A trois jours du début du mois sacré de Ramadhan, le calvaire des familles des 17 marins algériens, otages des pirates somaliens, s'exacerbe. Aucune nouvelle des leurs depuis un mois et aucune oreille attentive de la part des autorités, ne serait-ce que pour les rassurer. Hier encore, les familles des otages ont tenu un sit-in devant le ministère des Affaires étrangères sans résultats puisque, «M. Amghar, du service consulaire, qui nous a reçus ne nous a rien annoncé de nouveau», se désole, Fouzi Aït Ramdane, porte-parole des familles et fils d'un des otages. «Le seul négociateur, c'est Nader Dajani, PDG de CTI, l'affréteur du MV Blida, qui transmet à son tour les renseignements à Nasseredine Mansouri, directeur général de l'International Bulk Carriers (IBC)», dit-on aux familles. «Comme si nos enfant sont des Harraga.» Abattues par l'étrange silence des autorités algériennes, les familles des 17 marins s'impatientent. Elles ne savent plus à quel saint se vouer et leur désarroi est des plus grands mais elles «résistent» et gardent un mince espoir de voir les leurs sains et saufs. Sous un soleil de plomb, les familles des 17 otages venues de Beni-Saf, Annaba, Tizi Ouzou… ont tenu cet énième rassemblement devant le ministère des Affaires étrangères au lendemain d'un autre sit-in devant l'ambassade de Jordanie à Alger, pour crier leur colère et rappeler leur profonde détresse. Femmes et enfants en bas âge étaient là sous un soleil de plomb, sans que cela n'émeuve les responsables des AE. «M. le président, SVP, finissez le cauchemar et libérez nos marins», «Nos enfants otages en Somalie, combien vaut leur vie ?» ou encore, «Ne laissez pas la vie des Algériens entre les mains de l'affréteur», sont quelques-uns des slogans brandis par les femmes et les enfants des 17 marins, dont les visages sont marqués par 7 mois d'attente vaine. «L'Etat algérien est absent. Voudrait-on qu'on fasse appel à un pays étrangers ?», vocifère Mme Kahli, sœur de l'otage le plus âgé, Smaïl Kahli, qui arrive à peine à retenir ses larmes. En écoutant Mme Kahli nous raconter la détresse des familles, une petite fille, d'environ 12 ans, tenant une pancarte où il est écrit «SOS, rendez-moi mon papa», sanglote. Mme Kahli poursuit : «A trois jours du Ramadhan, nous sommes toujours dehors et aucun responsable ne veut nous rassurer», crie-t-elle, avant d'appeler les plus hauts responsables de l'Etat, dont le président de la République à «s'impliquer». «Que l'Etat s'implique ou, au moins, qu'on nous donne des garanties pour rentrer chez nous», s'écrie encore notre interlocutrice qui qualifie de «honte» le fait que les familles soient obligées de taper à toutes les portes y compris à celle de l'ambassade jordanienne à Alger. «Nous sommes livrés à nous-mêmes sous une chaleur atroce alors que les responsables des AE sont bien au frais», ajoute encore Mme Kahli qui parle de «cellule bidon», lorsqu'elle évoque la cellule de crise chargée de négocier la libération des marins. Sept mois depuis la détention des 17 marins, leurs familles entendent le même refrain : «Patientez, tout se réglera bientôt.»