Poussés par un sentiment de nostalgie, les anciens de Beni Ferguène ont émis le désir de retrouver leur douar natal et les terres de leurs ancêtres qui les ont vus naître et s'adapter à la nature généreuse de cet immense territoire forestier du fin fond de la commune d'El Milia. Les «exilés» de cette région ne cessent de crier à qui veut les entendre qu'ils ont hâte de retrouver leurs biens perdus dans le sillage de la guerre qui leur été livrée par les groupes terroristes. Il y a quelques jours, une lettre exhaustive de la situation prévalant dans ce douar a été remise en main propre au wali par un groupe de citoyens et des investisseurs natifs de la région. L'espoir est désormais à portée de main pour tracer le chemin du retour de toute une population éparpillée à Constantine, Skikda, ou dans les caves et les taudis de la ville d'El Milia. De cette requête remise au premier responsable de la wilaya, on apprend que Beni Ferguène renferme une dizaine de localités toutes plus prospères les unes que les autres. «Les gens vivaient de l'élevage, la pêche, l'apiculture et l'agriculture maraîchère», nous fait savoir le président de l'association du douar. Jusqu'au milieu des années 1990, la région comptait une vingtaine d'unités de production de volaille, lesquelles ont, aujourd'hui, cessé toute activité. «Les terroristes n'ont laissé aucune trace de vie; ils ont tout brûlé», se lamentent des habitants. Les richesses énumérées relèvent d'un important patrimoine forestier et agricole, ainsi que de potentialités halieutiques et touristiques encore à l'état brut. La célèbre côte de Oued Z'hor, interdite à la baignade depuis bientôt une vingtaine d'années, est l'une des meilleures, sinon la plus belle de toute la Corniche de la wilaya de Jijel. Son site est l'un des plus prenants du littoral jijelien; il offre des parcours imprenables sur une bande côtière à la nature forestière luxuriante. «Pourvu que des investissements touristiques soient lancées dans sur cette bande, toute la région en profitera pour sortir définitivement de son isolement», dit-on du côté des initiés aux secrets de cette plage. «A Oued Z'hor, la nature est encore vierge, tellement pure qu'on y respire le calme et la tranquillité ; mais hélas, c'est une région qui a été violée, et qui a souffert de tant d'années de terreur semée par les hordes terroristes qui ont élu domicile dans son fief forestier», expliquent des habitants, qui reviennent souvent revoir leur terre natale. Là-bas à Oued Z'hor, la vie tente de reprendre timidement ses droits; des anciens du douar reviennent souvent dans des cortèges de voitures, de Constantine et d'ailleurs, replonger dans l'ambiance estivale d'antan. Des magasins, des cafés et même des restaurants ont ouvert à proximité de la plage, même si celle-ci demeure officiellement fermée, indiquent des témoignages concordants. La sablière de cette bande côtière est la seule à être exploitée. «Normal, puisqu'elle génère un énorme profit pour ses exploitants», ironise-t-on. Pour de nombreux habitants, cette sablière est la source de tous les maux de la région. «Elle a porté atteinte à l'environnement, à la plage et à l'agriculture; les dessous de cette sablière coûtent chère à la nature», soutiennent les mêmes interlocuteurs. Des centaines de camions ont détérioré la route, ils l'ont rendue impraticable, a-t-on appris auprès des mêmes témoins. Victime de la dispersion de sa population, mais aussi de cette sablière et des longues années du terrorisme qui l'ont réduite à être une zone interdite, Beni Ferguène souffre de ce dur contexte qui l'éloigne encore de son repeuplement. Les revendications des habitants portent sur l'aménagement de la route et de l'école Amira, ainsi que sur un programme de relance de l'activité agricole et la réalisation de logements dans le cadre de la construction rurale.