Autour du village de Thassouikth, sis à une vingtaine de kilomètres à l'ouest du chef-lieu de la commune de Béni Amrane, une idée à la fois audacieuse et judicieuse a germé dans l'esprit des responsables de faire de cette petite localité un grand pôle administratif et commercial. Ce petit village, sis en pleine campagne était dans les années 1980 un no man's land. Sa situation géographique a fait de lui un passage obligé pour toutes les destinations. A en croire les responsables locaux, ce grandiose projet a été inscrit officiellement sur les tablettes du PDAU (Plan directeur d'aménagement urbain) phase 3 et a eu son visa au milieu des années 1990. Mais malheureusement, depuis ce jour, le projet piétine. Les infrastructures qui y ont été réalisées ne répondent pas vraiment aux besoins des habitants de cette région. L'aire de jeux qui a coûté au Trésor public une bagatelle de quatre millions de dinars est aujourd'hui abandonnée. Le taux d'avancement des travaux ne dépasse pas les 40%. L'annexe APC et le bureau de poste qui y ont été réalisés n'assurent que de moindres prestations. L'annexe APC ne délivre que les documents de l'état civil tandis que la poste n'est pas dotée d'un service de payement. « Je ne sais pas à quoi sert un bureau de poste qui n'est pas alimenté en liquidités », lâche un habitant dudit village avec indignation. Face à cette situation les villageois, se voient contraints de se déplacer jusqu'au chef-lieu pour retirer leurs dus. Ces problèmes sont accentués aussi par les problèmes que subissent les villageois en matière de santé, car le centre de soins qui y a été construit n'est pas doté de moyens humains et matériels nécessaires pour une prise en charge médicale adéquate. Les services assurés par ce dernier établissement sont jugés, par la population, dérisoires par rapport à leurs besoins. Le centre est dépourvu d'un médecin, dont la présence est de tout temps souhaitée par les villageois. À cela s'ajoute le manque d'ambulance qui devra permettre d'évacuer les malades qui nécessitent une prise en charge au service des urgences du chef-lieu ou ailleurs. Cette défaillance a causé énormément de mal et était à l'origine de plusieurs incidents désastreux pour la population notamment durant les années de couvre-feu, au milieu des années 1990. En effet, plusieurs personnes ont été tuées accidentellement sur la route alors qu'elles transféraient des malades et des femmes sur le point d'accoucher, à cause de l'absence d'une ambulance. Aujourd'hui, ce nouveau village qui attend encore de traduire les projets promis, est en réalité devenu, en un laps de temps, le carrefour de rencontres incontournables d'une grande communauté villageoise. Sa position géographique a encouragé les gens à y investir dans le commerce. Plusieurs locaux commerciaux se sont érigés de part et d'autre. Les cafés ont été les premiers à ouvrir les portes. Et c'était la réussite totale. Car les gens, notamment les plus âgés, n'attendaient plus le jour de marché de la ville pour y aller se rencontrer, discuter des problèmes et prendre les décisions, mais ils peuvent désormais le faire, à tout moment, aux terrasses des cafés de leur village. Cependant, cette réanimation qui a mis un terme aux souffrances vécues par toute la population villageoise pendant les années de braise reste insuffisante aux yeux des villageois, d'autant plus que d'énormes insuffisances peinent à trouver des solutions à ce jour.