New York. De notre envoyé spécial Le rythme des arrivées au terminal 1 de JFK est tel que la quinzaine d'officiers chargés du contrôle des passeports suffit à peine à absorber le flux des passagers. Vérifications du visa et des empreintes digitales. «Quel est l'objet de votre visite aux USA ?» L'invitation de la Columbia University School of Journalism agit comme un sésame. Moins d'une minute pour entrer sur le territoire américain. C'est la première idée reçue sur l'Amérique qui s'effondre. Etant d'une nationalité qui a grandement contribué à pourvoir la nébuleuse terroriste islamiste en hommes et en munitions, je m'attendais plutôt à un interrogatoire serré, voire une minutieuse et humiliante fouille corporelle. Le taxi file sur l'expressway vers Manhattan Upper West Side. Le chauffeur est un immigrant avec un fort accent indien. Premières images des rues de New York. La circulation est plutôt fluide en cette fin de journée dominicale. Je m'étais mentalement préparé à une ville trépidante avec un trafic automobile démentiel. Une cité qui écrase par son gigantisme. Cela ne sera jamais le cas tout le long d'un séjour de deux semaines. Encore une idée reçue qui s'effondre : The Big Apple, la Grosse Pomme, se laisse croquer avec plaisir. Elle s'avère une ville très humaine, chaleureuse, où il fait bon vivre. Très peu de circulation dans les rues de NYC. Des taxis (yellow cab) en majorité. Pour se déplacer, les New-Yorkais utilisent majoritairement le métro. Une véritable ville sous la ville. Un réseau dense et inextricable de lignes à plusieurs niveaux parcourt la capitale financière du monde dans tous les sens. Certaines stations de métro sont tellement gigantesques que l'on s'y perd facilement. Le mieux, pour un étranger, est de se munir d'une carte du métro à 5 dollars avant de s'y aventurer. Thomas Jefferson et Joseph Pulitzer à l'accueil Chaque matin hormis le week-end, la ligne 1 du métro new-yorkais s'arrête à la station 116. Celle de Columbia University où nous retrouvons les bancs des étudiants. Fondée en 1754, cette prestigieuse université de droit privé fait partie de la célèbre Ivy League qui regroupe les huit plus prestigieuses universités de l'est des Etats-Unis, comme Yale et Harvard, qui sont le cerveau des USA. Ses anciens étudiants ont raflé un nombre impressionnant de prix Nobel. Barack Obama lui-même, l'actuel locataire de la Maison-Blanche, a usé ses fonds de pantalon sur les bancs de la Columbia. Vingt et un journalistes venus des cinq continents ont rendez-vous avec l'école de journalisme. Tous ont gagné dans leurs pays respectifs le Citi Journalistic Excellence Award, qui ouvre droit à un séminaire de formation de 13 jours dans la célèbre école fondée par Joseph Pulitzer. C'est la statue en pied du président Thomas Jefferson qui accueille les nouveaux arrivants sur le perron d'une école de journalisme fondée par Joseph Pulitzer en personne. Belle entrée en matière. Thomas Jefferson a été le troisième président des Etats-Unis et le principal rédacteur de la Constitution du pays et Pulitzer a donné son nom à la plus prestigieuse distinction journalistique au monde. Le séminaire est un programme de cours donnés par de prestigieux professeurs bardés de diplômes ainsi que des visites sur site à de grandes institutions américaines comme le New York Times, la FED, la Bourse de Wall Street ou des rencontres avec des personnalités éminentes du monde des affaires, de la finance et du journalisme. La plus grande réserve d'or du monde Jeudi 9 juin. Visite à la FED de New York, située, 33 Liberty Street, dans le financial district, non loin de Ground Zero. C'est la plus puissante et la plus célèbre des 12 banques centrales des Etats-Unis. C'est la Réserve fédérale qui décide de la politique monétaire des Etats-Unis et qui supervise le système bancaire américain. Devant l'entrée de cette vénérable institution, un policier débonnaire plaisante avec les journalistes et accepte volontiers de se faire prendre en photo. Les appareils doivent être soigneusement rangés une fois le portail franchi. Quelques explications sommaires sont fournies avant de prendre l'ascenseur pour une visite guidée du «gold vault», la chambre forte qui abrite la réserve d'or des Etats-Unis et celle de nombreux pays et organisations internationales. 