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Proces de Adlène Mellah et de ses deux coprévenus : Audience houleuse et colère des avocats
Publié dans El Watan le 20 - 12 - 2018

La petite salle d'audience du tribunal de Bab El Oued, près la cour d'Alger, n'arrivait pas à contenir le monde, qui y a afflué dès 13h30, pour assister au procès de Adlène Mellah (en détention depuis le 9 décembre), Abdelaziz Laadjal et Abdelhafid Benekrouche, qui comparaissent pour «attroupement sur la voie publique», «insubordination et outrage».
Plus d'une vingtaine d'avocats se sont constitués pour les défendre. Seul dans le box, Adlène Mellah fait des signes de la main aux membres de sa famille.
Après la vérification de la filiation des trois prévenus, la parole est donnée à la défense. Des «vices de procédure» sont soulevés. Certains avocats relèvent «le non-respect» de l'obligation de mentionner le nom de l'officier de la police judiciaire qui a établi le procès-verbal d'audition, d'autres évoquent des «erreurs» dans la rédaction de ce document ou «l'absence» de visite médicale dès la mise en garde à vue.
Les avocats insistent sur les deux réquisitions du wali d'Alger auxquelles les policiers ont recouru pour arrêter les trois mis en cause, «alors qu'elles datent du 13 février 2018 et étaient destinées à un chef de sûreté de wilaya qui n'est plus en fonction depuis plus de 5 mois».
Ces réquisitions, disent-ils, «concernent les marches de protestation auxquelles ont appelé les syndicats des médecins résidents.
Dans le contenu, il est bien précisé qu'il s'agit de manifestations d'organisations syndicales. Or, ce sont des citoyens et des artistes qui se sont solidarisés avec Réda City 16, pas des syndicats. Tout ce qui découle de ces réquisitions est nul et non avenu».
Pour le procureur, ces réquisitions sont «des actes administratifs qui n'ont aucune relation avec la poursuite judiciaire». Le représentant du ministère public précise que l'inculpation «n'a aucun lien avec l'exercice de la profession de journaliste». «Il s'agit d'attroupement non autorisé sur la voie publique», souligne-t-il.
Les interventions des avocats et les répliques du procureur vont durer plus d'une heure avant que la juge ne décide de joindre les demandes de la défense à l'examen du dossier dans le fond et d'ouvrir le débat. Elle demande à Adlène Mellah ce qu'il a à dire sur les inculpations.
Il nie les faits en disant qu'il était sur les lieux pour «couvrir, en tant que journaliste», le rassemblement de solidarité avec Réda City 16. «J'étais attablé dans un café à côté de l'Opéra, lorsque les gens des RG (renseignements généraux, ndlr) sont venus me parler. Ils sont tous ici, je les connais bien. Ils m'ont parlé de cette vidéo où je parlais de bavures. Ils m'ont reproché de l'avoir faite.
Je leur ai dit que j'ai réalisé un entretien avec la mère de la victime et que j'ai même des photos. Nous avions parlé un bon moment avant que le commissaire Farid des RG ne vienne pour me demander de partir. J'ai refusé. Celui que vous voyez sur les photos en train de me pousser n'est pas un policier mais un simple citoyen (…).
Les policiers m'ont demandé de les rejoindre au commissariat pour parler de cette fameuse vidéo. Je suis parti seul à pied jusqu'au commissariat, comment peuvent-ils dire aujourd'hui que j'ai désobéi aux ordres ? Ils peuvent me coller toutes les accusations, mais je refuse que l'on dise que j'ai outragé les policiers.
Je les respecte. Le commissaire Farid m'a même dit qu'il était prêt à balancer sa carte de policier, si on lui demandait de me coller des faits que je n'ai pas commis.
Sur les 80 personnes qui étaient présentes, pourquoi c'est uniquement Mellah et les deux autres prévenus qui sont ici au tribunal ?» lance-t-il d'une voix coléreuse. «Que faisiez-vous sur les lieux ?» lui demande la juge.
Le prévenu : «Je couvrais le rassemblement. Le commissaire Farid, que je connais très bien, m'a dit de partir. Il m'a expliqué que des islamistes étaient venus pour politiser le rassemblement. J'étais en train d'écrire un article que j'ai d'ailleurs publié. Puis des éléments des RG m'ont demandé de les rejoindre au commissariat pour parler de cette histoire de vidéo.» La présidente : «Pourquoi avez-vous refusé de quitter les lieux ?» Le prévenu : «Je refuse ce grief.
Vous pouvez me poursuivre pour mes écrits, pour tout ce que vous voulez, mais pas pour outrage. J'ai trop de respect pour les policiers.» La présidente interroge Mellah sur sa relation avec Abdelaziz Laadjal, qu'il dit avoir travaillé avec lui, et Abdelatif Benekrouche, qu'il déclare avoir vu pour la première fois au commissariat lorsqu'il a été placé en garde à vue. «Ils ont ramené le pauvre Benekrouche juste pour en faire une affaire. Je ne l'avais jamais vu avant», précise-t-il.
«J'allais voir une pièce théâtrale, je me suis retrouvé au commissariat»
La juge appelle Laadjal Abdelaziz. «Je suis photographe-caméraman. J'étais sur les lieux pour couvrir le rassemblement. Lorsque j'ai terminé, je suis parti. Arrivé au niveau de la mairie de La Casbah, des policiers en civil m'ont demandé de les suivre.
