Cette pratique est strictement interdite par la loi portant code des eaux, surtout que les cours d'eau sont situés en aval des rejets urbains et industriels. En raison du succès remporté en cette période de Ramadhan auprès des automobilistes, les producteurs de produits maraîchers (notamment la salade verte, carottes et autres légumes pouvant être consommés crus) semblent avoir adopté à l'unanimité la formule consistant à proposer leurs marchandises sur le bas-côté des voies à grande circulation. Si cette formule séduit les consommateurs attirés manifestement par les prix proposés, elle profite aussi aux producteurs qui trouvent largement leur compte, n'ayant pas de frais de transport à payer et pas d'intermédiaires avec lesquels négocier, avec une issue conclue le plus souvent au profit des seconds nommés. Seule ombre au tableau, les pratiques qui entourent quelquefois, sinon le plus souvent, la culture des produits maraîchers. En d'autres termes, il n'est pas rare que l'irrigation des cultures se fait à partir les eaux polluées des cours d'eau et oueds. Et c'est là où le bât blesse. Au plan sanitaire, la consommation des produits issus de ces cultures sont à même de déclencher de sérieuses maladies à transmission hydrique si toutes les mesures de précaution ne sont pas prises pour parer aux effets pervers de cette irrigation sur les cultures en question. Les choses sont clairement définies dans la loi portant code des eaux, laquelle est confortée par un arrêté du wali de Constantine portant interdiction des irrigations à partir des eaux usées. Donc pas d'ambiguïté possible. Cette pratique est strictement interdite et a fortiori quand les tronçons des cours d'eau sont situés en aval des rejets urbains et industriels. Ce qui est justement le cas de la wilaya de Constantine, où pas moins de six zones à haut risque ont été répertoriées, à commencer par l'oued Rhumel qui recueille les rejets de l'agglomération de Aïn S'mara jusqu'au niveau de la station d'épuration de Debabia. L'oued Boumerzoug et l'oued Bounouara ne seraient pas en reste, sachant qu'ils héritent des rejets provenant respectivement de la région entourant la ville d'El Khroub et les rejets de la station Naftal. Même topo au niveau des oueds Smendou et Hadjar qui se présentent comme les réceptacles des rejets résultant des agglomérations de Zighoud Youcef et Didouche Mourad. En bout de liste se retrouve l'oued Boulabraghat, qui réceptionne les rejets issus de la zone de Djebel Ouahch et ce jusqu'à la jonction avec l'oued Boumerzoug. A noter, par ailleurs, que les agriculteurs sont nombreux à utiliser des pesticides à outrance, et ce dans un souci évident de rendement. De surcroît, la plupart de ces pesticides n'étant pas agréés, ils sont doublement pointés du doigt par les spécialistes du secteur qui mettent en avant leur toxicité sur l'environnement et sur la santé publique. En bout de chaîne, ils aboutissent dans les cours d'eau et ainsi la boucle est bouclée sans que les choses ne changent outre mesure. Ingénieur à la direction de l'environnement, Belkacem Benbouzid souligne, à ce sujet, que des études réalisées dans 61 pays sur la concentration de pesticides dans le corps humain ont révélé que de nombreux pesticides se retrouvent dans les tissus adipeux, le cerveau, le sang, le lait maternel, le placenta et dans bien d'autres parties du corps. Ce qui confirme l'idée que l'homme est le premier à payer les conséquences de ces pratiques qui trouvent toujours preneur au nom du sacro-saint principe du profit à tout prix.