Cette collection riche de vingt-cinq tableaux récents, aux dimensions variées, témoigne d'un travail puisé en droite ligne du quotidien. Algérien, autodidacte par excellence, Aghiles Issiakhem tient à expliquer d'emblée qu'il n'y a aucun rapprochement ni de similitude entre sa peinture et celle de son grand oncle, M'hamed Issiakhem. «Ma peinture, explique-t-il sur un ton posé, est la résultante de son mental. Ce sont les multiples scènes quotidiennes que je vois dans la rue que j'essaye d'immortaliser dans mes œuvres. Avant de me lancer dans tout travail, je dois sentir d'abord mon sujet. Je suis un impressionniste-né. Je suis sorti du lot. J'ai mon propre style qui me caractérise», explique-t-il. En véritable témoin de son temps, l'artiste peintre Aghiles Issiakhem se veut le porte-parole de tous ces jeunes en désarroi. Il se lit à travers le visage des autres. C'est du moins ce qui se dégage de l'ensemble de ses toiles aux traits assez tristes. Cet impressionniste se plaît à trouver ses sujets dans les rues d'Alger, en n'omettant pas de reproduire les graffitis inscrits un peu partout sur les murs. Les portraits et les autoportraits sont récurrents dans cette exposition. Quelquefois, quand l'artiste a envie de peindre une personne, il l'a photographie dans un premier temps avec un appareil, ensuite il rentre dans la création. Une création dont lui seul détient le secret. Dans l'œuvre nommée «Fierté», l'œil du visiteur est interpellé par ce visage d'un homme au menton long et au regard révolté. Une rage semble s'emparer de tout son être. Un autoportrait de l'artiste portant un Bob est également à l'honneur. «Vu de ma fenêtre d'Alger» est un tableau où l'on peut apercevoir des immeubles, des poteaux électriques ainsi qu'une floraison de paraboles. Se voulant innovant, Aghiles Issiakhem a utilisé cette fois-ci la technique du charbon dans quelques-unes de ses œuvres. Le charbon, explique-t-il, est une matière sensible qui demande beaucoup d'attention dans son utilisation. Après avoir esquissé les traces avec le charbon, la peinture prend le relais. Cet artiste doué change de supports régulièrement. Il utilise aussi bien des feuilles de magazines que des toiles. Avant toute création, Aghiles révèle qu'il est confronté au phénomène de la transe. «Quand je suis en transe, j'ai l'impression que le tableau est fini, alors que je ne l'ai même pas encore commencé. Je dépens de cette transe. Ce n'est pas le visage qui m'intéresse, mais l'état d'esprit dans lequel je peins.» Aghiles s'est découvert un penchant très prononcé pour la peinture il y a cinq ans, suite au décès de son regretté père. Un père qui l'a encouragé, dès l'âge de sept ans, à griffonner des dessins sur les murs du garage de la maison ! Artiste peintre prolifique, Aghiles Issiakhem compte présenter prochainement une exposition de peinture dont le thème générique est le cancer.