Les transporteurs viennent de passer à la seconde étape de leur mouvement de protestation contre leur délocalisation de l'ancienne gare routière vers la gare multimodale de Bouhinoun, sise au niveau de la rocade sur de Tizi Ouzou. En grève depuis prés de 15 jours, les transporteurs de voyageurs, propriétaires de bus, ont organisé hier une opération escargot sur la RN12. Plus de 300 bus ont été déployés sur l'axe routier à l'est et à l'ouest de la ville. «Notre revendication est claire : nous voulons regagner la gare routière de la ville de Tizi Ouzou en attendant la reprise du projet d'une gare routière à Boukhalfa. Il n'a jamais été question que nous rejoignons les quais de la gare de Bouhinoun même après son extension», tranche M. Amrouch, qui parle au nom de ses collègues. Sur la RN12, une longue file de bus roulent à lente allure entre la ville de Draâ Ben Khedda et l'entrée Ouest de Tizi Ouzou. Un bouchon y est formé. Dans les embouteillages, les citoyens et les conducteurs suffoquent à l'intérieur des véhicules sous un soleil de plomb. «Quand est-ce que ça va se terminer ? », s'interroge un automobiliste tout en sueur. Les ambulances de la protection civile trouvent du mal à se frayer un chemin au milieu des «bus-escargot». Un accident de circulation s'est produit en milieu de journée rendant la situation intenable. La même opération sera organisée à destination d'Alger et l'est de la capitale risque la paralysie totale, avertissent les protestataires. «Nous n'avons rien contre les usagers et le développement. Le transport en est même un outil incontournable», lance un transporteur depuis son siège de conducteur les yeux rivés sur la route. «L'administration n'écoute pas les vrais représentants de la corporation. Nous avons investi beaucoup d'argent dans ce secteur. Comment pourrions-nous rentabiliser sous une concurrence déloyale. S'ils veulent une politique du tout train qu'ils nous le disent», fulmine un autre propriétaire de bus. En plus d'une gare ferroviaire, l'infrastructure de Bouhinoun dispose de 20 quais pour les transporteurs routiers. «Il ne s'agit pas seulement de l'exigüité de cette gare mais nous pensons qu'il y a, en effet, des objectifs inavoués et un projet qui risque d'être détourné», dit-on. Notre interlocuteur fait allusion au projet de la gare routière de type «A» prévu initialement dans le même schéma directeur des transports, et dont l'implantation était retenue à Boukhalfa. Ce programme, selon le directeur des transports de Tizi Ouzou, a été réaffecté dans le cadre du projet de construction du stade de football de 50 000 places dans la même commune. Même opération, même décor à l'autre bout de la ville. Plus de 200 bus sillonnent le tronçon reliant Tizi Ouzou à Oued Aïssi. Sur des banderoles déployées sur les bus on pouvait lire : «Rendez la gare routière aux transporteurs et aux voyageurs. Non à l'anarchie !». Du côté de l'administration, seule une invitation au dialogue a été formulée par le directeur des transports, M. Kamal Rezig. Un appel à une énième rencontre de laquelle les transporteurs n'attendent «pas grand-chose puisque le responsable maintient sa décisio».