Moyen n De l'avis des professionnels, la sauvegarde de la filière passe inéluctablement par la régulation du marché. Selon certaines statistiques, l'Algérien consomme environ 7 kg de viandes blanches par an. Ce qui est très peu, il faut le dire. Pourtant, les Maghrébins sont réputés pour être de grands consommateurs de poulet ; à titre d'exemple, le Tunisien en consomme en moyenne 9 kg par an, selon Riadh Karma du Groupement interprofessionnel des produits avicoles et cunicoles (Gipac). Pourquoi la consommation des viandes blanches n'est-elle pas importante dans notre pays ? Cela est-il dû à la concurrence des viandes rouges ou à des traditions alimentaires propres à l'Algérie ? Autant de questions qui méritent d'être posées. Ce qu'il y a lieu de noter, d'abord, c'est que l'Algérien consomme presque la même quantité de viandes rouges que de viandes blanches annuellement. Ce qui est «anormal», sachant que le poulet est de très loin moins cher que les viandes rouges ; il est d'ailleurs qualifié de «viande des pauvres». Cette situation ne serait pas étrangère à l'instabilité des prix des viandes blanches. Le kilo de poulet, par exemple, peut passer, en l'espace de quelques jours seulement, de 150 à 230 ou 240 DA. C'est le scénario auquel l'on a assisté récemment : sous l'effet de la propagation de la grippe aviaire à travers le monde, les prix du poulet ont chuté, chez nous, pour atteindre les 100 DA le kilo, voire moins, avant d'augmenter jusqu'à 270 DA en un laps de temps très court. Comme chacun le sait, la demande sur les viandes blanches augmente sensiblement lors des fêtes religieuses comme El-Mawlid Ennabaoui ainsi qu'à certaines périodes de l'année. Comme le marché est très mal régulé — pour ne pas dire qu'il ne l'est pas du tout — l'offre n'est jamais revue à la hausse de façon à satisfaire cette demande. Bien au contraire, elle est parfois revue à la baisse, à en croire certaines sources. De fait, les prix augmentent sensiblement, au grand dam des ménages qui se rabattent souvent sur les viandes rouges. En résumé, quand il y a une forte demande sur les viandes blanches, celles-ci sont toujours chères et parfois même indisponibles. En d'autres termes, la production ne tient jamais compte des besoins du marché. Cet état de fait a fini par créer de nouvelles traditions alimentaires chez les consommateurs qui, à l'instabilité et «l'incertitude» des prix des viandes blanches, préfèrent la cherté des viandes rouges.