Le taux d'inflation annuel (août 2008 à juillet 2009) a atteint 5,4%, selon l'Office national des statistiques (ONS). Les chiffres de cet organisme public confirment une réalité déjà constatée dans les marchés et les commerces, à savoir une hausse inexpliquée des prix des produits de large consommation depuis quelques mois, une hausse qui s'est accentuée avec l'arrivée du mois de Ramadhan. L'ONS impute cette poussée inflationniste à la hausse des prix des produits agricoles frais. Il note que pour les 7 premiers mois de 2009, par rapport à la même période de l'année écoulée, l'indice brut des prix à la consommation se situe à 6,1%. Cette tendance haussière s'explique, selon l'ONS, par une augmentation de 8,7% des produits du groupe des biens alimentaires, avec 18,1% pour les produits agricoles frais. Ces données démontrent que le gouvernement est dans l'incapacité de maîtriser l'inflation dont la tendance haussière, inquiétante du reste, semble s'être installée dans la durée. L'Etat n'arrive pas à couper l'herbe sous le pied des spéculateurs qui jonglent avec les prix des produits alimentaires en l'absence de systèmes de régulation et de contrôle efficaces. Même le président Abdelaziz Bouteflika a fait récemment des déclarations qui sonnent comme un aveu d'échec. Il a souligné, lors du dernier Conseil des ministres qui s'est tenu fin août, que « dans les conditions actuelles, la maîtrise de la régulation du marché, notamment à l'occasion du mois de Ramadhan, a révélé ses limites, face aux effets de la libéralisation incontrôlée des circuits de distribution, aggravés conjoncturellement surtout, par des pratiques spéculatives et parasitaires au détriment des citoyens ». Les marchés de gros et de détail sont devenus des zones de non-droit où des commerçants véreux, avides de gain facile, font la loi, empiétant sur les droits des consommateurs. Ces derniers sont livrés pieds et poings liés à une horde de spéculateurs qui s'adonnent à des pratiques sournoises, n'obéissant à aucune logique économique. L'ONS indique, en outre, que contrairement aux prix des produits agricoles frais, ceux des denrées alimentaires industrielles ont enregistré une légère baisse (0,5%). Il n'en est pas de même pour les prix des produits manufacturés et des services qui ont connu respectivement une hausse de 2,1% et de 6,4% au cours des 7 premiers mois de l'année en cours. A l'exception de la baisse des prix des huiles et graisses (-12,3%) et du lait, des fromages et dérivés, souvent liée à une chute des cours sur le marché international, tous les autres produits du groupe alimentation se sont inscrits en hausse au cours des 7 premiers mois de 2009 par rapport à la même période de 2008, notamment les œufs (30,3%), le poisson frais (25,7%), la viande de mouton (22,3%) et les légumes frais (26,1%). Cette hausse a touché également le poulet (avec 15,4%) et la viande de bœuf (13,3%) qui affichent actuellement des prix prohibitifs, les sucres et produits sucrés (9,5%), les fruits frais (7,7%) et la pomme de terre (6,3%), constate l'ONS. Les rangs des ménages éligibles au couffin du Ramadhan grossissent avec la baisse du pouvoir d'achat du commun des Algériens.