C'est à cette question que nous tenterons de répondre en passant en revue les mesures prises au niveau international et dans notre pays pour en atténuer les effets sur la santé humaine. Faute d'espace, les effets sur les changements climatiques ne seront pas examinés dans cet article.Effets de la pollution : un véritable problème de santé publique Les nombreuses études épidémiologiques menées à travers le monde attestent, sans conteste possible, des effets ravageurs de la pollution de l'air qui pose un véritable problème de santé publique. Les émissions de monoxyde de carbone (CO), des oxydes nitreux (NOX), des hydrocarbures imbrulés (COV) et de l'ozone contenues dans les gaz d'échappement des véhicules provoquent de nombreuses pathologies dont notamment des maladies respiratoires, cardiovasculaires et ophtalmologiques ainsi que différentes formes d'allergies. D'autres polluants comme les aromatiques polycycliques et les particules d'hydrocarbures (suies), surtout présents dans les rejets des moteurs diesel, ont des effets encore plus graves puisqu'ils causent des maladies respiratoires aiguës qui se terminent souvent par des cancers. Cela explique d'ailleurs pourquoi les moteurs diesel sont considérés comme beaucoup plus nocifs pour la santé humaine que les moteurs à essence.Progrès dans la lutte contre la pollution : les véhicules aux normes Euro-5 polluent près de 10 fois moins que les véhicules des années 1970. Pour lutter contre la pollution automobile, deux actions principales ont été menées dans le monde et plus particulièrement dans les pays développés. La première a porté sur le développement technologique des moteurs et des véhicules et la seconde sur l'amélioration de la qualité des carburants. La première action a consisté à doter les véhicules modernes de systèmes de contrôle électronique de l'injection (ECU) qui assurent une meilleure optimisation de la combustion des moteurs, de dispositifs d'enregistrement des paramètres de pollution (OBD) très utiles pour le diagnostic et la maintenance et, enfin, de pots catalytiques et de filtres à particules qui permettent de purifier les gaz d'échappement. Ces systèmes de purification qui réduisent considérablement la teneur en polluants des gaz d'échappement constituent la pièce maîtresse de la lutte contre la pollution automobile. L'équipement de tous les véhicules essence et diesel de pots catalytiques est obligatoire dans de nombreux pays depuis les années 1990. A partir de 2009, les filtres à particules sont également devenus obligatoires pour les véhicules diesel dans la plupart des pays de l'OCDE et certains pays émergents. La deuxième action a porté sur l'amélioration de la qualité des carburants et notamment de la suppression du plomb dans les essences et de la réduction de la teneur en soufre du gasoil à un niveau très bas (0,001%) Ces deux mesures ont été décidées non pas, comme on pourrait le penser, à cause de la nocivité intrinsèque du plomb et du soufre, mais surtout parce que ces composés chimiques endommagent gravement les pots catalytiques et les filtres à particules qui ne peuvent plus, dans ces conditions, remplir leur fonction essentielle de purification des gaz d'échappement. D'autres mesures telles notamment la baisse de la concentration des carburants en benzène et en composés aromatiques ont été prises en raison de la nature cancérigène de ces contaminants. L'ensemble de ces actions a permis la mise au point de véhicules modernes beaucoup moins polluants. A titre d'exemple, les véhicules conformes à la norme Euro-5, qui est la norme requise pour tous les véhicules mis sur le marché européen à partir de 2009, polluent près de 10 fois moins que les véhicules commercialisés dans les années 1970 . Normes pollution des véhicules importés en Algérie : à aligner rapidement sur les standards internationaux. La réglementation nationale ne fixe pas de normes de pollution pour les véhicules de transport de marchandises de plus de 3,5 tonnes. Pour les autres catégories de véhicules, les seuils limites réglementaires sont d'un niveau intermédiaire entre les normes Euro 2 et Euro 3. Ces normes sont complètement dépassées ; elles autorisent un niveau de pollution 2 à 3 fois plus élevé que les normes Euro 5 (voir tableau). De plus, la réglementation nationale n'exige pas que les véhicules soient équipés de pots catalytiques et de filtres à particules dont le rôle est déterminant dans la réduction de la pollution. En l'absence de ces équipements, même l'utilisation de l'essence sans plomb, censée être «propre», n'a plus aucun effet sur le niveau de pollution des véhicules. En effet, la composition des gaz d'échappement des véhicules non munis des catalytiques est, hormis la présence du plomb, rigoureusement identique, que l'on utilise de l'essence ordinaire ou de l'essence sans plomb. Une révision rapide de la réglementation nationale dans le sens d'un alignement sur les standards internationaux les plus conservateurs est, de notre point de vue, indispensable au regard des effets dévastateurs de la pollution automobile sur la santé de nos citoyens. Imposer des normes strictes de pollution pour les véhicules importés permettra également d'éviter au marché national de devenir un débouché naturel de véhicules de technologie obsolète, car les véhicules polluants sont souvent d'ancienne génération. La mise en place de ces normes devrait, bien entendu, s'accompagner de l'introduction sur le marché national du gasoil à base teneur en soufre qui est requis pour le fonctionnement des véhicules diesel munis de dispositifs antipollution. Dans l'attente de sa production dans nos raffineries, ce carburant peut être rendu disponible par importation en remplacement du gasoil ordinaire que l'on importe déjà. Conclusion L'ampleur des effets de la pollution automobile sur la santé humaine a conduit de nombreux Etats à mettre en place des dispositifs réglementaires imposant des normes de plus en strictes en matière de teneur en polluants des gaz d'échappement. Pour s'y conformer, les constructeurs automobiles ont mis au point des véhicules utilisant des technologies innovantes qui réduisent drastiquement le niveau de pollution. S'il est vrai que ces actions n'ont pas supprimé totalement le phénomène de la pollution, il n'en n'est pas moins vrai qu'elles ont contribué à en atténuer significativement les effets néfastes. Notre pays, où ce phénomène de pollution a atteint un niveau alarmant dans les grands centres urbains, gagnerait à prendre des mesures réglementaires similaires et s'aligner sur les normes de pollution internationales les plus conservatrices. Ces mesures sont d'autant plus justifiées qu'elles entraînent, outre une meilleure protection de l'environnement, une plus grande rationalisation de la consommation de carburant, car les véhicules peu polluants sont en général très économes et une utilisation plus importante de carburants propres comme le GPLC et le GNC qui sont les plus disponibles dans notre pays.