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Soufiane Djilali. Président de Jil Jadid : «Des sous-traitants politiques engagés pour contourner l'élection présidentielle»
Publié dans El Watan le 20 - 12 - 2018

A l'approche de la convocation du corps électoral, des voix s'élèvent pour réclamer un report de la présidentielle, sans aucune base juridique. Qu'en pensez-vous ?
Oui… En fait, nous avons été surpris par cette demande de report de la présidentielle. Elle constitue une transgression évidente à la Loi fondamentale du pays. Même un amendement de la Constitution par voie parlementaire serait illégal. Sans référendum, il n'est pas possible de toucher aux équilibres des pouvoirs.
Or, prolonger le mandat à 7 ans, par exemple, changera totalement l'architecture institutionnelle. D'ailleurs, l'article qui définit la durée du mandat est celui qui les limite à deux. L'article 212 de la Constitution interdit explicitement l'amendement de cet article. De toutes les façons, on ne peut pas opérer de telles réformes, à la va-vite, à trois semaines de la convocation du corps électoral. Cette situation est, pour le pays, d'une gravité exceptionnelle.
Qui en est responsable ?
Au cœur du problème, un homme entouré de ses proches a décidé mordicus de finir ses jours sur le trône. Mais sachant que le Président n'est plus du tout en état de traduire cette volonté dans la réalité des faits, ce sont ses plus proches qui ont décidé d'accomplir pour lui ce vœu.
Eux-mêmes, maintenant, se trouvent piégés par les résultats de leur propre exercice du pouvoir qu'ils ont dû assumer à la place du chef de l'Etat. Or, il ne faut pas oublier que le système algérien est particulièrement impitoyable avec ceux qu'il éjecte de son giron. Abdelaziz Bouteflika a vécu, par le passé, la déchéance politique et ni lui ni ses proches ne veulent revivre «la traversée du désert» avec le risque de se voir harcelés par les successeurs.
La fin de règne de Bouteflika n'est donc pas pour demain…
Contrairement aux aspirations des Algériens, les actuels locataires d'El Mouradia voient avec inquiétude la fin de leur règne et surtout les risques personnels qui pourraient s'ensuivre. Ils feront tout pour rester encore autant qu'il sera possible, quitte à transgresser la Constitution.
Ils espèrent pouvoir trouver une solution à leur problème durant un laps de temps supplémentaire, c'est-à-dire imposer le successeur qui leur offre toutes les garanties. Ne pouvant affronter un 5e mandat, à l'évidence irréaliste, ils ont lancé des sous-traitants politiques pour contourner l'élection et gagner du temps au-delà d'avril 2019, probablement jusqu'au jour du décès du Président.
Le report de ce rendez-vous électoral arrangerait-il les affaires du pouvoir qui a toujours refusé de parler de crise ?
Par principe, tout ce qui permet au pouvoir de persister arrange ses affaires. Cependant, je crois que depuis quelques mois, il n'y a plus «un» mais «deux» centres de décision au moins, avec une approche contradictoire. Le clan Bouteflika souhaite les prolongations, mais il semblerait bien qu'une résistance se soit développée à l'intérieur du système, celle-ci étant plus réaliste et mieux avertie pour ses propres intérêts.
Cela explique les cafouillages depuis au moins l'affaire de la cocaïne et tous les bouleversements qui ont suivi. Dans cette lutte sans merci pour leur survie, il n'y a plus de place aux coquetteries. Les plus hautes autorités du pays pourraient in fine reconnaître une crise tout en l'imputant à l'opposition, à la chute du prix du pétrole ou, pourquoi pas, au peuple lui-même. De toutes les façons et selon le bout que l'on aborde la question, la crise en est la conclusion.
N' y a-t-il pas une alternative sereine possible ?
Non. Après 20 ans de règne, l'Algérie n'est pas en mesure d'opérer une alternative sereine, les institutions ont été terrassées, les lois bafouées. La justice n'est plus qu'une parodie humiliante, les libertés sont réprimées, les partis déstructurés, les élections faussées, le Conseil constitutionnel une bouffonnerie…
Les premiers responsables de l'Etat parlent même de «la légitimité du fait accompli», en lieu et place de la légalité ! Au plan économique, l'Algérie a créé plus de fausse monnaie qu'elle n'a pu gagner en un an grâce à la vente des hydrocarbures ! La dette interne est déjà à 40% du PIB, la valeur du dinar est en chute libre et le chômage fait des ravages.
