Roger Federer est désormais seul au sommet de l'histoire du tennis, après son quinzième titre au Grand Chelem remporté dimanche à Wimbledon aux dépens d'Andy Roddick, vaincu au terme de cinq sets de lutte d'une extraordinaire intensité 5-7, 7-6 (8/6), 7-6 (7/5), 3-6, 16-14. Pour battre le record de Pete Sampras, remporter son sixième titre sur l'herbe anglaise, effacer le souvenir cuisant de son échec de l'année dernière face à Rafaël Nadal et récupérer du même coup la place de n°1 mondial, le Suisse a dû batailler pendant 4h 15 min d'un superbe niveau tennistique. C'est surtout le dernier set qui a été époustouflant. Les deux hommes se sont livré une épuisante bataille de nerf de 95 minutes, soit la plus longue cinquième manche jamais jouée dans une finale de tournoi majeur. Federer a fini par faire le break au quinzième jeu de service de l'Américain, pour la première fois du match, devant une brochette de légendes de son sport, dont Sampras, désormais distancé d'une victoire au Grand Chelem. « C'est un moment incroyable de ma carrière. Quinze Grands chelems, c'est un des plus grands records. Mais cela ne va pas dire que je vais arrêter. J'espère jouer encore de nombreuses années », a dit le vainqueur qui aura 28 ans en août. Le Bâlois partait archifavori face à Roddick, une de ses victimes préférées qu'il avait battue18 fois sur 20, notamment dans deux finales de Wimbledon (2004, 2005) et une de l'US Open (2006). Et pourtant il a eu très chaud face à un Texan qu'on n'avait jamais vu jouer un tel tennis. Tout a semblé plié lorsque Federer a effacé quatre balles consécutives de 2 sets à 0. Après ces six points réussis d'affilée dans une tension déjà énorme (de 2-6 à 8-6 dans le tie-break), le Suisse semblait avoir fait le plus difficile. Impressionnant au service (50 aces, soit le quatrième total de l'histoire du tennis !), il a commencé à sortir des coups exceptionnels, surtout en passings. Mais contre toute attente Roddick ne s'est pas effondré et pour mener 2 sets à 1, le Bâlois a eu recours au tie-break, un exercice où ses nerfs d'acier le rendent quasi invincible (30 jeux décisifs gagnés sur 34 à Wimbledon depuis son premier sacre en 2003). Federer efface ainsi définitivement la difficile période -de janvier 2008 à mai 2009- durant laquelle on avait commencé à parler de déclin à cause de la succession des revers. A Londres, c'est un Federer digne de sa plus belle époque, semblant souvent d'une facilité surnaturelle, qu'on a pu admirer. « Revenir en forme, gagner à Paris, puis ici, c'est un sentiment étonnant. Cela a été une année folle. Le tennis c'est fou », a dit le Suisse qui, depuis sa victoire à Roland-Garros en juin, fait partie des joueurs ayant remporté tous les « majors ». Déjà considéré comme le plus grand champion de tous les temps, le Suisse est parti pour élargir encore sa place dans la légende. Vu le tennis qu'il a produit depuis quinze jours, il n'y a aucune raison que son compteur en reste à 15 Grands Chelems.