Roger Federer, au moment de la remise des prix, a dû longtemps méditer ce dicton populaire. Parti sur les chapeaux de roues dans la première manche, le quintuple tenant du titre, à la recherche d'un 6e trophée consécutif, ne pouvait pas mieux commencer sa énième finale de grand chelem. Ceux qui s'attendaient à un one man show du numéro 1 mondial furent vite détrompés par Juan-Martin Del Potro, qui aura à peine 21 ans le 23 septembre prochain. Usant de son énorme et si percutant service, balancé du haut de son 1,98 m, très souvent pointé à plus de 200 km à l'heure, l'Argentin revint à une manche partout avant de céder la troisième et de revenir une nouvelle fois encore à égalité de sets (2-2). A cet instant de la finale, public présent et téléspectateurs scotchés à leur écran, étaient persuadés qu'ils étaient en train de vivre une autre nouvelle page du tennis mondial. En effet, comme encore fortement déçu de n'avoir pas donné suite aux si nombreuses balles de break obtenues (5/22), et surtout de n'avoir pu convertir à son avantage le 5-4, 30-0, du second set, Federer se mit, dans le set décisif, à viser les décors. Le sort de la rencontre était en train de basculer. Finalement, les dieux du sport ont désigné le vainqueur : Del Potro après 4h06' de jeu. Pour l'histoire, on notera que personne d'autre que Rafael Nadal n'avait vaincu Federer dans une finale d'un tournoi majeur. Le jeune argentin, qui succède, des années plus tard, à son illustre compatriote, Guillermo Vilas, spectateur attentif dans la tribune d'honneur, est désormais le second d'une liste presque ésotérique. Del Potro entre aussi, dans « le bruit et la fureur », dans la terrible bande des 4 (Federer, Nadal, Murray et Djokovic) dont il sera, à n'en pas douter, un 5e membre des plus actifs. L'appétit venant en mangeant, Del Potro, qui a écrasé Nadal, diminué, il est vrai, par des douleurs abdominales, en demi-finale, peut se dire maintenant, à juste raison : qui peut le plus, peut le moins.