Le chef de l'Etat ne reçoit plus qu'épisodiquement des étrangers, mais ne parle pas au peuple, ne dirige pas de vrais Conseils des ministres, n'assume plus ses obligations constitutionnelles, etc. Les Algériens sont profondément démoralisés, se sentent humiliés et ont tous envie de quitter le pays, même au risque de leur vie. La médiocrité est partout et la corruption règne dans tous les secteurs.
S'il ne s'agit pas d'une crise profonde de l'Etat algérien, alors il faudrait nous expliquer ce qu'est une crise ! Certains observateurs pensent que l'option du 5e mandat serait déjà abandonnée en raison de l'état de santé du président Bouteflika. Etes-vous du même avis ?
La tentative de faire passer la prorogation du mandat dans l'opinion publique est le signe que le 5e mandat est devenu trop compliqué. Mais à mon avis, si l'option du report de l'élection ne passe pas, il n'est pas impossible que celle du 5e mandat refasse surface, bien qu'anticonstitutionnelle. La Constitution limite à deux les mandats et l'on nous parle du 5e ! Quand les couloirs du labyrinthe sont bloqués, celui qui s'y est perdu retourne vers l'issue encore possible, même si elle est risquée.
Maintenez-vous votre demande d'application des dispositions constitutionnelles relatives à l'état d'incapacité physique du président de la République ?
Dans un Etat de droit, cet article de la Constitution aurait été appliqué dès le mois de mai 2013. Le 4e mandat a été une hérésie. Le 5e serait pure folie. Oui, sans aucun doute, l'actuel article 102 de la Constitution aurait dû être activé.
Vous vous opposez non seulement au 5e mandat, mais aussi à un remplacement de simple forme…
Beaucoup de politiques et même des analystes nous reprochent une forme de focalisation de nos critiques sur la personne du Président. Permettez-moi donc de préciser les positions de Jil Jadid à ce sujet. Pour nous, il est une évidence que le départ de M. Bouteflika est une nécessité, si l'on veut éviter le naufrage du pays.
Cependant, son départ posera avec acuité la question du changement de système. Il faut comprendre qu'après deux décennies de règne, le Président a profondément marqué la nature du régime. Il a manœuvré pour cloisonner les divers centres de décision qu'il a formés autour de lui en nommant des personnalités qui lui ont prêté allégeance. Il a fait en sorte que personne ne puisse se liguer contre lui, en montant les uns contre les autres. De même, il a interdit toute émergence de figures politiques autonomes, dans l'opposition ou même parmi ses soutiens.
Il a donc créé un régime qui ne peut fonctionner sans lui. La preuve est que la succession semble impossible au point où le système préfère garder un homme invalidé par la maladie que de risquer de confier son destin à une autre personne, même proche du clan. A force de régner par la ruse et les manœuvres, Bouteflika s'est enfermé dans son propre piège en condamnant son système qui ne lui survivra probablement pas.
Son départ devrait s'accompagner de changements profonds. C'est exactement dans cette phase-là qu'une opposition entreprenante et déterminée pourrait obtenir quelques concessions pour l'Etat de droit, alors qu'un nouveau régime se mettra en place. Même si tout le système ne disparaîtra pas, le recyclage partiel s'accompagnera d'une évolution possible des structures de gouvernance.
Notre espoir est que l'effondrement du régime «bouteflikien» en cours n'entraînera pas dans son sillage les structures de l'Etat. Voilà pourquoi nous estimons à Jil Jadid que le départ de Bouteflika est un préalable, mais bien entendu pas suffisant !
Est-il possible dans le contexte politique actuel d'organiser une élection présidentielle ouverte et démocratique ?
J'avoue que cela sera très compliqué. Dans notre dernier communiqué, nous avions reconnu qu'une élection transparente relève de vœux pieux, ne serait-ce que parce que les conditions d'une compétition loyale ne sont pas là. Des élections d'une telle importance sont préparées deux années, pas trois mois, avant le scrutin.
