Le projet portant ouverture de lycées d'excellence est remis une fois de plus sur la table, c'est ce qu'a confirmé jeudi le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, lors d'une discussion à bâtons rompus avec des journalistes. Un projet exécutif relatif à la création et au fonctionnement de ce type de lycées est en cours de préparation. Lundi dernier, M. Benbouzid a exposé dans le détail ce projet au président de la République lors d'une audition d'évaluation consacrée au secteur de l'éducation, qui a duré plus de six heures. Pour rappel, les lycées d'excellence ont été créés il y a quelques années, mais le département de Benbouzid a été dans l'obligation de les fermer, car l'enseignement supérieur qui devait accompagner cette expérience n'a pas assuré cette mission. « Aujourd'hui, avec la réforme de l'université, l'ouverture des grandes écoles ainsi que le projet de pôle d'excellence établi par le ministère de l'Enseignement supérieur, nous pouvons relancer ce projet et réaliser des résultats positifs, notamment en collaboration avec l'enseignement supérieur », a confié M. Benbouzid. Le ministre est revenu, entre autres, sur plusieurs questions d'actualité, notamment la réforme du système éducatif, la surcharge des classes, le déficit en matière d'enseignants... Interrogé sur le mécontentement et la colère des citoyens quant à sa gestion du secteur, il regrette que « les gens » ne regardent pas un petit peu en arrière c'est-à-dire vers les années 1980 lorsque l'école algérienne était vraiment sinistrée. « Nous sommes passés d'une école sinistrée à une école classique et, personnellement, je suis satisfait des résultats de la réforme. L'école se porte bien, néanmoins je comprends ceux qui nous critiquent, car de par le monde, nul n'est satisfait du rendement de son école », a rétorqué Benbouzid. Le ministre a exhibé un rapport contenant les indicateurs qui démontrent « la bonne santé de l'école algérienne ». « Les clignotants ne sont pas au rouge et les indicateurs que nous avons en notre possession démontrent que l'école a progressé à tous les niveaux », s'est-il défendu. Les clignotants ne sont pas au rouge Argumentant ses propos, M. Benbouzid a précisé que dans chaque système, l'évaluation d'un secteur se fait sur la base d'indicateurs. D'après lui, depuis le début de la réforme, « des résultats impressionnants » ont été enregistrés. Chiffres à l'appui, le ministre parle de 70% d'inscriptions au préscolaire, d'un taux de scolarisation qui a atteint les 97% alors que la réussite aux examens de fin de cycles progresse d'année en année. M. Benbouzid a parlé également des enseignants en formation, du nombre d'établissements en construction et du projet quinquennal. Fier de ce qu'est devenue l'école algérienne, le doyen des ministres n'a pas manqué pas de rappeler les appréciations des organismes internationaux (notamment l'Unesco) qui, selon lui, ont cité et classé l'école algérienne parmi les exemples à suivre en matière de perfectionnement. « Si notre école est parfaite, comment expliquer le classement des Algériens à la dernière place (la 104e) lors du concours international des olympiades de mathématiques en Allemagne ? » Pour toute réponse, le ministre a avancé qu'il s'agit là d'un simple concours auquel ne participent pas souvent les meilleurs élèves ! Abordant la question de l'approche par compétence, le ministre a exclu son introduction, cette année, dans les examens. Cette méthode, qui permet à l'élève de participer à la confection du cours et de développer son esprit d'analyse, a été le cheval de bataille de Benbouzid. Seulement, il n'a pas pu la généraliser à tous les paliers faute d'enseignants formés dans ce sens. L'approche par la compétence, qui a été la colonne vertébrale de la réforme du système, signifie, selon le ministre « passer d'une tête pleine à une tête bien faite ». Cette méthode est appliquée actuellement au niveau des cycles primaire et moyen. « Il n'est pas question de programmer l'approche par la compétence aux examens tant que nous ne l'avons pas élargie au secondaire. Pour arriver à cela, nous devons former des enseignants afin de bien transmettre leur savoir. Pour l'heure, nous avons formé des inspecteurs des deux premiers cycles », a expliqué le ministre. Manque d'enseignants dans le Sud S'agissant du déficit en matière d'enseignants, le ministre ne nie pas que ce problème se pose avec acuité dans certaines wilayas du pays, notamment dans le Sud. Les matières concernées sont le français, les mathématiques et la philosophie. « Nous avons décidé d'ouvrir, dans les wilayas où nous avons enregistré ce déficit, des filières à l'intérieur de l'université pour la formation des enseignants. Nous allons également faire appel aux retraités, et aussi nous mettons à la disposition des enseignants qui veulent partir au Sud un logement de fonction », a expliqué le ministre de l'Education, qui a toutefois écarté l'existence d'un déficit d'enseignants dans les grandes villes du pays. Pour ce qui est de la charge des classes, le ministre rejette les critiques acerbes émanant pourtant de différentes parties concernées par cette question. « Auparavant, il y avait plus de 40 élèves par classe ; maintenant les classes fonctionnent avec 25 à 30 élèves. La surcharge se pose effectivement dans le cycle moyen et ce, à cause de la cohorte des 5e et 6e années », a expliqué le ministre. Ce problème persistera durant les deux prochaines années et ce, en dépit de la réception de plus de 100 établissements pour le cycle moyen. Par ailleurs, pour ce qui est de la menace de boycott de la rentrée scolaires brandie par les syndicats du secteur, M. Benbouzid, très confiant, affirme que « personne ne boycottera la rentrée. J'ai rencontré à plusieurs reprises les syndicats du secteur les plus représentatifs et aucun d'eux n'a parlé de contestation ». Il est persuadé que les enseignants sont des fonctionnaires responsables, qui n'iront pas jusqu'à perturber la rentrée scolaire. Maintenant, concernant les revendications des enseignants et plus particulièrement le régime indemnitaire, le ministre a fait remarquer que les responsables de son département se sont entretenu, sur le sujet, avec les partenaires sociaux et qu'une commission mixte a été installée afin de dégager des propositions qui seront soumises, une fois le travail achevé, au gouvernement.