L'optimisme des islamistes pour remporter ces élections n'a pas de limite Après avoir réussi leurs fusions, ils veulent forcer le destin et commencent déjà à conditionner l'opinion nationale: la victoire ou le chaos. En cette période préélectorale, les islamistes qui ont scellé des alliances, affichent avec arrogance une volonté de prendre le pouvoir, ou tout au moins entrer dans le prochain gouvernement. Les deux leaders en vue de cette mouvance usent d'éléments de langage presque «grossiers» et n'hésitent pas à mettre en doute le scrutin s'il ne leur est pas favorable. Ainsi, le vétéran des islamistes, Abdallah Djaballah, n'écarte pas la possibilité d'intégrer le gouvernement à l'issue des législatives «pour peu que celles-ci soient libres et transparentes», conditionne-t-il. Cette assurance affichée comme une démonstration de force, Djaballah se l'approprie et pousse à la touche son «frère» Abderrezak Makri. En effet, le leader qui n'a jamais été candidat à la députation ne s'empêche pas de critiquer le MSP. «Il y a une différence entre les partis politiques qui se jettent corps et âme dans le système, tentés de participer au gouvernement sans aucune condition et ceux qui posent fièrement des conditions pour y entrer», insiste-t-il. On aura compris la nuance, à savoir que le parti du défunt Nahnah est vu comme un valet du pouvoir. «Dans le cas où les élections ne seront pas entachées de fraude, l'union étudiera sérieusement cette question et la décision d'intégrer le gouvernement sera éventuellement prise par les conseils consultatifs des partis constituant l'union», confirme Djaballah, pour qui, l'accès au pouvoir ne fait plus aucun doute. Il reste que quoi qu'en dise, le leader islamiste, cette position constitue tout de même une évolution dans sa position. Il soutient que la participation aux élections ne trahit en rien la plate-forme de Mazafran. Il n'y a pas si longtemps, il a proposé à ses partenaires de l'opposition de déchirer carrément l'agrément de leurs partis respectifs. «Si on m'écoutait au sein de l'opposition, je les aurais appelés à déchirer les agréments, lors d'une grande cérémonie politique et médiatique, qui sera un témoignage des partis devant l'opinion publique interne et internationale sur la gravité du crime du régime à travers les amendements apportés dernièrement à une série des lois, particulièrement celle portant le régime électoral», avait-il indiqué. Sur la même longueur d'onde que son rival d' El Aâdala, le président du MSP, qui a également scellé une alliance avec le Front du changement (FC) de Abdelmadjid Menasra, affirme que le MSP est capable de ratisser large lors des législatives. En tout cas, «si ce mouvement ne réussit pas aux élections, c'est que les résultats ne seront pas naturels», dit-il. Dans sa surenchère, Makri affirme que le sort de l'Instance de consultation et de suivi de l'opposition (Icso) dépendra des résultats des législatives. A l'entendre, «l'alliance qui a présenté des listes dans les 48 wilayas et les quatre circonscriptions de l'émigration, est la seule qui peut faire face aux partis FLN et RND». D'autre part, devant les assertions du patron du FLN qui n'a de cesse de répéter que son parti aura la majorité absolue des sièges lors du scrutin des législatives, les islamistes adoptent une posture plus offensive. «Il n'y a pas de raison que les alliances formées n'obtiennent pas un nombre important de sièges à l'APN lors des prochaines législatives, semblent réitérer à chaque fois les leaders des partis islamistes. Ce conglomérat constitué par des cadres ayant fait partie des organisations et partis politiques dirigés par Abdellah Djaballah, a présenté des listes communes aux législatives prochaines. Par ailleurs, le RCD ne partage pas l'optimisme des partis islamistes. Si on se fie à son président, l'opposition n'a pas pu construire un consensus autour d'un boycott collectif pour peser sur cette élection. Il a déclaré qu'«à travers les prochaines élections législatives, le pouvoir se dirige vers un système unique à têtes multiples». Pour lui «la seule conclusion qui découle de cet épisode de la collecte de signatures est que l'on veut se diriger autoritairement vers l'émergence de partis artificiels, des sortes de RND bis ou devant parasiter les mouvances démocratique, nationaliste et islamiste. En un mot, la mise à mort du multipartisme», a-t-il affirmé. L'échec des démocrates de l'opposition à créer une sérieuse alternative au pouvoir, a donné des ailes aux islamistes. Après avoir réussi leurs fusions, ils veulent forcer le destin et commencent déjà à conditionner l'opinion nationale: la victoire islamiste ou le chaos.