Le conflit qui mine la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH) est loin d'être fini. Le président de l'organisation, maître Hocine Zehouane, doit faire face, cette fois-ci, à la Fédération internationale de droits de l'homme (FIDH) à laquelle la ligue est affiliée. Après que l'organisation internationale ait pris le parti de maître Mustapha Bouchachi, en reconnaissant sa tendance, la LADDH a exprimé sa réprobation quant à la décision de la FIDH. Dans une missive au contenu très virulent adressée à la présidente de l'organisation internationale, la Tunisienne Souhayer Belhassen, Me Zehouane dénonce une « décision contraire au règlement et à l'éthique de la FIDH, aberrante et scandaleuse. Elle ne fait que polluer davantage l'atmosphère et ne sert nullement les intérêts de la FIDH ni ceux de ses organisations membres ». Cette lettre, qui n'a pas été tendre envers la présidente Belhassen, a qualifié le choix de la FIDH d'acte « d'encouragement pour de futurs dissidents qui depuis bien longtemps ont essayé de déstabiliser la LADDH et qui ont réalisé leur rêve avec la complicité de ceux qui se sont toujours acharnés contre notre pays et son peuple ». Et d'ajouter : « Votre décision quasi personnelle et teintée de subjectivisme ne nous discrédite pas, mais porte gravement atteinte à la crédibilité de la FIDH sous votre mandat, qui au lieu de promouvoir l'émergence d'organisations toujours plus nombreuses consacrées à notre noble mission, préfère en éliminer au nom d'un choix partial contre notre organisation qui compte plus de deux décennies de lutte acharnée contre la dictature. » La ligue version Zehouane aurait souhaité voir la FIDH jouer un rôle conciliateur et « non pas accentuer la division des deux camps. Vous auriez dû prévoir une rencontre entre antagonistes en présence de votre bureau pour une décision sage et équitable et contribuer à l'apaisement des esprits sans être partie prenante pour les uns ou les autres », ajoutent les rédacteurs de la lettre. Ne mâchant pas ses mots, Me Zehouane va jusqu'à dire que la décision de la FIDH fait le jeu du pouvoir algérien : « Exclure la LADDH légitime des rangs de la FIDH, sans le savoir Madame, vous avez exaucé là le voeu du pouvoir algérien qui excelle dans les redressements mais qui s'en est jusqu'à présent abstenu ». Sans user de langage diplomatique, la ligue charge la présidente de la FIDH en déclarant : « On aurait aimé, Madame, vous voir exprimer une telle hâte dans la décision quand les enfants de Ghaza la martyre étaient brûlés au phosphore blanc ou dénoncer avec la virulence qui sied des situations de non-droit à Abou Ghrieb, au Sahara occidental où tout un peuple trépassait sous vos yeux détournés sans même un érythème pudique », avant de lui rappeler : « Vous ne détenez ni d'estampille de légitimité ni ne donnez de chèque d'absolution pour permettre à des militants déterminés et convaincus d'agir pour un idéal dont vous ne détenez pas le monopole. »