Dans le même temps, les militants, déçus par le sommet arabe qui s'est contenté jeudi d'appeler régime et opposition au dialogue, ont appelé à des manifestations pour dénoncer l'inaction des pays de la région qu'ils accusent de les avoir «lâchés». Les Etats-Unis, dont la secrétaire d'Etat Hillary Clinton est arrivée à Ryad pour parler de la Syrie, ont estimé que l'armée n'avait rien fait pour se conformer au plan de sortie de crise de M. Annan prévoyant le retrait des chars des villes, la fourniture d'aide humanitaire et la libération des détenus. La répression et l'assaut des villes rebelles ne donnent en effet aucun signe de détente : M. Assad a en effet posé comme condition à la réussite du plan l'arrêt des violences commises, selon lui, par les «groupes terroristes». Au moins 15 obus se sont abattus sur plusieurs quartiers de Homs (centre), troisième ville de Syrie, où l'armée tente d'écraser les poches de résistance. Dans la province d'Idleb (nord-ouest), elle a procédé à des perquisitions et incendié quatre maisons près de la ville de Maaret al-Noomane, tandis que de violents combats ont éclaté entre armée et rebelles à Harasta et Erbine, près de Damas, et dans les provinces de Hama (centre) et Deir Ezzor (est), selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). La Ligue arabe passe à côté de son sujet Jeudi, Bachar Al Assad a souligné que son pays «n'épargnera aucun effort pour faire réussir» le plan Annan, mais a conditionné sa réussite par l'arrêt du soutien apporté, selon lui, aux «gangs terroristes» par des pays de la région, allusion au Qatar et à l'Arabie saoudite, accusés par Damas de financer et d'armer l'opposition. M. Assad doit appliquer le plan Annan «maintenant», a rétorqué hier le porte-parole de M. Annan, émissaire conjoint de l'ONU et de la Ligue arabe. «Nous attendons de lui que le plan soit exécuté immédiatement. A l'évidence, nous n'avons pas constaté de cessation des hostilités sur le terrain. C'est notre grande préoccupation», a-t-il dit, faisant valoir que les «violations» et les «tueries» devaient cesser «maintenant». A Washington, les responsables n'ont pas caché leurs doutes concernant les intentions du régime. «Nous n'avons encore absolument rien vu sur le terrain qui prouve que (la Syrie) a répondu aux appels demandant à ce que l'artillerie et les armes lourdes soient remisées dans les casernes et qu'un cessez-le-feu soit mis en place pour permettre à l'aide humanitaire d'être acheminée», a déclaré le département d'Etat. Mme Clinton devait évoquer à Ryad, avec le roi Abdallah, et son homologue saoudien, Saoud Al-Fayçal, les efforts internationaux «pour mettre fin au bain de sang en Syrie», selon le département d'Etat, avant de participer demain dimanche à Istanbul à la réunion des «Amis de la Syrie» pour «accroître la pression» sur le régime. L'Arabie saoudite et le Qatar, qui soutiennent l'armement de l'opposition — une question qui divise Arabes et communauté internationale — ont boudé le sommet de Baghdad en n'y envoyant que des responsables de second rang. Les dirigeants arabes ont évité d'appeler M. Assad au départ et d'apporter leur soutien à l'armement des rebelles, alors que la Ligue arabe avait élaboré un plan prévoyant le transfert des fonctions du chef de l'Etat à son vice-président. Les violences en Syrie ont fait plusieurs milliers de morts depuis le début de la contestation populaire le 15 mars 2011. Cette révolte s'est militarisée au fil des mois, ce qui fait craindre une aggravation de la guerre civile.