Où va l'argent de la zakat ? Profite-t-il réellement aux plus démunis ? Comment ce fonds est-il géré ? Autant de questions qui se posent à la lumière des récentes sorties médiatiques du ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, à l'occasion desquelles il a fait part de la gestion de ce dossier qui fait couler beaucoup d'encre. Ainsi, M. Ghlamallah a annoncé, samedi à partir de Sétif, la création d'une structure indépendante ayant pour mission la gestion des fonds de la zakat. Il a affirmé que la mise en place d'un nouveau mode de gestion de ce fonds se faisait «sur des bases fiables». S'exprimant à l'ouverture d'un séminaire national organisé à l'occasion du lancement de la 10e campagne de promotion du fonds de la zakat, le ministre a affirmé que «les fonds collectés seront versés dans des comptes postaux et non conservés dans des caisses en bois exposées à tous les risques». Mea culpa du ministre par rapport à une gestion opaque du fonds de la zakat ou réelle volonté de transparence en vue de faire bénéficier qui de droit de l'argent collecté ? En filigrane, le ministre laisse penser que la gestion de l'argent de la zakat a été jusque-là entachée d'irrégularités. «L'argent de la zakat n'est pas dans les caisses du fonds, il est distribué. Chaque année, à l'occasion du Mawlid Ennaboui, 50% de l'argent collecté sont donnés aux nécessiteux, à raison de 20 000 à 30 000 DA par famille. Grâce à ce fonds, 8580 micro-entreprises ont été créées sur la base de prêts sans intérêt déposés à la banque Al Baraka et donnés aux étudiants, aux diplômés sans emploi, aux nécessiteux et aux gens qui veulent travailler. Entre 2010 et 2011, 1880 projets ont été créés», a affirmé hier, sur les ondes de la Chaîne III, Mohamed Aïssa, directeur de l'orientation religieuse au ministère des Affaires religieuses et des Wakfs. Mais sur le terrain, la transparence est loin d'être au rendez-vous. Beaucoup de personnes démunies sont «privées» de cet argent qui leur est théoriquement destiné et leur revient de droit. En tout cas, à plusieurs reprises, imams et fidèles, offusqués par le comportement de certains pseudo-musulmans sans foi ni loi qui se regroupent dans les commissions de la zakat au niveau des mosquées, sont montés au créneau pour remettre en cause la gestion du fonds de la zakat. De l'avis d'un imam du centre du pays, qui a souhaité garder l'anonymat, une opacité totale entoure la gestion du fonds de la zakat depuis sa création. «Cela fait longtemps que nous avons demandé à notre tutelle de créer des comptes postaux pour garantir une gestion sûre et transparente de l'argent du fonds de la zakat», a indiqué notre interlocuteur. «Certains fidèles qui ont pris les rênes des commissions de la zakat au niveau des mosquées ont commis des détournements à leur profit, parce qu'il n'y a aucun contrôle», a-t-il dénoncé.