auparavant », a-t-il déclaré à la BBC. « Noël a quitté des tournées par le passé, Liam ne s'est pas présenté à des concerts et ils ont continué. Mais, vu la manière dont Noël l'a présenté sur le site d'Oasis, on a l'impression que ça à l'air définitif. » Alan McGee, le premier producteur d'Oasis, juge aussi extrêmement sérieux ce dernier différend, mais il prédit une réunion du groupe dans quelques années. « Noël est fier, il ne reviendra pas. Il sait qu'il pourrait faire un album solo qui marche », observe-t-il. Mais « ils finiront probablement par travailler à nouveau ensemble. Quand vous aimez quelqu'un, vous lui donnez une seconde chance », prévoit-il. Sans Noël, qui a écrit la plupart des succès d'Oasis, dont Wonderwall ou Don't look back in anger, l'avenir du groupe paraît sombre. L'ambiance au cours de leur dernière tournée était tendue. Les deux frères avaient pris l'habitude de s'invectiver sur le site de micro blogging Twitter. Et la semaine passée, ils avaient dû démentir des rumeurs de séparation, après avoir annulé un concert en Angleterre. Ils ne se parlaient plus depuis un accrochage dans un aéroport, qui avait laissé Noël en pleurs. « Il ne m'aime pas et je ne l'aime pas », a déclaré Liam ce mois-ci dans une interview à NME. « Il faut plus que les liens du sang pour être mon frère. »Les deux frères ont des caractères radicalement opposés. « Noël a toujours eu tendance à être avisé, plein d'esprit, admirablement poli et soucieux d'insister sur le fait que la réputation du groupe repose sur sa musique », expliquait récemment John Harris dans le Guardian. « Liam, à l'inverse, est guidé par l'instinct, peut facilement devenir agressif et semble assez fier de sa fameuse habitude de briser des choses, dont sa relation avec son grand frère », disait-il. L'annonce du départ de Noël a été accueillie comme un « triste, triste jour pour l'histoire du rock britannique » par le tabloïde The Sun, le quotidien le plus vendu du Royaume-Uni. Avec ses albums Definitely Maybe et (What's the story) Morning Glory ?, Oasis s'est imposé dans les années 1990 comme l'un des groupes majeurs issu de la vague britpop, dont la rivalité avec Blur ne cessait d'alimenter les gazettes.