Le prix de la sardine est tombée, ces jours-ci, jusqu'à 20 DA au niveau des marchés de la capitale à contrario des prix des viandes rouges et blanches qui demeurent toujours insurmontables. Cette baisse vertigineuse est fort remarquable lorsqu'on sait, qu'il y a quatre mois, le prix avait culminé à 400 DA au niveau de certaines wilayas comme Alger et Annaba. Cependant, si l'on en croit certains vendeurs de sardines, il n'y a pas un grand engouement de la part des consommateurs. « Je pointe à 8h du matin pour liquider ma sardine en affichant le prix de 40 DA mais deux heures après, je suis obligé de baisser le prix à 20 DA au risque de perdre ma marchandise », indique un vendeur traînant une charrette à Baraki. Un prix qui devrait faire le bonheur des pères de famille durant ce mois de Ramadhan où la frénésie des dépenses a atteint son paroxysme. « J'ai acheté la sardine à deux reprises, mais mes enfants n'en voulaient plus surtout avec la chaleur qui prévaut ces jours-ci », explique un père de famille de 9 membres. Frite, grillée ou en boulettes, la sardine devrait pourtant avoir les grands honneurs sur la table du Ramadhan alors que les recettes de cuisine ne manquent pas en cette période, notamment sur les chaînes de télé. « C'est un type de poisson qui contient beaucoup de protéines et les Algériens ont besoin de cela, mais les habitudes culinaires pendant le Ramadhan privilégient malheureusement pour la santé les viandes blanches et rouges surtout », rappelle Rachid Bouhamidi, médecin vedette de l'ENTV. D'ailleurs, la consommation du poisson en Algérie est estimée entre 4 à 5 kg par habitant, mais beaucoup n'en consomment que très peu, notamment les enfants. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande comme seuil minimal 6,2 kg par an, ce qui est loin d'être le cas chez nous malgré les 1200 km de côtes. En visite en Algérie en 2005, la fondation Mahfoud Boucebci, le psychiatre français David Servan-Schreiber – auteur à succès du livre « Guérir le stress, l'anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse » – préconisait de prendre beaucoup de sardine et d'anchois, puisque c'est frais et à bon marché en Algérie. Comme c'est le cas actuellement au vu du prix qui bat tous les records. Il avait précisé que « les 20% de ce que consomme le cerveau provient des acides gras essentiels que le corps humain ne peut avoir qu'en mangeant de la viande, du poisson, du lait, des œufs et du fromage ». Même la vente du poisson congelé a reculé alors que les commerces proposent une variété assez riche. « Je vends du merlan, du chien de mer, de la saule à de bons prix, mais ce sont juste quelques fidèles clients qui viennent en ce Ramadhan s'approvisionner chez moi », atteste Riad à Bab El Oued. D'autres citoyens continuent de se rabattre sur la viande congelée puisque les prix sont moins exorbitants lorsqu'on sait que la viande fraîche d'agneau tourne autour des 900 DA et celle du veau 750 DA. « C'est lors du Ramadhan 2002 que les Algériens se sont rués en masse sur ce type de viande qui nous parvient de l'Amérique latine », commente un vendeur à Belouizdad (Alger). Reste que pour le citoyen, « la sardine ne peut en aucun cas faire partie pendant un mois du menu surtout que le Ramadhan va chaque année coïncider avec l'été et les grandes chaleurs », fait remarquer âmi Rezki tenant sa canne à pêche face à la mer au niveau de Kettani, à Alger.
