Comme chaque année à la même période, la chanteuse Beihdja Rahal gratifie ses mélomanes d'une prestation mémorable. Preuve en est avec la présence du public venu nombreux s'enivrer de mélodieux morceaux andalous. L'ambiance était à la nostalgie et aux souvenirs révolus à jamais. Dans le firmament du ciel, la voix de Beihdja Rahal a transporté son public dans un monde féerique, où la poésie a occupé une place de choix.A 22h et quelques poussières, l'orchestre prend place, avant que la diva ne fasse son apparition sous un tonnerre d'applaudissements et de youyous nourris. L'heure est aux sincères retrouvailles et aux congratulations. Vêtue d'une blousa tlemcénienne blanc cassé aux perles scintillantes, Beihdja Rahal s'avance timidement sur la scène, avec, en main, son inséparable kouitra. Elle s'incline modestement pour souhaiter la bienvenue à ses convives. La première partie de la soirée est caractérisée par un programme classique où l'artiste a interprété les trois modes, en l'occurrence le «djarka», l'«âraq» et le «moual» avec lesquels on ne peut former de nouba. De sa voix unique, elle interprète un «istikhbar djarka» Ya moukadjil oua el hillel, un «insiraf araq» ya kamil el housni y a modellel et un «insiraf moual» El rabir akbel. Des refrains musicaux que le public connaissait par cœur, suscitant également des déhanchements réservés. A la fin de cette première halte musicale, la chanteuse se penche légèrement sur le micro pour s'adresser à son fidèle public : «Merci d'être parmi nous comme à chaque fois. Il n'est pas évident de se produire en plein air avec nos instruments musicaux», lance-t-elle avec un large sourire charmeur. Allusion faite à la défaillance de la sonorisation qui, rappelons-le, fait des siennes depuis des lustres déjà. Cette situation s'est particulièrement aggravée depuis le début de Ramadhan. Une sonorisation qui a grandement déconcentré l'ensemble de l'orchestre. Après cet intermède de quelques minutes, l'artiste reprend de plus belle son délicieux répertoire épuré avec des parties dérivées, où l'on a pu apprécier à sa juste valeur un «âroubi» bit wa syah dhaâ sabri rarement interprété par les femmes et un «haouzi» intitulé Tlemcen ya hmam, pratiquement méconnu à Alger. En ce mois sacré du Ramadhan, la soirée ne pouvait que s'achever par des chants religieux faisant des louanges au Prophète Mohammed (QSSSL). Comme le veut l'usage, à la fin du concert, la chanteuse Beihdja Rahal présente aux convives son prestigieux orchestre, constitué de Nadji Hamma, Amine Belouni au oud, L'hadi Boukoura, Nacer Rahal au violon, Djihed Labri au qanoun, Ryad Guelmaoui à la mandoline, Sofiane Bouchafa à la derbouka et Khaled Ghazi au tar.Il est à noter que dans le cadre d'une tradition instaurée depuis trois années déjà, Beihdja Rahal participera le 25 de ce mois en soirée à une rencontre sur la musique andalouse au niveau de l'atelier du céramiste Hachemi Boumehdi. Un rendez-vous, à coup sûr, à ne pas rater !