De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Les dernières semaines du mois sacré de Ramadhan, qui ont coïncidé avec la rentrée scolaire, sont les plus agitées et embarrassantes qu'ont affrontées les familles, notamment celles issues de la couche moyenne de la société et encore plus les familles défavorisées. Ces dernières ont déjà entamé leur rentrée sociale dans la précipitation et sous une flambée des prix des différents produits alimentaires, pour lesquels les tentatives de l'Etat visant à la stabilisation des prix de certains produits se sont avérées inefficaces, notamment pour les viandes, la pomme de terre et autres produits de large consommation. En effet, à quelques jours de la fête de l'Aïd El Fitr, les ménages vivent toujours une situation drastique et ne trouvent pas le moyen de faire face aux exigences de la vie quotidienne. Ainsi, à l'instar de toutes les régions du pays, les chefs de famille dans la wilaya de Bouira ont vécu des moments de nervosité car, en plus des emplettes pour garnir la table de la rupture du jeûne, les parents ont été dans l'obligation d'habiller leur progéniture pour la rentrée scolaire et pour la fête de l'Aïd et de faire les achats nécessaires à la célébration de cette fête pour les gâteaux traditionnels et autres mets, dont les ingrédients et matières premières sont inaccessibles pour les bourses moyennes, tels que la farine, le sucre, la maïzena, les noix de coco râpé, les dattes écrasées, le miel et autres gourmandises qui provoquent, chaque fois, des trous dans le budget du citoyen. En effet, le souci des pères de famille nombreuse est de gérer rigoureusement leurs revenus mensuels et de les répartir entre l'achat pour leur progéniture des tenues vestimentaires, des articles scolaires en plus des livres nécessaires à leur scolarité. Ainsi, en dehors des familles qui ont été soutenues par les action de solidarité décidées par l'Etat et le secteur de l'éducation, notamment le versement de la prime de scolarité, la distribution de trousseaux et des manuels scolaires au profit des enfants scolarisés issus de familles pauvres, la couche moyenne de la société a été presque ignorée, sauf les travailleurs du secteur de l'éducation qui ont pu bénéficier de la gratuité des livres scolaires pour leurs enfants. Toutefois, il faut signaler que la majorité des parents ont vécu des moments embarrassants depuis le week-end dernier pour faire face aux exigences de la décision prise par le ministre du port du tablier pour l'ensemble des élèves des trois paliers d'études. Entre le désir de satisfaire leurs enfants et la crainte de voir ces derniers interdits d'accès en classe, les parents ont dû batailler pour acheter les blouses recommandées. Car les couleurs rose et bleue exigées étaient indisponibles sur le marché. Pour certains parents que nous avons interrogés et des vendeurs d'effets vestimentaires, la décision du ministre est venue en retard ; les propriétaire d'ateliers de confection et autres fabricants de blouses n'avaient pas suffisamment de temps pour alimenter le marché. N'étaient alors disponibles que les blouses produites à domicile par des femmes et autres confectionneurs qui activent dans ce créneau, et qui sont souvent de qualité médiocre. «1 800 DA est le prix que j'ai dépensé pour l'achat, seulement, de trois blouses à mes enfants», a affirmé un fonctionnaire rencontré dans un magasin de vêtements pour enfants à Bouira. Ce dernier nous a dressé ensuite la facture de ses dépenses pour les effets vestimentaires, nécessaires pour la rentrée et la fête de l'Aïd : un pantalon à 1 400 DA, un tricot à 1 000 DA, une chemise à 800 DA alors que les chaussures pour enfants ont atteint la barre des 1 500 DA. C'est du jamais vu, lança notre interlocuteur qui a précisé avoir déboursé à peu près la même somme pour ses deux autres enfants. «Ça m'a coûté plus de 15 000 DA rien que pour l'habillement.» Face à cette cherté, d'autres parents ont choisi les marchés hebdomadaires et les magasins de friperie. Cette circonstance a été une aubaine pour les fripiers qui ont écoulé leurs marchandises, durant cette semaine où le rush enregistré au niveau de ces boutiques a dépassé tout entendement. Il est proposé des pantalons en jeans occasion à 400 DA, des sweet-shirts et des polos à 250 DA et des chemises entre 250 et 500 DA, alors qu'une paire de chaussures est affichée entre 500 et 800 DA. Au niveau des libraires et autres vendeurs d'articles scolaires, le citoyen subit une autre saignée, de la gomme jusqu'au cartable en passant par de nouveaux articles recommandés pour d'autres matières étudiées. Une dame a indiqué avoir payé près de 5 000 DA pour ses deux fillettes inscrites au primaire. Puis viennent les dépenses liées à l'achat des manuels scolaires, car il est bien inutile d'envoyer son enfant avec seulement des vêtements neufs. Ainsi, un lot total de livres nécessaires à un élève de 2ème année moyenne coûte près de 1 800 DA au niveau des écoles, un prix fixé par le CRDDDP avec l'application de la baisse de 10%, mais cette diminution est jugée insignifiante par les parents qui ont plusieurs enfants à scolariser.