Les tentatives de chercher une issue au conflit qui oppose depuis 12 jours les contractuels CTA et CDD à la direction générale de Sider El Hadjar se poursuivent. Après l'intervention, avant-hier, de Abdelmadjid Sidi Saïd, le patron de l'UGTA, auprès du ministre de l'Industrie, Youcef Yousfi, ce dernier a dépêché le PDG du groupe Imetal, Tarek Bouslama, pour débloquer la situation. En effet, hier matin, le secrétaire général du syndicat de l'entreprise, Djemaï Réda, a été invité par le PDG du groupe Imetal au siège du groupe Sider pour imposer une ultime solution à cette grève qui a pris des dimensions inattendues, notamment politique. En effet, le Parti des travailleurs est intervenu avant-hier auprès du ministre du Travail qui a promis de titulariser les grévistes répondant aux critères. Et si les contractuels ont résisté à toutes les tentatives – légales et illégales – de la direction générale pour libérer la voie ferrée du haut fourneau, il n'en demeure pas moins que le PDG d'Imetal, Tarek Bouslama, appelé à la rescousse, a apporté avec lui une proposition concrète qu'il a soumise aux grévistes. Elle consiste à convertir par groupe à partir de janvier 2019 des contrats CTI en CDD d'une année avec une augmentation de 9000 DA chacun. Bien qu'ils soient réticents, les jeunes protestataires ont promis d'étudier cette première proposition avant de rendre leur réponse.
1 – Le complexe sidérurgique de Sider El Hadjar (Annaba) est géré par l'actuel PDG, Chemseddine Maatallah, et le syndicat de l'entreprise par Amouri Noureddine, vantant une paix sociale de plusieurs années. 2 – Le PDG Maatallah a organisé cet été un putsch contre le syndicat, l'accusant d'être à la solde du député de Annaba, Tliba Bahaeddine. Or, ce même PDG était un proche de Tliba, comme l'attestent des photos postées sur les réseaux sociaux. 3 – Etant donné que le mandat du syndicat est arrivé à terme, des élections électives syndicales ont été organisées, où l'ancien secrétaire général (Amouri) s'est vu éjecté et remplacé par un autre syndicat conduit par Réda Djemaï. 4 – Quelques semaines à peine après l'installation du nouveau SG du syndicat de l'entreprise, une grève de 1020 jeunes contractuels dans le cadre du dispositif d'insertion professionnelle – CTA et CDD – a été déclenchée réclamant, après plusieurs années, leur titularisation (CDI). 5 – La direction générale de Sider El Hadjar ne veut pas entendre parler de leurs revendications, prétextant que la trésorerie de l'entreprise ne peut pas supporter cette nouvelle charge financière. 6 – L'intervention des autorités locales et de l'Union de wilaya (UW) de l'UGTA Annaba n'a apporté, à l'issue de plusieurs rencontres, aucun apaisement car les deux parties campent sur leurs positions. 7 – Le conflit se durcit alors et les grévistes ont bloqué le rail par lequel le HF approvisionne les autres ateliers en matières premières (fonte et acier liquide). Depuis, la production est réduite à 90%. 8 – Ce blocage a permis au représentant du Parti des travailleurs (PT) d'interpeller le ministre du Travail qui a promis de titulariser les grévistes remplissant les conditions requises pour l'être. Sidi Saïd, le patron de l'UGTA, a promis de son côté de défendre les sidérurgistes, mais dans la sérénité. 9 – Parallèlement, le PDG de Sider El Hadjar ne veut pas lâcher prise et a eu recours à des moyens peu orthodoxes pour casser cette grève qui commence à s'inscrire dans le temps. Ordre a été donné pour bloquer toutes les tentatives de ravitaillement, sans oublier les opérations d'intimidation, parfois par la force, d'autres par les chiens de la police interne. 10 – Saisie par les parents des grévistes, une équipe de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH) s'est déplacée sur les lieux pour s'enquérir de l'état des grévistes. Cependant, le PDG de Sider El Hadjar a donné ordre pour empêcher les membres de la Ligue d'y accéder.