Attention, on ne rigole pas avec les deniers de l'Etat ! Je te prête, tu me rembourses. Khlass ! C'en est fini de l'Etat vache à lait ! D'ailleurs, Ahmed Ouyahia et son ministre de la Poste (AT) viennent de donner l'exemple en tapant sur la table pour réclamer du provider Eepad de payer rubis sur l'ongle ses créances. Pas moins de 350 milliards de centimes ! L'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) peut bien râler en sourdine. Que nenni, l'Etat entend se faire respecter. Parce que, lorsqu'on est, selon le PDG d'AT, Moussa Benhamadi, « une entreprise commerciale qui a arrêté un programme d'investissements et de formation qui ne repose pas sur des apports étatiques mais sur ses propres fonds », on ne peut faire autrement que recouvrer ses droits pécuniaires. Attention, AT, nous révèle le chargé de com' d'AT dans El Watan, « AT a signé un contrat de performance avec l'Etat dans lequel il est stipulé que AT doit avoir une gestion saine et donc il ne peut faire l'impasse sur tout l'argent qui est dehors ». On ne peut qu'applaudir un tel attachement à la « gestion saine » et à la détermination de l'Etat de rationaliser ses mécanismes économiques. Mais il y a comme un petit souci. Ce petit souci s'élève à 130 milliards de centimes. Ce sont les créances de plusieurs journaux auprès de l'imprimerie étatique Simpral. Or là, aucune ombre de M. Ouyahia ni de la tutelle. Pire, selon le syndicat de Simpral, le chef de cabinet du secrétariat d'Etat à la Communication aurait empêché l'entreprise publique de recouvrer ses dettes. Un recouvrement décidé par la justice après que Simpral ait intenté un procès aux journaux mauvais payeurs. Pire encore, l'Etat autorise ces mêmes titres à paraître chez une autre imprimerie publique. Et pour clore ce superbe exemple de « gestion saine », Simpral ne doit plus travailler la nuit de jeudi à vendredi, perdant sans motif économique plusieurs marchés au profit d'une autre imprimerie de l'Etat ! Mais quel « contrat de performance » lie Simpral à l'Etat ? Car la seule « performance » serait d'obliger 81 pères de famille à assister à l'inéluctable faillite de leur outil de production dans l'unique souci de préserver des titres de presse obséquieux.