Discret, pondéré, l'ancien joueur du Barça, qui entame sa quatrième saison à la tête du club blaugrana, apparaît justement comme l'anti-Mourinho : offensif dans le jeu et calme en dehors, quand son alter-ego du Real se montre volcanique et plutôt défensif dans ses choix tactiques. Côté communication, il semble y avoir un monde entre les deux hommes. Là où le Madrilène s'expose en première ligne, au point de dépasser les bornes comme lors du match retour de la Supercoupe d'Espagne, le Barcelonais, lui, ne fait pas de vagues. On en veut pour preuve les réactions différentes des deux hommes face à la polémique surgie après les échauffourées de fin de match le 17 août à Barcelone. Après que le comité de compétition de la Fédération eut annoncé l'ouverture d'une enquête sur les agissements de Mourinho et de Tito Vilanova dans la cohue finale du match (le Portugais avait mis son doigt dans l'œil du second entraîneur du Barça), le Real a immédiatement répondu par un communiqué dénonçant les «provocations et insultes» du Barça. Silence radio Et côté Barça ? Rien, justement. Pep Guardiola s'en est tenu au silence radio sur une polémique qu'il juge néfaste à la concentration de ses joueurs. Sans compter que le technicien barcelonais ne veut pas attiser un feu toujours prompt à se raviver. «Il faut faire preuve de prudence. Sinon, un de ces jours, ces matches finiront mal», avait ainsi rappelé Pep le pacificateur après le dérapage en Supercoupe. Aux antipodes sur le plan de la communication, Pep et Mou sont aussi très différents dans la conception de leur sport. Là où Mourinho joue les self-made men, Guardiola fait son miel de théories échafaudées par d'autres que lui. Formé lui-même à l'école Blaugrana, il reprend à son compte la longue tradition de jeu catalane. A commencer par celle léguée par le mythique Johan Cruyff, apôtre du «football total» de son compatriote Rinus Michels. Avec la Supercoupe d'Espagne, Guardiola a égalé le record du nombre de titres remportés par le Néerlandais en tant qu'entraîneur : onze. Et pourrait même dépasser le maître, pas plus tard que vendredi. Et alors ? «L'héritage de Cruyff se mesure en beaucoup plus qu'en nombre de titres», a chastement esquivé le coach des Blaugrana.
Recette qui gagne
Surtout, Guardiola, c'est l'attachement indéfectible à un style : le jeu offensif quoi qu'il arrive, quand son pendant madrilène se montre beaucoup plus attiré par un jeu défensif, axé sur l'organisation, la puissance et la vitesse de contre. Fidèle à une recette qui gagne, Guardiola ne devrait pas se dédire face au FC Porto, qui est justement le club où Mourinho a accédé à la gloire avec une C3 en 2003 et une Ligue des champions en 2004. Vendredi, le technicien catalan devra toutefois composer avec quelques déconvenues : les blessures de Puyol et de Piqué. Privé de ses deux sentinelles axiales, Pep pourrait donc aligner une charnière Abidal-Mascherano comme il l'avait déjà fait lors du match aller de la Supercoupe d'Espagne. Pour le reste, il devrait pouvoir compter sur sa triplette magique Xavi-Iniesta-Messi, podium du dernier Ballon d'or. Mais qu'importe la composition d'équipe dans une formation où le jeu est de toute façon plus important que les joueurs – exception faite de Messi – et le système plus vital que chacun de ses composants. Le système de Pep.