L'annonce d'une «sainte» alliance regroupant trois partis de la mouvance islamiste – MSP, Ennahda et El Islah – surprend par la célérité avec laquelle ce front s'est constitué. Deux autres partis de la même sensibilité, nouveaux venus sur la scène politique – le Front national de l'ancien ministre ex-MSP, M. Menasra, et le PJD de Abdallah Djaballah – ont refusé de rejoindre cette alliance verte, préférant se présenter aux élections législatives en solo. Cette précipitation du MSP à vouloir rassembler le camp islamiste semble avoir lamentablement échoué puisqu'il n'a réussi à courtiser que de petites formations qui ne lui seront quasiment d'aucun apport pour améliorer son score électoral habituel, voire au moins le préserver. Manque d'assurance et de confiance dans ses chances aux prochaines législatives ? Prenant de vitesse toute la classe politique, le MSP s'est engagé dans un système d'alliance avec des partis de sa famille naturelle, après avoir fugué pendant plus d'une décennie en se jetant dans les bras d'une Alliance présidentielle aux côtés de partis politiques, le FLN et le RND, avec lesquels il n'avait rien à partager, sinon des postes et l'ivresse du pouvoir. C'est la première fois qu'une alliance de ce genre voit le jour dans le paysage politique national, avec un programme électoral et des listes communes. Galvanisé par la victoire des islamistes en Tunisie et au Maroc notamment, le leader du MSP, relayé par des responsables d'autres partis islamistes, multiplient les déclarations triomphalistes annonçant la victoire inéluctable de leur courant lors des prochaines élections législatives. Les contacts entre les formations islamistes des pays de la région n'ont jamais été aussi intenses que depuis les bouleversements politiques intervenus dans les pays maghrébins. Partageant le même projet de société, les différences qui peuvent apparaître entre islamistes marocains, tunisiens et algériens tiennent beaucoup plus à des questions de nuances, de méthode dans l'exercice du pouvoir. Dans les compromis politiques à trouver dans le système de gouvernance à mettre en place pour se débarrasser de cette image, nullement usurpée, d'épouvantail, à laquelle ce courant est associé au regard de la tragédie vécue par le peuple algérien au cours de ces dernières années. La seule divergence réside dans la stratégie de conquête et d'exercice du pouvoir. Dans l'expérience tunisienne, marocaine et égyptienne, le courant islamiste, dans sa diversité, n'a pas jugé opportun ni vital d'entrer dans des alliances préélectorales, préférant laisser cette carte pour après le scrutin, afin de former la majorité parlementaire et de procéder au partage des portefeuilles de l'Exécutif. C'est le résultat obtenu au vote qui a déterminé la nature, le poids électoral et politique de chaque parti de cette mouvance et, par conséquent, les ambitions de chacun dans les institutions. Les trois partis islamistes algériens emmenés par le MSP ont choisi la stratégie inverse, qui présente tous les aspect d'un mariage religieux consistant à prendre le risque de mettre leurs œufs dans le même panier en alliant leurs forces dans la perspective du prochain scrutin. Pour le meilleur et pour le pire ? Rien n'est moins évident. Même si on assure que cette alliance est née pour survivre, même après le scrutin du 10 mai.