– La cellule de crise Une structure spéciale a rapidement été mise en place pour mener les négociations avec les pirates somaliens. Cette cellule de crise est basée à Athènes, dans les bureaux de la Sekur Holding Inc., la société grecque chargée de la gestion de la flotte du groupe jordanien CTI, l'affréteur du MV Blida. Elle est composée de Nader Dajani, PDG de CTI, d'un interlocuteur jordanien, et de deux «négociateurs» anglais. Ces derniers sont des experts de ce type de tractations. Ils sont une poignée à travers le monde et travaillent pour des sociétés spécialisées dans la libération d'otages. Au sein de la cellule de crise, le «négociateur» tient la baguette, mais ne dialogue pas directement avec les ravisseurs. Un interlocuteur fixe, appelé le communicant, est chargé de remplir ce rôle. Coaché par le négociateur, c'est lui qui est en contact téléphonique direct avec le chef des pirates tout au long des discussions. De son côté, le ministère des Affaires étrangères algérien a également monté une cellule de crise. Elle se réunit une fois par semaine, mais n'a aucune responsabilité dans les négociations. – Des négociations longues et difficiles D'après Nasseredine Mansouri, directeur général de l'International Bulk Carriers (IBC) et armateur du MV Blida, le «dialogue entre la cellule de crise et les pirates est quasi-quotidien». Les négociations sont toujours en cours, mais rien ne filtre sur les revendications précises des pirates. Pour le moment, le montant de la rançon est inconnu. Nous avons tenté de joindre l'affréteur jordanien du MV Blida à maintes reprises, mais nos appels sont restés sans réponse. Etant donné la durée de la prise d'otages et la fréquence des contacts avec les pirates, tout laisse penser que la rançon est bien trop élevée, du goût de l'affréteur. «Les pirates maîtrisent le facteur temps, voilà le gros problème», estime M. Mansouri. Malgré la longueur de la prise d'otage, le directeur général d'IBC reste «optimiste» pour la suite des opérations. Lors de son dernier appel, Nader Dajani, l'affréteur du MV Blida, lui aurait en effet confié qu'il y avait de «fortes chances» de voir les otages de retour en Algérie avant le début du mois de Ramadhan. – Les dernières informations sur les otages Les pirates veillent à ce que les marins décrivent des conditions de vie déplorables lorsqu'ils appellent leurs familles. Cela leur permet d'accentuer la pression sur la cellule de crise et d'imposer leurs exigences. Si cette technique est connue des négociateurs en piraterie, l'état de santé des marins du MV Blida est bel et bien préoccupant. Tous séquestrés dans la même pièce, ils boivent de l'eau non potable et doivent se contenter d'un bol de riz par jour. Certains sont malades, d'autres sont durement atteints psychologiquement. «Ici, on a déjà du mal à supporter la chaleur de ces derniers jours. En Somalie, c'est bien pire : ça peut grimper à plus de 50 degrés», se désespère Abdelkader Achour, frère de l'un des marins détenus en otages, joint par téléphone. D'après lui, la situation de son frère Mohamed et de ses collègues est plus que critique. Comme l'ensemble des familles, Abdelkader espère une libération des otages avant le mois de Ramadhan. Mais il avoue avoir un peu perdu espoir. «On nous laisse entendre qu'ils pourraient être libérés avant la fin du mois, explique-t-il. Sauf que ça fait bientôt sept mois qu'on nous dit la même chose et rien ne se passe.»