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Investissements à Boumerdès : 250 projets en stand by
Publié dans El Watan le 26 - 12 - 2011

La wilaya de Boumerdès accuse un énorme retard en matière d'investissement. De nombreux projets, prévus durant ces vingt dernières années dans l'optique de relancer le développement local, n'ont pas encore vu le jour. Les 22 zones d'activités (ZAC) que compte la wilaya sont, pour la plupart, livrées à l'abandon. 14 sont gérées par l'agence foncière de la wilaya et 8 par Gestibo, un organisme qui a succédé à l'entreprise de gestion des zones industrielles de Boumerdès (EGZIB). Le foncier dégagé pour recevoir les projets d'investissement est géré dans l'opacité la plue absolue et fait l'objet de toutes les convoitises.
Les informations en notre possession font état de plus de 260 projets d'investissement qui n'ont pas encore démarré au niveau de la wilaya depuis leur inscription au début des années 1980. Les services concernés avaient créé 751 lots de terrain, dont 692 avaient été attribués. Mais près de la moitié des acquéreurs n'avaient pas encore implanté leurs projets. Le comble c'est que même ceux qui ont réussi à le faire, se sont heurtés à d'autres difficultés qui les ont empêchés d'entamer l'activité. Aujourd'hui, certaines sources citent plus de 150 investisseurs qui ont lancé leurs entreprises, dont 60 relevant du secteur de l'industrie et 35 des métiers de l'artisanat.
Des milliers de jeunes se trouvent sans emploi et exposés à toutes les dérives à cause des lenteurs constatées dans la réalisation des projets prévus depuis des lustres et l'ouverture des unités industrielles réalisées au niveau des zones d'activités de leurs localités respectives. Les visites que nous avons effectuées sur le terrain nous ont permis de constater que la quasi-totalité des surfaces réservées aux investissements sont à l'abandon ou détournées de leur vocation initiale comme c'est le cas à Bordj-Menaiel et Taouarga. Le site devant abriter 25 projets dans la ZAC de cette municipalité est parsemé de chalets. En sus de cela, l'on a constaté que les espaces devant attirer les investisseurs ne sont pas viabilisés ; ils ne sont dotés ni de routes aménagées, ni de conduites d'eau potable ni de réseaux téléphonique et électriques.
Le développement compromis
C'est le cas de la ZAC de Naciria qui abrite trois entreprises fonctionnelles sur les 32 prévues depuis plus de 20 ans. Certains bénéficiaires des lots de terrain attendent avec impatience la viabilisation du site pour construire leurs unités. Mais l'agence foncière leur aurait exigé de s'acquitter des frais des travaux, ce qu'ils avaient refusé de faire, arguant avoir déjà payé avant l'obtention des lots. Ce problème se pose au niveau de nombreuses autres ZAC, notamment celles des localités de Khemis-El Khechna, Issers et Dellys.
Après des années de blocage, les autorités de la wilaya semblent avoir décidé apparemment de confier les opérations de viabilisation à la DUC en vue de les inclure dans le cadre du programme d'amélioration urbaine. Mais il n'y a pas que cela qui entrave le développement de la région. À Baghlia, pas moins d'une vingtaine d'investisseurs n'ont pas pu lancer leurs projets en raison de difficultés financières et le refus exprimé par l'agence foncière de leur octroyer des actes de propriété pour qu'ils puissent bénéficier d'un crédit bancaire.
Le site en question s'étend sur une superficie de 30hecdtare. Il comprend 29 lots et une dizaine d'entreprises dont sept sont en service, apprend-on auprès du P/APC. À Dellys, des citoyens évoquent le cas d'une importante usine de produits agricoles fermée depuis plus de deux ans en raison d'un litige opposant le propriétaire du terrain à l'APC. La même situation prévaut également à Béni Amrane où la moitié de la ZAC, soit 18 lots, ne sont pas encore cédés à cause de l'opposition exprimé par un citoyen qui se dit propriétaire du terrain.
À Souk El Had, le bénéficiaire d'un terrain de 5,4 hectares n'a rien entrepris pour honorer ses engagements vis-à-vis de l'agence foncière. Pourtant, les clauses du cahier des charges l'obligent à entamer les travaux avant 1998, soit trois ans après l'obtention de l'acte de vente. Un responsable local accuse cet investisseur «de vouloir changer l'intitulé du projet et la destination initiale du terrain». À Boudouaou, c'est le fiasco: nos sources indiquent qu'une grande partie de la zone d'activités a été squattée par des gens avides d'espaces sans qu'aucune autorité ne lève le petit doigt. Il est utile de préciser dans ce cadre que d'importantes assiettes foncières destinées pour recevoir des entités économiques ont été revendues à de tierces personnes de manière illégale.
Les milliers d'hectares de foncier public cédés à un dinar symbolique aura plutôt fait les choux gras des spéculateurs de tous bords. Qu'a-t-on fait pour remédier à cette situation ? Rien ou presque. Les enquêtes enclenchées par l'ex-wali et l'APW de Boumerdès pour faire la lumière sur ce dossier brûlant n'ont toujours pas dévoilé leurs résultats. Des mises en demeure avaient même été émises par le passé à l'encontre «des mauvais investisseurs», mais aucune n'aura été exécutée pour le moment. C'est là aussi une autre preuve qui illustre l'inertie dont font preuve nos responsables lorsqu'il s'agit de promouvoir les investissements pour redynamiser l'économie locale. La levée des contraintes qui font fuir les générateurs de richesse de cette région qui a souffert des aléas du terrorisme et du sous-développement s'avère aujourd'hui une nécessité des plus impérieuses.


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