Les services de sécurité de la wilaya de Annaba ont ouvert cette semaine, selon des sources sûres, une enquête approfondie sur les pratiques d'une trentaine de coopératives immobilières, entachées d'arnaques sinon d'irrégularités. Sur le bureau des enquêteurs, plusieurs dossiers de coopératives sont d'ores et déjà sous leur loupe, dont le plus important a trait à une coopérative envisagée à la grande cité résidentielle de Val Mascort (Annaba). Ils sont 240 coopérateurs à avoir réservé, sur un plan architectural, leurs logements sans pour autant être sûrs qu'ils vont le franchir. Bien qu'il soit simple, ce phénomène est devenu récurrent. L'astuce est osée, mais efficace. « Il suffit de s'entendre avec un propriétaire de terrain - une sorte de promesse d'achat verbale-, d'acheter l'agrément d'une coopérative, de falsifier les statuts pour remplacer les partants par les arnaqueurs et de lancer une étude sommaire d'architecture. Il reste enfin à mettre à contribution les agences immobilières pour rabattre les malheureux citoyens en quête de logement. Ceux-ci se laissent tenter par une offre très attractive en raison du prix de cession étudié pour la circonstance », explique un connaisseur en la matière qui a assidument fréquenté ce milieu. Voilà donc la supercherie par laquelle les escrocs escamotent l'argent des pitoyables clients, victimes de la crise du logement. Il en est ainsi de cette coopérative dont la création est, selon les premières informations filtrées de l'enquête, l'œuvre de deux jeunes individus. Chômeurs de leur état, ils affichent des signes d'opulence, suffisamment équivoques pour exciter la curiosité des services de sécurité. D'un passé douteux, les deux associés, le président de la coopérative et son trésorier, ont acquis un bureau pour se donner de la respectabilité, d'autant que l'offre s'élève à 240 logements avec des droits d'entrée, pour l'achat du terrain, estimés à 600 000 DA, 900 000 DA et 1,2 million de dinars respectivement pour un F3, F4 et F5. Ce qui représente une cagnotte de 160 millions de dinars. Comment peut-on arnaquer tout en étant dans la légalité ? Cette question est d'autant plus pertinente lorsqu'on sait qu'il faut deux comptes bancaires, dont l'un servira d'écran au second. Ce dernier contiendra les sommes qui seront détournées, mais qui ne sera pas visible en cas de contrôle. Ainsi, selon toujours la même source, le terrain est acquis au prix de 70 millions de dinars et le reste, soit 90 millions de dinars, il est réparti entre les deux associés de la coopérative de 240 logements, qui risque fortement de ne jamais voir le jour. Un montant qui sera dilapidé en voitures de luxe et autres gâteries. Les services de sécurité semblent avoir la ferme intention de mettre hors d'état de nuire les escrocs des coopératives immobilières. En nombre à travers l'Algérie, ces derniers avaient fait l'objet d'une campagne de moralisation, en vain. Ils agissent toujours et parfois en toute impunité. Diligentée par les services de sécurité, cette enquête établira sans difficulté les malversations commises et les délits d'abus de confiance, d'escroquerie et d'association de malfaiteurs avant de présenter les auteurs de l'escroquerie à la justice, dont nombre d'entre eux y ont déjà des démêlés.