Situation bien inextricable que celle dans laquelle se trouve le lotissement Tiouririne II, dans la ville de Tazmalt, qui, depuis 2002, semble ne plus vouloir voir le bout du tunnel. Une situation de blocage qui pénalise bien des familles qui, après de longues années d'attente, se voient signifier par les autorités qu'ils avaient bien « acheté du vent. » Les bénéficiaires se retrouvent ainsi piégées. Théoriquement ils ont bien acquis un lot de terrain à caractère social, mais pratiquement, ils ne peuvent y accéder, ne pouvant disposer d'actes de propriété. Sans parler de la viabilisation du site. D'un autre coté, ils ne peuvent prétendre à aucune autre forme d'aide de l'Etat, notamment le logement social. Retour sur un lotissement « très spécial ». A bien des égards. Juillet 2002. A trois mois des élections locales, l'Agence foncière communale met en vente un lotissement à caractère social de … 730 lots. Le chef de Daïra de l'époque s'était opposé à l'octroi de ce « lotissement illégal » car non viabilisé. Le prix prohibitif de 8000 DA le mètre carré se justifie par le fait que le lotissement devait s'auto-viabiliser. Le produit de la vente devait payer le terrain aux domaines pour une somme de 25 millions de dinars, le reste devait servir à la viabilisation dont la fiche technique a arrêté le montant de 81 millions de dinars. Mais voilà que l'Agence foncière locale décide de mettre le produit de vente du lotissement, 118 millions de dinars, à Khalifa Bank. Quelques semaines après, El Khalifa est mise en faillite. Et l'argent du terrain et de la viabilisation s'y trouve bloqué. A ce jour. Depuis 7 ans les bénéficiaires ne savent plus à quel saint se vouer. Ils ont saisi les autorités à tous les niveaux mais n'ont récolté que des promesses sans lendemain. Une association a été créée et tente depuis 2007 de se faire entendre. Les bénéficiaires demandent leurs actes de propriétés et la viabilisation du lotissement. Dialogue rompu Pour les autorités locales et de wilaya, la solution réside dans la transformation du lotissement en programmes de logements collectifs et semi-collectifs. Les bénéficiaires recevront une aide de l'Etat pour construire leurs logements, et la collectivité récupérera les terrains pour d'autres équipements et programmes. Une bonne partie des bénéficiaires avait adhéré au départ à l'idée, avant de se rétracter. La formule LSP qui leur a été proposée ne les agrée pas du tout. « Nous préférons nos terrains. Nous nous débrouillerons pour construire nos maisons. » disent-ils. Or, c'est ce que craignent, justement les autorités : avec les difficultés que pose le site, l'achèvement des constructions prendra beaucoup de temps, et cela, inévitablement, « créera un immense bidonville. » Le dialogue établi ces derniers temps entre l'association et les autorités locales pour dépasser la situation de blocage est rompu. Retour, donc au statu quo. Pour les membres de l'association, l'argument de Khalifa Bank ne suffit plus pour expliquer ce blocage. Ce ne sont pas eux qui ont choisi d'y mettre leur argent. C'est à l'Etat de récupérer l'argent perdu. Le président de l'association, Ganoune Saïd, en veut surtout à l'Agence foncière de wilaya, contre laquelle il compte déposer plainte. Pour lui, les avoirs de l'ex-agence foncière locale et les créances qu'elle détient auprès d'autres organismes pouvaient bien assurer la viabilisation du terrain. L'association, « bien décidée cette fois-ci » passe à l'offensive. Elle vient de saisir les hautes autorités du pays par voie de presse, avant de passer, en deuxième étape, à l'action judiciaire. Elle ne compte pas s'arrêter avant que les bénéficiaires ne soient rétablis dans leurs droits. Pour elle, il y a volonté délibérée de blocage ou du moins manque de volonté de l'administration pour le règlement de la situation de plus de 700 familles, en majorité démunies, prises en otage, dans cette histoire qui n'en finit pas.