Pour le scrutin du 5 mai, la machine à «convaincre» l'opinion s'est mise en marche Les partis de cette mouvance se présentent avec un nouvel habillage et commencent déjà à revendiquer un poids sur la scène nationale. Le poids politique des islamistes est certainement la donne-clé de la prochaine échéance électorale. Mouvance politique responsable, en grande partie, de la régression qu'a connue le pays dans de nombreux domaines, l'islamisme ne désespère toujours pas de rééditer en Algérie «l'exploit» tunisien et turc. Pour le scrutin du 5 mai, la machine à «convaincre» l'opinion s'est mise en marche en organisant ces «fusions» entre deux formations d'un côté et trois formations de l'autre. On n'est pas dans l'alliance, mais carrément dans l'allégeance au «maître». Djaballah et Makri affichent donc leurs ambitions et prennent la tête des deux «locomotives» censées ouvrir la voie au rêve islamiste d'arriver au pouvoir par les urnes. Les observateurs constatent que les deux leaders ne veulent pas parler d'alliance pour l'instant, mais se préparent à l'après- élection. Cette option, espèrent les islamistes, devrait donner du poids à leurs arguments, d'autant que l'illusion de l'union préélectorale a assez bien fonctionné. Ils veulent donner l'impression de partir avec une longueur d'avance, celle de l'unité, par rapport aux autres courants politiques qui animent la scène nationale. Il faut souligner que le même scénario, à quelques petites variantes près, a été monté par les islamistes du MSP. En lançant l'Alliance de l'Algérie verte, avec Ennahdha et El Islah, le parti de Abderrezak Makri a pris appui sur une actualité arabe bouillonnante en 2012. C'était, souvenons-nous, les élections législatives qui s'étaient tenues dans un contexte «révolutionnaire» dans plusieurs pays arabes, avec la part belle faite aux islamistes égyptiens et tunisiens. Ces derniers avaient fait le plein de voix dans leurs pays respectifs et les gouvernements de ces deux pays, jadis «laïcs» avaient pris des colorations islamistes. Le MSP s'est empressé de «couper les ponts» avec ses anciens alliés, le FLN et le RND, pour s'associer avec ses «frères», avec l'objectif «fou» de créer une déferlante verte à l'occasion des législatives. Le MSP qui, à l'occasion, a renoué avec son discours populiste et anti-pouvoir primaire croyait bénéficier de «l'effet d'entraînement» de la vague «révolutionnaire» arabe. La sympathie suscitée par l'arrivée au pouvoir à Tunis et au Caire des Frères musulmans dans l'opinion occidentale alimentait le moteur de l'Alliance verte, dont les animateurs pensaient être sur le perron du Palais du gouvernement. Le rassemblement de trois formations politiques, faisait plus sérieux. Dans la tête de Makri et ses camarades, cela suffirait à convaincre les Algériens d'un «surplus» de crédibilité à même de porter le discours islamiste à la majorité parlementaire. Cette stratégie a lamentablement échoué, puisque au jour J, les Algériens n'ont pas agi selon le schéma imaginé par les islamistes coalisés qui n'ont donc pas bénéficié d'un «effet alliance». Faut-il souligner que les partis qui ont joint leurs militants à ceux du MSP, sont tous deux issus de «coups d'Etat» organisés contre leur leader historique, Abdallah Djaballah. C'étaient des coquilles vides et l'association a plus freiné l'élan du MSP, qu'apporté de l'énergie à la mouvance islamiste. On aura découvert le poids politique de cette alliance qui est de l'ordre de 43 députés sur un ensemble de 462 sièges que compte l'APN. A quelques mois de la prochaine échéance, les islamistes ne bénéficient plus des mêmes «avantages». En Egypte, les Frères musulmans sont pourchassés. En Tunisie, le parti Enhadha fait profil bas et le pays passe pour être le premier pourvoyeur de combattants pour l'organisation terroriste Daesh. En Turquie, les dérives de l'islamiste en chef, Tayeb Erdogan, ne se comptent plus. Cette nouvelle donne internationale ne semble pas décourager les partis de la mouvance qui, en procédant à une «phagocytose» des petites formations par les grandes, tente cette fois encore de vendre aux Algériens, une image policée, démocratique et presque moderniste. Mais les contours idéologiques n'ont pas évolué d'un iota. Que ce soit le MSP de Makri ou El Adala de Djaballah, l'objectif reste le même: contrôler le pouvoir législatif ou, à défaut, empêcher des réformes modernistes d'aboutir.Même si le contexte semble moins encourageant, ils se présentent avec un nouvel habillage et commencent déjà à revendiquer un poids sur la scène nationale. Créeront-ils la surprise en redonnant du souffle à une idéologie en perte de vitesse dans les pays du «printemps arabe»? C'est certainement l'une des grandes inconnues du prochain scrutin.