Ainsi, la présidente du Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA), Nasséra Dutour, et sa famille font l'objet d'un harcèlement policier. Dans un communiqué, rendu public hier, le CFDA et SOS Disparus dénoncent des atteintes aux droits les plus fondamentaux des familles qui visent à les faire plier. Selon ce communiqué, Nasséra Dutour, mère de disparu et porte-parole du CFDA, et les membres de sa famille «ne cessent d'être harcelés par des policiers qui viennent régulièrement, en tenue officielle, frapper au domicile de Mme Yous, mère de Nasséra Dutour, pour lui exiger de signer des documents». «Ils (les policiers) lui disent qu'elle avait le droit de signer à la place de sa fille en la menaçant de l'emmener au commissariat si elle refusait. La toute dernière fois c'est le frère du disparu qui leur a ouvert la porte. Les policiers ont aussi tenté de lui faire signer les papiers. Jusqu'à récemment, c'étaient les gendarmes qui se déplaçaient, mais une plainte a été déposée, à leur encontre, pour harcèlement devant le procureur», lit-on dans ce communiqué. Ces intimidations et ces pressions visent, selon la même source, à faire accepter à la présidente du Collectif des familles des disparus en Algérie les indemnisations, alors qu'elle continue d'exiger la vérité sur le sort réservé aux disparus. Le communiqué ajoute que «les services de la daïra de Baraki convoquent régulièrement Nasséra Dutour lui demandant de se rendre au commissariat ou au tribunal pour qu'elle accepte les indemnisations». «Ils sont même allés jusqu'à convoquer le père pour lui demander de signer», ajoute-t-on dans le même document. Face à cet acharnement, le CFDA et SOS Disparus demandent aux autorités algériennes «de cesser immédiatement toutes pratiques visant à intimider les familles de disparus» et dénoncent «des nouvelles atteintes qui tendent à démontrer que les campagnes de harcèlement se multiplient et s'intensifient à l'encontre des familles de disparus qui refusent les indemnisations». Le cas de Nasséra Dutour n'est pas le seul. «Au cours des dernières semaines, de nombreuses familles ayant refusé d'entreprendre les démarches pour obtenir les indemnisations sont régulièrement harcelées par les autorités. Elles reçoivent des convocations émanant du commissariat, de la gendarmerie, de la daïra ou du tribunal, des avertissements ou mises en demeure, émanant du wali enjoignant aux familles de se rendre immédiatement au tribunal le plus proche pour demander un jugement de décès», précise-t-on dans le même communiqué. Les deux organisations des familles de disparus réaffirment leur attachement aux principes de la vérité et de la justice et rappellent que «l'indemnisation allouée par les autorités algériennes ne saurait être considérée comme une réparation pleine et entière au sens du droit international et que les autorités ne peuvent en aucun cas, sans risquer de violer leurs engagements au regard du droit international, obliger les familles à renoncer à leur droit à la vérité et à la justice». Le CFDA et SOS Disparus estiment, par ailleurs, que tant que la vérité sur le sort de leurs proches n'est pas révélée, ils «n'accepteront aucune des manœuvres dilatoires du gouvernement visant à faire penser que le processus de réconciliation est achevé».