C'est sur une « nouba » allègre et enjouée qu'a débuté la 3e édition du festival international du malouf, vendredi soir au niveau de l'inébranlable théâtre de Constantine. Le public, venu nombreux, n'a pas manqué de répondre favorablement à l'invitation d'un festival, qui de par la qualité et le nombre d'artistes retenus pour s'y produire, promet une semaine inoubliable. Par ailleurs, et bien que l'événement ait soufflé cette fois-ci sa troisième bougie, l'édition en question est la première à être organisée à Constantine, après que les deux premières se sont déroulées à Skikda. La « première » soirée, fidèle au thème de cette édition dédiée aux voix féminines, sera confiée aux soins de la chanteuse constantinoise Soraya Sbiri, qui pour la circonstance, choisira de chanter sublimement Constantine. Elle accompagnera sa voix suave par les notes solennelles de son luth. S'en suivra alors le mot du commissaire du festival, Nadjib Zerouala, qui se félicitera que Constantine ait pu récupérer cet événement, promettant une semaine musicale de haute facture avec une place de choix pour la femme artiste. Dans le même sillage, on apprend que quatre walis ont effectué le déplacement pour assister à l'ouverture du festival, un détail dévoilé avec fierté par le chef de l'exécutif de Constantine. Ainsi donc, les walis de Setif, Mila, Oum El Bouaghi et Batna étaient présents à ce rendez-vous musical singulier. Nul besoin alors d'être devin, pour élucider « l'énigme » du retard d'une heure et demie infligé à un public, installé sur son siège depuis des heures. Bref, une fois consommée, l'allocution des officiels cédera de nouveau la place au spectacle musical. Une seconde partie assurée par l'orchestre régional de musique andalouse, style malouf, conduit par l'inimitable Samir Boukredera. Ce chef d'orchestre reconnu par ses pairs comme étant un des rares créateurs, offre à chacune de ses apparitions une nouba rafraîchie et originale. Il n'hésite pas à explorer de nouvelles variations, enrichissant le malouf et donc le patrimoine national musical, dont il est assurément le digne héritier. Passé ce moment exquis de « Wasslat », achevées par « Touchiat el kamal », c'est autour de la chanteuse libanaise, Ghada Shbeir, de faire connaître au public constantinois le style « mouachah » ou « poésie née en Andalousie », bien que les « mouachahat » proposées par la diva soient des compositions datant, pour la plupart, du XXe siècle, notamment des frères Rahbani, paroliers attitrés de la célébrissime Fairouz. L'entrée en matière de cette invitée singulière du festival se fera avec mouachahat « Ya Habibi koulou ma laba el hawa », suivie par « Ya tara baâd el biaâd », ainsi que de nombreuses mouachahat dont la dernière sera « Ya djaret el ouadi ». Bien que l'expérience fût nouvelle, le public constantinois a répondu favorablement, ce qui a impressionné la chanteuse libanaise, qui a qualifié l'auditoire de « public très savant et très intelligent », ajoutant : « J'ai senti qu'il y a encore un public qui écoute le moual et les improvisations, chose que je ne trouve pas au niveau de certains festivals dans lesquels je me produis. »