La marchandise vendue provient essentiellement des abattages clandestins, et à ce titre elle n'est soumise à aucun contrôle des services vétérinaires. Ecoulée à la veille du mois de Ramadhan à 650 DA le kg, la viande de brebis ou d'agnelle s'est stabilisée dix jours après aux alentours de 450 DA, ce qui en fait une viande prisée, par opposition à celle d'agneau vendue à 750 DA le kg. Proposée sur de nombreux étals au Vieux Rocher, notamment au quartier séculaire de Souika, cette viande serait de bonne qualité et, ce qui ne gâte rien, à la portée des petites bourses, nous explique Youcef Achi, le président de l'association des éleveurs d'ovins. D'où le rush observé sur ces étals malgré le fait que cette viande provienne exclusivement des abattages clandestins, et à ce titre n'est soumise à aucun contrôle des services vétérinaires. Un risque sanitaire non négligeable susceptible de porter directement atteinte à la santé publique en cas de vente de bêtes atteintes de pathologies graves. Cette nuisance vient s'ajouter aux autres menaces sanitaires véhiculées quotidiennement par la vente de volaille, poisson et viande bovine écoulés à ciel ouvert sur de nombreux sites de la ville, à l'exemple du marché de Boudraâ Salah qui représente, à cet égard, l'un des hauts lieux où transitent de grosses quantités de viandes non estampillées, sachant que, dans la majorité des cas, les abattages clandestins se pratiquent dans des garages et autres locaux loués à des particuliers, à des maquignons d'occasion, qui profitent de la situation pour engranger de substantiels bénéfices. Les services compétents semblent impuissants face à ce fléau qui gagne du terrain, profitant de la multiplication des poches de précarité et de la dégradation du pouvoir d'achat d'une couche de plus en plus importante de la population. Et ce n'est pas tout. Aux yeux de notre interlocuteur, l'abattage massif des brebis et des agnelles pose un autre problème tout autant préoccupant. La reproduction étant quelque peu perturbée par ces pratiques, la pérennité du cheptel ovin pourrait donc être sérieusement compromise à terme. Pourtant, s'indigne notre interlocuteur, la règlementation en vigueur est très claire à ce sujet, et l'abattage de brebis et d'agnelles toujours aptes à mettre bas, est strictement interdit. Originaires dans leur grande majorité de Ouled Djellal (région de Biskra connue pour la saveur de la viande issue de son cheptel ovin), elles sont, d'autre part, réputées pour leur grande réceptivité à la reproduction, nous précise Youcef Achi qui poussera un ultime coup de gueule en tirant à boulet rouges sur les services compétents censés contrôler les marchés et faire appliquer ce segment de la règlementation régissant l'abattage et la vente de cette catégorie particulière d'ovins. Il rappellera que les brebis et agnelles produites localement sont également vendues en Tunisie où elles aboutissent grâce à des réseaux de passeurs aguerris à ces pratiques frauduleuses.