Le consommateur ne sait plus à quel saint se vouer. A Oran, le premier constat qui saute aux yeux, est que les tarifs ont presque doublé. Aucune autorité n'arrive à réguler ce marché qui tend à dicter sa loi. Le marché des fruits et légumes, et viandes a bel et bien imposé sa loi. Les tarifs appliqués sont prohibitifs. Le mot d'ordre est déjà passé, il est sans appel. Le consommateur ne sait plus à quel saint se vouer. Ainsi les prix des légumes, fruits, viandes, congelées ou fraîches et les desserts ont pris une courbe ascendante. Le tarif de la pomme de terre, qui variait entre 25 et 30 DA, a franchi ces derniers jours le seuil de 45 DA/kg. Idem pour la carotte, qui dans un passé récent, était vendue à 20 DA et a atteint les 30 DA/kg. Le haricot vert, les poids chiches, les lentilles, les pâtes, ont suivi le même cheminement. Le ftour «spécial Ramadhan» est d'autant plus exigeant qu'il exige d'énormes dépenses et efforts. Choyer la cuisine en viande et s'offrir un repas complet est une affaire chèrement réalisable surtout lorsque la viande, congelée ou fraîche, doit être de la partie. La viande hachée est cédée à 800 DA/kg tandis que le bifteck et les steaks sont hors de portée des couches moyennes. Ainsi, les bouchers d'Oran n'ont pas froid aux yeux en affichant les prix de leurs produits, qu'ils proposent en grande quantité. De paradoxe en paradoxe. Le marché des Aurès (ex-Bastille) constitue la meilleure destination des couches moyennes pour s'approvisionner en poissons. Or, à ce niveau, les temps ont changé, depuis l'avènement du mois de la clémence. La sardine, le pageot, la bonite, la crevette, et tant d'autres espèces de poisson bleu, ont connu une hausse vertigineuse des prix. Ainsi, la sardine le poisson le plus souvent convoité, a grimpé, ces derniers jours, pour atteindre les 150 DA, voire 200 DA dans certains marchés. Même constat chez les vendeurs de viande blanche. Le poulet a repris ses ailes et ses plumes. Alors qu'il était cédé entre 150 et 180 DA/K au marché de référence, ex-Bastille, son prix s'est envolé, pendant ce mois, jusqu'à atteindre les 240 DA/kg au niveau du même marché. Si le repas du ftour est agrémenté, pour les «chanceux» ou «friqués» de desserts variés, la table du «misérable des temps contemporains» se voit souvent tronquée de fromage, de poires, de raisins, des bananes, etc. Même la chamia, dessert traditionnel local à base de semoule et des cacahuètes, très sucré, a connu le même sort. Si le consommateur mise sur la communion de ce mois de piété, les commerçants, eux, mettent le paquet aux fins de s'assurer le maximum de recettes. Une occasion à ne pas rater. A la moindre occasion, à la moindre fête religieuse, la machine de la spéculation est actionnée comme par des mains invisibles. Malgré les déclarations «rassurantes» des pouvoirs publics, les prix des produits de large consommation ne cessent de grimper à Oran, surtout en ce mois de Ramadhan. Ainsi, varier la cuisine du Ramadhan est devenu une illusion sinon une aventure qui peut asséner un coup dur aux petits budgets. La spéculation qui perdure échappe à tout contrôle. La demande qui est tellement forte est le seul argument qui tient debout pour expliquer cette hausse vertigineuse des prix des produits alimentaires. Dire que le marché d'Oran est exceptionnel est une réalité indéniable. Ajouter à cela le marché informel, la situation n'en est que plus dure. Les commerçants continuent à dicter leurs lois et mettent, souvent, à l'index leurs fournisseurs et contestent leur propre culpabilité.