7000 tonnes d'or sous forme de lingots dorment sagement dans cet abri souterrain inviolable, bâti directement sur la roche originelle sur laquelle repose l'île de Manhattan. Au-dessus de nos têtes, on entend à peine le grondement des rames du métro de New York. Derrière un grillage, des piles de lingots nous narguent. Après la visite de la chambre forte nous sommes conviés, au 10e étage, à rencontrer des officiels de la FED prêts à répondre à toutes nos questions. Ils ont pour mission de déblayer le terrain avant la rencontre avec la première vice-présidente de l'institution, Mme Christine Cumming, dont l'entrevue restera cependant, comme le précisent avec insistance nos interlocuteurs, «off the record». Lundi 13 juin. Visite du New York Stock Exchange (NYSE Euronext), la Bourse de New York. Nous sommes invités à nous habiller en costume-cravate. Devant la célèbre institution fondée le 23 décembre 1913, trône la statue de George Washington sur son piédestal sur le perron du Federal Hall. Il est mentionné que sur ce site, le 30 avril 1789, George Washington a prêté serment en tant que premier président des Etats-Unis. New York était à cette époque la capitale fédérale du pays. Les origines de la Bourse de New York remontent à 1792 lorsque des commerçants et des marchands se rencontraient sur ce site, sous un arbre, pour l'achat et la vente de valeurs mobilières. Les Etats-Unis sont un pays relativement jeune mais la profondeur historique de la nation est très souvent valorisée et mise en avant dans beaucoup d'endroits publics. Il faut franchir deux portails de sécurité et se faire établir un pass avec photo d'identité avant d'accéder dans l'enceinte de ce temple de la finance mondiale. A partir d'un balcon réservé à la presse et aux visiteurs, nous avons tout le loisir de regarder le travail des courtiers devant leurs innombrables écrans avant d'assister à la clôture de la Bourse à 16h tapantes sur fond d'applaudissements et de cloche.
Sportifs et bons vivants Difficile de visiter NYC sans faire un tour à l'Empire State Building. Situé entre les 33e et 34e Rues, sur la mythique 5e Avenue, l'Empire est un gratte-ciel qui culmine à 381 mètres au-dessus du sol (un peu plus si on compte la hauteur de son antenne). Il faut patienter et suivre une longue queue de touristes avant de pouvoir prendre l'ascenseur vers le 86e étage. Moins d'une minute pour monter 80 étages avant de prendre un autre ascenseur vers le 86e étage et son observatoire ouvert au public. La vue est imprenable sur New York et la célèbre Manhattan Skyline. Chaque année, ce sont près de 3,5 millions de personnes qui accèdent au 86e étage de l'Empire pour jouir du panorama exceptionnel qu'il offre sur la ville de New York et ses environs jusqu'au New Jersey. Compter 22 dollars pour le prix de la visite. L'Empire a récupéré son statut de plus haut gratte-ciel new-yorkais depuis les attentats du 11 septembre 2001. Les New-Yorkais sont très sportifs. A n'importe quelle heure du jour, on peut voir des joggers sprinter. Hommes et femmes de tout âge et de toute condition sociale s'adonnent à ce sport. Il existe un nombre incalculable de clubs de fitness dans la Big Apple. Les magasins d'équipements et de vêtements sportifs fleurissent à chaque coin de rue. C'est la «New York attitude». Il suffit de lever la tête pour voir, à différents étages, à travers les baies vitrées, les gens chevaucher divers engins de remise en forme. Plus qu'un phénomène de société, le sport à New York est