L'issue de l'élection sera très fortement influencée par plusieurs acteurs : la Présidence actuelle, le gouvernement et son administration, les partis du pouvoir, l'opinion publique, même secondairement, et bien sûr l'institution militaire. Cette dernière a toujours eu le dernier mot même, si celui-ci couronne une forme de consensus interne au système. C'est en quelque sorte l'ultime arbitre. Il faut donc l'interpeller, la mettre face à ses responsabilités et lui demander de tirer les conclusions de ses précédents choix pour qu'elle s'engage à respecter la volonté populaire et à accompagner la mise en place de véritables institutions.
Vous demandez un changement pacifique. Pensez-vous que les conditions sont réunies pour le concrétiser ?
Reconnaître la complexité d'une situation ne doit pas nous entraîner vers l'abdication de nos exigences. Nous ne baisserons donc pas les bras. Ce ne sont pas les élections en soi qui nous motivent, mais le processus de mise en place d'un véritable Etat de droit qui nous intéresse. Sauf à croire au père Noël, la future élection sera donc orientée. La question est : vers quoi le sera-t-elle ? Nous avons fait, à Mouwatana, des propositions sages et raisonnables. Un nouveau Président élu qui s'engagerait en un mandat unique et à mettre en route un processus constituant, à réformer les lois sur les partis, sur les associations, sur l'information et sur les élections. La mise en place d'une commission indépendante de l'administration serait le point culminant de ces réformes et permettrait de clore enfin le chapitre de la fraude.
En cinq ans, l'Algérie pourrait se doter d'une nouvelle feuille de route, d'institutions élues de façon transparente et commencera à affronter les véritables défis du monde qui nous attendent.
Les partis de l'opposition lancent des initiatives politiques et font des propositions de sortie de crise. Mais ils n'arrivent toujours pas à parler d'une seule voix. Pourquoi ?
Il est normal que les partis participent à la réflexion sur une sortie de crise.
C'est leur métier. L'urgence politique étant là, les interventions publiques tournent toujours autour des questions d'actualité. Ils peuvent s'entendre ou faire des propositions spécifiques. Il n'y a pas de règle immuable, c'est justement cela le jeu de la démocratie. Mais les partis politiques doivent aussi remplir une autre fonction beaucoup plus sensible : réfléchir aux grandes questions qui se posent à notre société et comment on pourrait y répondre. Le monde est actuellement en plein bouleversement.
Des contraintes majeures sont à l'œuvre (certains les qualifient d'hypertendances) et vont déterminer l'évolution de la civilisation actuelle sur les 30 ou 50 ans à venir. Les règles, qui avaient façonné les relations internationales et l'économie-monde, sont en train de changer très rapidement. Dans le document préparatoire de notre programme de 2019, le conseil scientifique de Jil Jadid a répertorié au moins dix grandes contraintes pour notre pays.
Lesquelles ?
Je cite pêle-mêle la démographie et le phénomène migratoire, les changements climatiques avec la rareté hydrique, la pénurie prévisible de l'énergie fossile, les tensions géopolitiques et les risques de dislocation des grands ensembles, la concurrence des monnaies internationales et l'avenir du système financier et bancaire mondial, les nouvelles technologies, l'universalisme culturel et la mondialisation en action, etc. En plus de ces défis qui s'imposent à nous, il y a des questions de société qui se posent avec gravité sur l'identité, l'islam, les rapports hommes/femmes…
Enfin, des choix judicieux devront être opérés pour rendre performants nos structures institutionnelles, notre mode de gouvernance, l'Etat de droit, la démocratie…, pour mettre en synergie nos ressources tant humaines que matérielles. Je voudrais envoyer un signal à nos concitoyens pour leur dire qu'il y a un effort de qualité que nous déployons tant dans la réflexion que dans la formation des cadres (à Jil Jadid, nous avons 5 degrés de formation).
Souvent l'urgence politique et médiatique nous fait occulter l'essentiel : la préparation d'une véritable classe politique d'envergure pour l'avenir. C'est compliqué dans notre situation, mais je peux vous assurer que nous avançons à pas régulier. Le sort de l'Algérie dépend de ce genre d'engagement, avant tout, citoyen. L'Algérie a un potentiel exceptionnel. Il attend d'être mis au service de la patrie.


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