Ouvert en 2007, le centre anticancer (CAC) de Ouargla occupe un grand pavillon de l'hôpital Mohamed Boudiaf. Le centre, dont la vocation régionale a été soulignée dès son lancement, assure à présent le repli des malades refoulés des unités de référence, notamment le CPMC d'Alger. Le CAC a connu un décollage difficile, dû essentiellement à la bureaucratie, à des retards cumulés dans la formation du personnel paramédical adéquat et surtout dans l'acquisition et le démarrage des équipements médicaux longtemps restés sous emballage. Les médecins spécialistes, qui souffrent d'un environnement difficile, ont dénoncé cet état de fait qui a réduit des radiothérapeutes au dépistage et à l'orientation des malades vers les centres du Nord entre 2008 et 2009. La vapeur a été renversée en 2010, qui a marqué un véritable tournant pour les cancéreux de la région avec le lancement, en milieu d'année, de la chimiothérapie puis la radiothérapie l'année suivante. Le service, qui aspire à lancer l'activité chirurgicale avant fin 2011, manque encore de personnel ; l'ouverture de postes paramédicaux est limitée par le ministère de la Santé et le départ de la dernière oncologue en service civil, le 25 septembre dernier, paralyse depuis le CAC, dont les deux médecins généralistes formés sur le tas au CPMC d'Alger se chargent du contrôle médical des malades ayant subi un traitement chimiothérapeutique. L'espoir est donc grand dans l'équipe médicale cubaine qui a effectué dernièrement une visite de contact. Les médecins cubains, appelés à la rescousse du secteur de la santé dans le Sud, seront opérationnels fin octobre, annonce le directeur du centre à El Watan. Le docteur Moadh a sensibilisé la partie cubaine sur la nécessité vitale de relancer l'activité oncologique afin d'éviter des catastrophes aux malades, de plus en plus nombreux à se pointer à Ouargla depuis que les rendez-vous prennent jusqu'à 9 mois pour certains cas rencontrés le week-end dernier dans le service de radiothérapie. Une vingtaine de malades, renvoyés des centres d'Alger, de Blida et de Constantine, attendaient la reprise des séances suite à une panne technique. Nous avons rencontré des patients venus de Ouargla, Ghardaïa, Laghouat, Biskra, Illizi, In Amenas, Tamanrasset, Constantine et Khenchela hospitalisés dans les différents services de l'hôpital. Le chef du service nous avoue que la malade qui a inauguré la radiothérapie à Ouargla avait débarqué en urgence de Tizi Ouzou, vu qu'elle n'arrivait pas à décrocher un rendez-vous dans un délai raisonnable à Alger. De même, l'arrêt forcé des soins de chimiothérapie profite aux cancéreux d'autres centres du pays, touchés par la pénurie des médicaments, et que le centre de Ouargla dépanne sur son stock non utilisé pour le moment. Les parcours du CAC sont identiques ; le dépistage et la confirmation du diagnostic prennent un temps fou, notamment dans les villes de l'Extrême-Sud où l'anapathologie est inexistante. Quelle que soit la destination choisie, le trajet est long, il est d'autant plus coûteux et pénible pour cette lourde maladie, sachant que les dessertes d'Air Algérie vers les aéroports du nord du Sahara se résument à un vol hebdomadaire d'Illizi vers Ouargla et un vol similaire de Tamanrasset vers Ghardaïa. Les vols vers la capitale sont plus nombreux en semaine, mais n'arrangent plus les malades qui sont refoulés vers le centre de Ouargla que 1050 km séparent d'Illizi quand Djanet et Tam se trouvent respectivement à 1400 et 1600 km.