C'est en tant que simples citoyens que nous nous faisons le devoir de vous écrire sur la situation préoccupante de notre pays tant sur le plan politique qu'économique. La prochaine élection présidentielle accapare déjà l'attention des partis et de la société civile et inquiète quant à son déroulement et surtout à son issue. L'ambition démesurée de certains et la vanité des autres mettent en péril l'avenir de cette nation dont beaucoup de patriotes ont fait le sacrifice suprême, nous ne disons pas qu'il y a absence de gens honnêtes et sincères qui veulent du bien à ce pays, mais le rapport de force vers qui penchera-t-il ? Là est la question ! Monsieur le Président, Votre état de santé vous permet-il de continuer votre tâche ? Nous implorons Dieu le Tout-Puissant de vous prêter vie et santé pour poursuivre votre mission ; cependant, dans le cas où vous voulez vous retirer, faites en sorte de laisser au pays l'unité et la stabilité ; l'histoire vous en sera gré et le peuple reconnaissant pour lui avoir rendu la paix par la réconciliation nationale et réalisé des œuvres appréciables. Cependant, le report de l'élection présidentielle serait plus avantageux à retenir pour éviter d'éventuels soubresauts. Monsieur le Président, Sur la plan économique il reste encore à faire malgré ce qui a été réalisé et qu'on ne peut juger de négligeable, cependant les potentialités du pays mal exploitées, souvent dilapidées par la mauvaise gestion et la corruption constituent l'envers de la médaille. Jadis, l'Algérie exportait des céréales et était considérée comme le grenier de l'Europe, le pays des «droits de l'homme» qui lui était redevable du non-paiement de la vente de céréales a profité du «coup de l'éventail» pour venir un certain 14 juin 1830 pour accaparer ses richesses et asseoir la colonisation ; il a fallu beaucoup de temps et de sacrifices pour s'en défaire ! Aujourd'hui, nous importons la majeure partie de ce que nous consommons comme produits agricoles et autres, si ce n'étaient le pétrole et le gaz pour les financer nous serions dans une situation intenable, la vente d'hydrocarbures devrait servir exclusivement au budget d'équipement au lieu d'acheter des denrées que nous pouvons largement produire chez nous. Monsieur le Président, L'avenir de la nation, dont le passé est combien de fois millénaires, ne peut laisser personne indifférent, hier par le combat libérateur et aujourd'hui pour un autre combat, celui du progrès et du bien-être, sans oublier le développement intellectuel. Aussi des efforts restent à déployer pour le bonheur et l'épanouissement de ce peuple ; ceux qui vivent en marge de la société par la corruption, la dilapidation des deniers publics, etc. sont punissables par la loi des hommes et condamnables par les préceptes divins ; ceux qui acquièrent des fortunes malhonnêtement au détriment du peuple ou d'autrui, leurs auteurs perdent immanquablement l'honneur d'être de bons citoyens. Nous saluons cependant tous ceux qui se consacrent avec foi et abnégation aux affaires de l'Etat et à l'intérêt du peuple. Monsieur le Président, L'amour de la patrie et le sens du devoir semblent aujourd'hui quitter le cœur et la conscience de certains responsables qui ont en charge les affaires publiques, cette dérive porte préjudice à la gestion de la nation et des collectivités. Les gens qui gravitent autour des centres de décision doivent s'imprégner du sacrifice des anciens, c'est-à-dire faire don de soi pour l'intérêt général, ce qui est légal et honnête doit l'emporter sur les convoitises et dérives de toutes sortes. Monsieur le Président, En tant que simples citoyens, nous exprimons l'espoir que notre pays avec le concours de toutes ses composantes puisse maintenir la stabilité et l'harmonie pour s'engager davantage dans un autre combat : parachever l'Etat de droit, maintenir et renforcer l'unité du peuple, poursuivre davantage le développement économique… Cependant, nous ne nous contentons pas de formuler des vœux mais prenons l'initiative de faire quelques modestes propositions : 1)- Selon le dernier recensement de l'ONS, il y aurait 900 000 logements inoccupés, il serait judicieux de les distribuer à ceux qui en ont besoin. 2)- Introduire dans l'enseignement l'esprit du civisme, de la morale, l'amour de la patrie, le respect du droit… pour faire des élèves de futurs bons citoyens. 3)- Créer le poste de vice-Président pour «épauler» le Président ou le remplacer en cas de besoin ou de vacance. 4)- Renforcer la Cour des comptes en effectifs et en matériels pour mieux accomplir sa mission. 5)- Renforcer en prérogatives la DGSN, la Gendarmerie nationale, l'ex-DRS, la Justice, le Parlement, en vue de lutter plus efficacement contre la corruption, la drogue, l'évasion fiscale, les détournements, etc. 6)- Permettre aux commerçants de l'informel d'investir dans l'industrie, le tourisme, l'agriculture, pour capter cet argent «dormant» en vue d'être utile à l'économie nationale. 7)- Autoriser des milliers de détenus à effectuer un travail d'utilité publique pour payer leur dette envers la société au lieu d'être une charge pour la collectivité. 8)- Attribuer des terres du Sud algérien à ceux qui veulent la travailler pour promouvoir l'agriculture, fertiliser celles du Nord, avec pour objectif atteindre l'autosuffisance alimentaire. 9)- Développer l'industrie qui est source de progrès en encourageant l'esprit d'initiative et le partenariat public/privé. 10)- Encourager les Algériens se trouvant à l'étranger à investir dans le pays et à apporter leur savoir-faire. Monsieur le Président, Avant de conclure, si vous le permettez, nous aimerions décliner très modestement notre parcours : Le 6/6/1995 et ensuite le 4/12/1995, nous avons écrit au président Liamine Zeroual pour lui soumettre un petit plan de sortie de crise en 6 points lors de la décennie noire. Le 14/09/1999, nous avons envoyé des propositions de réformes en 20 points au Secrétaire général de l'ONU. Le 6/03/2005, nous avons écrit à votre Excellence pour faire des propositions lors du sommet arabe qui s'est tenu à Alger les 22 et 23/03/2005. Le 3/1/2006, nous avons envoyé une lettre au président Chirac et une autre aux parlementaires de l'Assemblée française (publiée dans la presse le 4/8/2005) en réponse à la loi du 23/02/2005 glorifiant les bienfaits de la colonisation. Le 22/9/2018, une lettre a été expédiée à Mme la présidente de l'Assemblée générale de l'ONU pour défendre la cause palestinienne en lui soumettant des propositions en 4 points. Monsieur le Président, La prochaine élection présidentielle est d'une importance indéniable par les enjeux qu'elle comporte. La décision que vous prendrez sera d'une grande importance car elle engage l'avenir du pays, puisse-t-elle être sage et utile. Que Dieu le Tout-Puissant veuille guider notre pays vers la stabilité, l'unité, le progrès et la prospérité. Salutations fraternelles.