A Alger, les marchands d'oiseaux et autres animaux de compagnie attirent de nombreux badauds. Eh oui ! Ce n'est pas tous les jours qu'on peut admirer le beau plumage d'un perroquet, les humeurs changeantes d'un caméléon, l'espièglerie d'un chat siamois ou le doux pelage d'un hamster ! De plus en plus de commerçants se lancent dans ce négoce. Sur la piétonnière de la rue Ahmed Zabana, à quelques mètres de la rue Didouche Mourad, un petit « zoo » s'offre aux yeux émerveillés des passants : des chats siamois (à partir de 2500 DA), des caméléons (1300 DA), des poissons (à partir de 100 DA) et même des hamsters (400 DA). « Il m'arrive même de vendre des serpents à des connaisseurs » nous révèle le marchand. En attendant, la « bébête » qui intrigue le plus les passants est sans conteste le caméléon. Blotti au fond de sa cage, il regarde le monde avec un air étrange. « Au printemps, ils sont encore plus jolis, avec un pannel de couleurs », précise le vendeur. Cages d'oiseaux, accessoires, nourriture pour animaux, aquariums... un business qui se porte bien et qui rapporte gros. Direction rue Larbi Ben M'hidi. De magnifiques chants d'oiseaux nous attirent. Là, entre deux immeubles, un marchand d'oiseaux est installé. Canaris, chardonnerets et perruches enfermés dans des cages attendent d'éventuels clients, « les gens viennent souvent pour admirer mes oiseaux . Il y a ceux qui achètent et ceux qui, n'en ayant sans doute pas les moyens, prennent quand même plaisir à regarder et à poser pleins de questions sur ces volatiles. » nous confie le marchand. Pendant que nous devisons, une dame accompagnée de son fils s'approche. Elle vient pour acheter de la nourriture pour son perroquet « Coco ». « Il me faut 500 g de graines de maïs et 1 kilo de graines de tournesol. Ça c'est juste des gourmandises », dit-elle. Et d'ajouter : « Le perroquet est un formidable animal de compagnie. Le premier mot qu'il a prononcé, c'était « Coco », d'où son nom ! » Côté clients, la demande est très forte en ce qui concerne les perroquets gabonnais. Il faut souvent passer commande et patienter de longs mois avant de pouvoir en acquérir un, « leur prix oscille entre 9000 et 30 000 DA et leur cote augmente à mesure qu'ils vieillissent », précise le vendeur. De petits poissons multicolores s'ébrouent gaiement dans un grand aquarium. « La plupart sont importés d'Indonésie et de Chine. Leurs prix varient entre 20 et 8000 DA/pièce pour les espèces les plus rares », indique notre interlocteur. « Les Algérois vouent une réelle passion pour les animaux de compagnie. Avant d'exercer ce métier, je pensais que c'était propre aux Européens seulement », ajoute-t-il. A la rue Claude Debussy, un magasin spécialisé dans la vente d'animaux de compagnie ainsi que divers accessoires attire notre attention : cages d'oiseaux, literies, muselières, corbeilles en osier, croquettes, vitamines pour animaux, shampooing antiparasites et même cassettes pour initier les oiseaux à un meilleur chant ! « L'Algérois préfère le chardonneret (maqnine), c'est une question de tradition, nous révèle le propriétaire. En Algérie, c'est un oiseau qui est en voie de disparition à cause du braconnage tous azimuts pratiqué avec un filet et pendant toute l'année. D'où les prix exorbitants de ces oiseaux : entre 6000 et 15 000 DA. » « Actuellement, la mode est aux hamsters. Cet animal a des vertus thérapeutiques. Il aide à combattre le stress et la solitude. En plus, il nécessite très peu d'entretien. Il se contente de quelques légumes et de pain rassis. C'est sans doute ce qui explique l'intérêt croissant des clients pour ce rongeur », indique notre interlocuteur. Autre forte demande : les chiens, en particulier les caniches et les bergers allemands. « Comme il n'existe pas de chenils chez nous, c'est chez les particuliers qu'on s'en procure dès qu'il y a une naissance », explique notre source. « Je suis contre la vente des caméléons car ce sont des animaux sauvages qui ne supportent pas de vivre en cage et qui, souvent, finissent par mourir. Idem pour le magot, une espèce de singe. Leur place est dans la nature. » Dans ce magasin, point d'animal rare ni étrange mais plutôt un tableau en vitrine où chaque jour le propriétaire inscrit un proverbe. Lors de notre passage, le proverbe du jour était « Qui se fâche a deux peines. Celle de se fâcher et celle de se remettre ! » A méditer.