Au commissariat, ils m'ont interrogé sur ma présence au rassemblement, puis ils m'ont demandé de signer un procès-verbal. J'ai refusé, parce qu'il contenait des propos que je n'ai pas tenus. Ils ont tout réécrit avant de me mettre en garde à vue.»
La juge s'adresse à Abdelatif Benekrouche : «Qu'avez-vous à dire ?» Le prévenu : «J'allais voir une pièce théâtrale. Il était encore tôt, je me suis attablé dans un café, juste à côté. Quand j'ai entendu des cris, je suis sorti. J'ai vu plein d'artistes rassemblés. J'ai pris des photos avec eux.
Des policiers en civil m'ont arrêté.»
Mellah reprend la parole. «Ils veulent me coller des affaires. Pour mieux m'enfoncer, ils ont voulu impliquer mon épouse, à travers un document écrit par un policier et joint dans le dossier», s'emporte-t-il avant que le procureur ne commence à l'interroger sur sa présence au rassemblement, et lui ne cesse de répéter que les policiers sont venus discuter avec lui sur l'affaire de la vidéo.
Sur sa relation avec Abdelaziz Laadjal, il répond : «J'ai eu l'occasion de travailler avec lui, mais je ne le connais pas assez.»
Sous la pression du parquetier, Mellah fini par lâcher : «Je n'ai pas de relation particulière avec lui, puisque j'ai une affaire en justice contre lui…» Le procureur revient à la charge : «Etiez-vous en train de crier : ‘‘Libérez Réda city 16'' ?» Mellah : «Je n'ai pas besoin de le crier, je le fais en écrivant des articles.»
Le magistrat : «Pourquoi n'avez-vous pas quitté les lieux lorsque les policiers sont venus ?» «Personne ne me l'a demandé.
Les éléments des RG sont venus discuter avec moi, parce que je les connais», dit-il, avant que les avocats ne protestent contre les questions du procureur, suscitant la réaction de la présidente.
«Nous sommes dans un procès. Respectez l'audience.» Le procureur revient à la charge. Il demande à Mellah dans quel organe de presse il publie ses articles. «Le journal El Hiwar et mon site électronique (…).
De toute façon, je savais qu'on allait me coller des choses. Ils ont écouté ma discussion avec mon épouse, pour écrire que je lui avais dit d'aller voir la mère de Laadjal pour qu'elle aille voir le patron de la chaîne afin qu'elle lui demande un ordre de mission daté du jour des faits pour moi et pour lui.
Ce n'est pas vrai.» La juge : «Qu'avez-vous demandé à votre épouse ?» Mellah : «Je ne lui ai rien demandé. Je lui ai juste dit qu'elle me manquait et que je l'aimais.» La réponse provoque un éclat de rire dans la salle, suscitant le «rappel à l'ordre» de la juge.
Mais c'est Abdelaziz Laadjal qui apporte la précision. «J'ai demandé à Mellah de dire à sa femme d'aller voir le patron de la chaîne pour qu'il lui signe une attestation de travail», dit-il.
Le procureur s'adresse à Mellah : «Avez-vous une carte de presse ?» Mellah : «Je ne la reconnais pas. Celles qui ont été délivrées par le ministère de la Communication étaient destinées à faire bénéficier les détenteurs de réduction sur les prix d'internet, de transport et d'autres privilèges.
Elles ne sont plus valides et je ne les reconnais pas.» Le procureur : «C'est une atteinte à la dignité du journaliste.
Une carte de presse vous donne le droit d'accéder à l'information, de vous protéger de la prison et de ne pas vous forcer à divulguer vos sources d'information. Elle n'est pas faite pour les privilèges.
Etes-vous assuré social ?» Mellah : «Je refuse de répondre.» Les avocats du prévenu dénoncent «la pression» du procureur, et Mellah crie : «J'exige mon droit de me reposer et de manger. Depuis 9h, je n'ai rien avalé. Je suis très fatigué.»
La juge suspend l'audience pour 20 minutes. Le magistrat revient sur la question de «la carte de presse telle qu'elle est prévue par la loi organique de 2012, et non pas la carte professionnelle émise par les organes de presse».
Le prévenu : «Mon statut de journaliste je le dois aux années d'exercice à Beur TV, et dans mon journal Al Makam, qui reçoit régulièrement la publicité de l'Anep comme aide de l'Etat à la presse.»
Dans son réquisitoire, le procureur revient sur les trois inculpations en disant que Mellah n'était pas sur les lieux en tant que journaliste, «parce qu'il n'avait aucun document qui le prouve».
Il requiert une peine de 3 ans de prison. Pendant plus d'une heure, les avocats plaident la relaxe, en démontrant que «cette affaire est plus politique que pénale, parce qu'elle est entachée d'illégalité».
A chaque fois, la présidente intervient pour recarder le débat, mais Me Bouchachi s'offusque «de cette manière de diriger le procès», qu'il dénonce avec des propos virulents, suscitant le retrait de tous les avocats de la salle. L'audience est levée. Mais les avocats ne décolèrent pas.
Dans leur déclaration commune, ils l'expriment en évoquant une «volonté délibérée d'empêcher» un procès équitable. La présidente se contente des six premières plaidoiries et met l'affaire en délibéré pour le 25 décembre.


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