Saignés à blanc durant le mois du Ramadhan et à l'occasion de la rentrée scolaire, les chefs de famille ont fait face stoïquement aux dépenses liées à l'Aïd El Fitr. En dépit d'une grande précarité sociale qui s'empare de larges couches de la population, les Algériens se plient aux exigences de la tradition et savent qu'une autre saignée arrivera dans deux mois, pour le sacrifice du mouton de l'Aïd. Dans ce climat général morose, la joie et l'enthousiasme des enfants demeurent intacts, réclamant à leurs parents des vêtements neufs de marque et les jouets les plus perfectionnés. Les rues commerçantes des grandes villes deviennent alors le point de ralliement de tous les vendeurs à la sauvette proposant des articles provenant de la même partie du monde, cassant les prix à l'extrême et accaparant la quasi-totalité des espaces publics. C'est donc aussi la fête de l'informel où la contrebande est reine et où le contrôle est anéanti. Les « chinoiseries » qui, partout ailleurs dans le monde, sont mises sous la loupe du contrôle de qualité, jonchent nos trottoirs sans avoir subi le moindre test de non-dangerosité. L'activité commerciale lors des grandes occasions échappe totalement au contrôle de l'Etat, lequel ne s'en émeut guère. Plus que cela, les pouvoirs publics s'illustrent par d'énormes ratages, à l'exemple de la rocambolesque mais dangereuse péripétie du vaccin grippal saisonnier. Pourtant intégré dans la liste des médicaments remboursables en raison de son importance dans la protection de la santé publique, ce vaccin risque de ne pas être mis à la disposition des citoyens au niveau des pharmacies. C'est l'une des surprises les plus catastrophiques de cette rentrée. Si l'administration centrale algérienne a oublié que la grippe saisonnière est la première cause de mortalité par maladies infectieuses dans le monde, c'est que la société a beaucoup de souci à se faire dans la suite des événements, et pas seulement dans le secteur de la santé, qui est, du reste, le plus névralgique. Pendant ce temps, que font nos gouvernants à part se taire et faire le dos rond ? On botte en touche pour créer l'illusion de l'action publique. Le ministre de l'Education nationale a évoqué, mercredi à Tizi Ouzou, la généralisation prochaine de l'enseignement de tamazight. Ceci au moment où les enseignants titulaires réclament leurs indemnités et les vacataires attendent leur régularisation. Ces derniers, lors d'un rassemblement organisé la semaine dernière à Boumerdès, ont avoué avoir eu recours aux restaurants Errahma pendant le mois de Ramadhan.