carrément une religion. Son principal temple se trouve cependant à Central Park. Par chance, notre hôtel est situé à quelques blocs de parc. Impossible de résister au plaisir d'un jogging matinal ou d'une balade en fin d'après-midi dans ce mythique jardin d'Eden qui s'étend sur près de quatre kilomètres carrés. De jour comme de nuit, les lumières et les panneaux publicitaires géants de Times Square attirent des essaims de touristes. Et pour cause, ce lieu mythique, considéré comme le cœur touristique de la ville, est une icône de New York. Il concentre un grand nombre de théâtres, de music-halls, de salles de spectacles mais le plus grand spectacle reste cependant celui de cette foule en mouvements au milieu des jeux de lumière des enseignes publicitaires. Petite halte au Hard Rock café où l'on peut acheter t-shirts, souvenirs, guitares ou juste admirer d'autres icônes comme cette fameuse guitare de George Harrison avec laquelle il a joué au concert pour le Bangladesh. Séjourner à New York sans faire un tour à Time Square est tout simplement impensable. La ville de tous les superlatifs Si New York est la ville de tous les superlatifs, les Américains, eux, sont plutôt du genre cool. Ils sont directs, facilement abordables et très courtois dans leurs échanges avec autrui. New York est un melting pot où sont venues se fondre toutes les cultures et toutes les influences du monde. C'est pour cela que le racisme n'existe pas. Du moins en apparence. Les New-Yorkais ont beaucoup de savoir-vivre. De 16h jusqu'à 19h, c'est la «happy hour», l'heure joyeuse. Les consommations dans les bars et les restaurants sont à prix cassés. Au sortir du bureau, le New-Yorkais va volontiers boire une bière fraîche accompagnée de quelques amuse-gueule avec des amis. La convivialité est au rendez-vous. A partir de 19h, les restaurants, les terrasses des cafés et des bars sont bondés. Mark est un New-Yorkais pure souche. Un vrai WASP (white anglo-saxon protestant). Sandy est d'origine coréenne. Voisins de table dans un restaurant de Manhattan, le couple a tôt fait d'engager la conversation le plus naturellement du monde. Mark avoue beaucoup aimer New York : «C'est une ville cosmopolite et facile à vivre. L'air y est sain, il n'y a aucun problème pour se déplacer et c'est le centre de la future économie mondiale. Que demander de plus ?» Après avoir quitté le restaurant, le sympathique couple revient pour nous offrir des invitations pour le concert des Black Eyed Peas à Central Park. Mercredi 15 juin. Il est 19h passées mais sur les marches du Metropolitan Museum of Art de New York, une foule compacte se presse encore pour rentrer dans ce temple de l'art. Des premiers balbutiements de l'humanité jusqu'à nos jours, l'art humain est montré dans toute sa diversité et sa richesse. Une visite qui donne le vertige. Le musée est tellement gigantesque que l'on s'y perd à vagabonder d'une galerie à l'autre, au gré de son humeur. A la condition de ne pas utiliser de flash, on peut prendre toutes les photos que l'on veut quand cela est expressément interdit. Deux jours plus tard, nous avons une autre occasion de constater l'engouement des New-Yorkais pour la science et la culture. La même foule dense et enthousiaste se presse à l'entrée du Museum of Natural History pour admirer la plus grande exposition jamais consacrée aux dinosaures. Qui a dit que les Américains ne s'intéressaient qu'au base-ball ? Jeudi 16 juin 19h55. JFK Airport. L'avion d'Air France décolle après avoir fait la queue pendant 20 minutes sur la piste de décollage. Dernier regard sur les lumières de la ville qui ne dort jamais. Clair de lune au-dessus de l'Atlantique. Alger, vendredi après-midi. Il fait un soleil à assommer un chameau. Après avoir négocié le prix de la course jusqu'en Kabylie pour 4500 DA, le taxi de l'aéroport se ravise et demande 50 euros. Je suis bel et bien au pays. Welcome back in Algeria.