Où est passé le trésor de la Fédération de France du FLN (FLN-France) ? Près de 47 ans après l'indépendance, la question de la disparition de ce trésor, comme d'ailleurs celui du FLN, reste énigmatique. L'opinion nationale ne sait pas encore où sont les 7 milliards de centimes (francs français) accumulés par la Fédération durant la guerre de Libération nationale. Mohand Akli Benyounès, dit Daniel, membre de la Fédération de France évoque le sujet. « En 1962, la Fédération de France avait à sa disposition 7 milliards de centimes. Cette somme était entre les mains des opposants au régime de Ben Bella. Elle a été remise par la suite à Mohamed Khider (victime d'un assassinat politique non encore élucidé, ndlr) qui était responsable des finances au sein du Bureau politique du FLN. Et ce dernier est, lui-même, devenu opposant. Depuis, je ne sais pas où est passé cet argent », a-t-il affirmé lors d'une conférence-débat organisée, jeudi soir, par le quotidien Algérie News, en hommage à Francis Jeanson, intellectuel français et grand militant de la cause algérienne. La déclaration de Mohand Akli Benyounès n'éclaire pas, toutefois, la lanterne des Algériens pour qui le sort réservé à ce trésor demeure toujours inconnu. Aucun acteur de la guerre de Libération nationale n'a osé lever le mystère quant à la disparition de ce trésor ainsi que celui du GPRA qui représentent le fruit des cotisations des Algériens, en particulier les émigrés de l'époque. La Fédération de France, indique encore l'orateur, envoyait 1 milliard de centimes de francs français par mois au Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). « Nous fournissions 80% des financements nécessaires au fonctionnement du GPRA », a-t-il indiqué. Dans la foulée, l'orateur souligne le rôle important joué par Francis Jeanson – décédé le 2 août dernier en France – et le réseau qui porte son nom dans le transport de cet argent. Les porteurs de valises, comme on les surnommait, ont joué un rôle important dans la préservation des sommes recueillies et leur acheminement à destination sans attirer l'attention de la police française. « Sans lui et ses réseaux, on aurait perdu d'importantes sommes d'argent », lance Mohand Akli Benyounès. Selon lui, Francis Jeanson et le réseau Jeanson n'ont jamais transporté des armes. « L'acheminement des armes est une tâche réservée exclusivement aux Algériens », ajoutera-t-il. Daniel Benyounès évoque, dans le même contexte, le problème de recensement des Français qui ont défendu la cause algérienne. « J'ai toute une liste de Français engagés avec le FLN. Malheureusement, les autorités ne se sont pas intéressées à eux, malgré leur sacrifice pour l'Algérie », déplore-t-il. De son côté, l'historien Abdelmadjid Merdaci rend un vibrant hommage à Francis Jeanson et tous les étrangers ayant défendu la cause algérienne. Dans ce sens, il précise que « la complexité de l'histoire de l'Algérie reste à écrire ». « Jeanson a soutenu le FLN au nom des valeurs démocratiques de la France. Il y a eu aussi des militantes algériennes qui ont rejoint le maquis en cassant des tabous. Il y a également des harkis qui ont pris les armes contre leurs frères algériens. Ce sont autant de transgressions qui exigent l'élargissement de la réflexion sur notre propre histoire », dira-t-il. Abdelmadjid Merdaci met l'accent sur la nécessité de réécrire l'histoire afin de faire connaître ses parties occultées ou censurées.